Depuis deux jours, la prise de conscience face à la menace du Covid 19 est devenue réalité dans les villes d’Abomey et de Bohicon. Les bureaux et banques font le service minimum. Les habitudes changent, l’heure est de plus en plus à la méfiance. Après l’indifférence, c’est la peur du mal qui s’installe.
Avec l’annonce du décès d’une personne dû au Covid-19 dans une clinique à Cotonou, la prise de conscience a rapidement gagné les rangs dans les villes de Bohicon et d’Abomey. Sans aucune pression, le port de masque est devenu systématique à travers ces villes. Il est désormais impossible de traverser Bohicon et Abomey sans rencontrer des gens avec le masque au visage ou les gants à la main. Mieux, aux entrées des établissements et autres bureaux sont posés les dispositifs de lavage des mains. Puis, il est fait obligation à tout usager ou visiteur de se soumettre à ce geste salvateur. Dans les lieux publics, c’est la méfiance totale. Les uns soupçonnent les autres d’être d’éventuels porteurs du virus de la mort.
A cet effet, depuis hier mercredi 8 avril, une note de service signée du préfet du département du Zou, Firmin Kouton, instruit les responsables des services déconcentrés de « prendre les dispositions nécessaires pour organiser le service minimum (…) en réduisant les effectifs dans les bureaux à un seul agent devant assurer le service (…)».La poste, la Sbee, la Soneb, les directions des services déconcentrés tournent au ralenti. Le service est effectivement au strict minimum. Les usagers aussi se font rares sauf devant les agences de banques où l’on retrouve encore de longues queues d’usagers qui s’impatientent en attendant d’être à l’intérieur pour faire leurs opérations.
Au Centre hospitalier départemental (Chd) de Goho, un nouveau dispositif est mis en place par les responsables pour davantage lutter contre la propagation de la pandémie sur les lieux. Les entrées sont désormais réglementées et les visites aux malades strictes. A cet effet, une banderole est disposée au portail de l’hôpital avertissant les usagers des nouvelles dispositions qui entrent dans le cadre de la lutte contre la propagation du virus.
Cependant, du côté du marché de Bohicon et celui de Houndjro d’Abomey, les habitudes semblent encore résistantes. L’animation des marchés n’est nullement affectée par la psychose liée au Covid-19. Les vendeuses et usagers se côtoient dans une promiscuité comme si de rien n’était. Les denrées ne sont pas autrement protégées. Quelques usagers, avec le cache-nez au visage, circulent au milieu de la foule pour faire des achats. C’est à croire qu’on feint d’ignorer le danger du Covid 19. Ici, la riposte contre le mal ne semble pas encore en marche, surtout concernant la mesure liée à la distanciation sociale. La décision de la fermeture des frontières par le gouvernement est une réalité. Les étrangers sont de moins en moins visibles dans les marchés de Bohicon et de Houndjro. Toutefois, des Nigériens et Nigérians détiennent toujours leurs commerces dans ces deux villes.
En tout, à ce jour, aucun cas de malade infecté au Covid 19 n’est officiellement déclaré dans le Zou même si les allers-retours incessants des ambulances font croire à certains que l’heure est bien grave.