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Dr Roch Christian Johnson sur l’importance du WASH : « C’est la stratégie la moins coûteuse contre la Covid-19 »

Publié le vendredi 10 avril 2020  |  Fraternité
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© aCotonou.com par DR
Dr Roch Christian Johnson,médecin, Maître de Conférences des Universités
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Médecin, Maître de Conférences des Universités, Dr Roch Christian Johnson insiste sur l’importance de l’Eau, Hygiène et Assainissement dans ce contexte d’épidémie à Coronavirus. L’enseignant Chercheur au Centre interfacultaire de formation et de recherche en environnement pour le développement durable (Cifred) fait aussi des propositions pour la saison des pluies qui démarre avec son lot de risques.

Dr Roch Christian Johnson, entre autres mesures pour faire face au Coronavirus, il est souvent évoqué le Wash. Pourquoi l’eau, l’hygiène et l’assainissement sont-ils si importants ?
Nous sommes en période d’épidémie et parmi les mesures qui sont préconisées, nous avons le Wash (Water, Sanitation and Hygiene). L’eau, l’hygiène et l’assainissement, ce n’est pas une stratégie récente. Déjà dans les années 1870, John Snow, fondateur de l’épidémiologie moderne a déjà mis en exergue l’eau, l’hygiène et l’assainissement dans la première épidémie qu’il a investigué à Londres. L’importance des microorganismes dans la transmission des maladies infectieuses a été déjà mise en exergue par Louis Pasteur. Les mesures d’hygiène publique qui s’ensuivirent ont révolutionné la santé. On peut se demander pourquoi faut-il en parler maintenant. Simplement parce qu’on a l’impression que nous avons oublié que l’eau, l’hygiène et l’assainissement sont des fondations de la santé. Tout se passe comme si la découverte des antibiotiques nous a fait oublier ces gestes essentiels. Voilà que la crise de l’épidémie à virus Ebola, puis maintenant la Covid nous replonge dans ces stratégies importantes que sont l’Eau, l’Hygiène et l’Assainissement. Cette stratégie simple, prouvée dans le temps, doit être déployée, promue et vulgarisée pour prévenir toutes ces maladies. Pas seulement cette épidémie, mais également beaucoup de maladies infectieuses comme le choléra et les maladies du péril fécal. Nous sommes au cœur d’une stratégie très simple, peu coûteuse mais extrêmement utile dans la prévention de plusieurs épidémies en l’occurrence la Covid-19.

La psychose de la Covid-19 aidant, on remarque au sein de la population de nouvelles habitudes : le lavage des mains, le port de bavette, etc. Quelle est votre appréciation de ces nouveaux réflexes ?
Ce sont des pratiques salutaires. Toutes les études ont montré que le lavage des mains à l’eau et au savon est une stratégie très efficace de prévention des maladies transmissibles et à potentiel épidémique. C’est fort heureux que le ministère de la santé essaie de promouvoir tout ce qui est dispositif de lavage des mains à l’eau et au savon, dans les lieux publics et dans les ménages. Ce qui suppose la disponibilité de l’eau et du savon, mais également le lavage des mains à travers des techniques éprouvées. Ça aussi s’apprend. Toutes ces stratégies que déploie le ministère de la santé doivent être relayées et vulgarisées. Mais également, dans le cadre spécifique de cette épidémie, nous devons respecter les mesures de distanciation sociale, les règles liées au port de masque, éviter de serrer les mains, éviter les accolades etc. Parce que le virus est prioritairement diffusé par les microgouttelettes que nous émettons lorsque nous respirons et éternuons. Ces barrières nous permettent de limiter la transmission. Ce sont des stratégies les moins coûteuses que nous avons aujourd’hui pour lutter contre cette pandémie.

Comment gérez les eaux usées issues du lavage des mains ?
Les eaux usées issues du lavage des mains doivent suivre les procédures normales. Ça dépend du système en vigueur au niveau de chaque unité. Si par exemple, nous avons des lieux qui sont équipés de dispositifs de traitement des eaux, comme les fosses septiques, on doit les utiliser. Si ce n’est pas le cas, ces eaux doivent être décontaminées avec du chlore ou l’eau de javel. Le ministère de la santé recommande un dosage de 0.5% de solution chlorée pour désinfecter les surfaces. Avant de verser dans la nature, il faut décontaminer au chlore les eaux utilisées. Les poignées de portes, et autres surfaces doivent être aussi être nettoyées avec une solution chlorée aux doses recommandées de façon conséquente. Nous invitons toutes les structures sanitaires à respecter de façon scrupuleuse ces directives.

Nous sommes en début de saison pluvieuse avec le risque d’émergence d’autres pathologies comme le choléra. Ne faut-il pas une attention particulière dans les quartiers périphériques de Cotonou où la précarité et l’insalubrité sont ambiantes ?
Cela est réel. Etant donné que Cotonou est situé en dessous du niveau de la mer, nous sommes confrontés à beaucoup d’inondations. Qui dit inondation, dit maladies du péril fécal, pullulation de moustiques. Les mesures que nous préconisons pour la population, c’est d’abord de dormir sous moustiquaires pour prévenir le paludisme. Mais aussi de respecter tout ce qui est hygiène alimentaire, l’hygiène de l’eau, et le lavage des mains. Ce qui veut dire qu’il faut boire l’eau potable, celle de la Soneb. On ne court aucun risque de contracter des maladies du péril fécal en buvant l’eau de la Soneb. Il faudra vulgariser le lavage systématique des mains, que ce soit avant de manger, ou après les toilettes. Il faut informer largement les enfants pour que cette pratique devienne quotidienne. Dormir sous moustiquaires, respecter les règles d’hygiène, boire de l’eau potable, ce sont les règles simples que nous devons utiliser.
En plus de cela, nous devons éviter tout ce qui est défécation à l’air libre. Dans les quartiers périphériques, nous savons que l’assainissement constitue un problème. C’est pour cela que nous devons éviter à tout prix la défécation à l’air libre. Parce qu’en période de pluie, l’eau draine les germes qui sont contenus dans les fèces. Par ce que nous appelons le diagramme F, on se contamine. Il faut briser les chaînes liées au péril fécal. C’est extrêmement important.

Comment rendre durable le Wash au Bénin quand on sait que après les épidémies, les mauvaises habitudes seront à nouveau de retour ?
Le Wash, c’est une stratégie de longue haleine. Il y a la composante : Eau, Hygiène, Assainissement. Pour la composante Eau, c’est simplement l’accessibilité à l’eau potable. Cette accessibilité se décline de différentes manières selon que le milieu urbain rural. En milieu urbain, c’est le taux de desserte avec l’eau de la Soneb. On encourage vivement les familles à utiliser l’eau de boisson. Pour ce qui concerne les milieux ruraux, il faut utiliser l’eau des forages et des systèmes d’approvisionnement en eau potable. Ce que nous appelons les sources d’eau améliorées. Il faut éviter de boire les eaux de surface et de puits ou des impluviums.
Mais l’accessibilité à l’eau seule ne suffit pas. La contamination n’est pas seulement à la source. C’est aussi au niveau du transport et du stockage. C’est pour cela qu’il faut éduquer les populations pour que le transport de l’eau se fasse de façon saine dans des récipients propres. Il ne faut pas que les mains soient en contact avec l’eau sinon, on a ce qu’on appelle la contamination fécale. Au niveau du stockage, il faut aussi veiller à avoir des dispositifs de stockage propres avec des gobelets qui sont utilisés de façon saine pour éviter des contaminations de cette eau.
Pour ce qui concerne l’hygiène, nous devons promouvoir l’hygiène des mains à travers le lavage systématique des mains. Nous devons travailler au niveau des écoles, des communautés et des ménages pour que cette pratique devienne quotidienne et prévoir les dispositifs de lavage des mains. Ça peut être de dispositifs simples comme ce qu’on appelle TYPPI TAP construit avec des matériels locaux. Il suffit d’avoir de l’eau et du savon. L’hygiène corporelle doit être aussi vulgarisée.
Par rapport à l’assainissement, dans les communautés urbaines, nous devons veiller à utiliser les toilettes et éviter la défécation à l’air libre. Dans les communautés rurales, nous devons utiliser les latrines à bon escient. Lorsque ces latrines ne sont pas disponibles, il y a ce qu’on appelle l’assainissement total piloté par les communautés où les communautés elles-mêmes essayent de construire leurs propres latrines. Ainsi nous aurons une gestion saine des fèces et éviter la contamination de l’environnement qui génère beaucoup de maladies.
Propos recueillis par Fulbert ADJIMEHOSSOU
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