Le 2 janvier 2014, cela fera 18 mois que les 18è championnats d’Afrique d’athlétisme organisés par le Bénin se conjuguent au passé. Mais au même moment, les prestataires de services, qui se sont pliés en quatre pour faire de cet événement un succès, continuent de broyer le noir. Ils ne sont pas payés. Et ils ne savent pas quand est-ce qu’ils le seront, malheureusement.
A 30 jours des 18 mois du souvenir douloureux des 18è championnats d’Afrique d’Athlétisme que le Bénin a organisés, des informations fusent de partout et l’on se demande si un jour les prestataires de services ayant aidé l’Etat à réussir cet événement seront payés. Le jeu de ping-pong qui se joue aujourd’hui entre les acteurs clés, notamment ceux qui sont chargés de l’exécution financière de l’événement, suscite des interrogations. Aujourd’hui, le volet financier de cet événement est devenu un enfant dont personne ne veut s’occuper. Chacun rejette le tort sur l’autre. Le subterfuge est agité au point où l’on ne sait plus qui est responsable de quoi. Et pourtant. En dehors des prestataires de services, aujourd’hui laissés pour compte, les 18è championnats d’Afrique d’Athlétisme ont été gérés par le ministère des sports à travers sa Direction des sports d’Elite et sa Direction des ressources financières. De l’autre côté aussi, il y avait la Fédération béninoise d’athlétisme. A ces deux structures s’ajoutent un comité local d’organisation et enfin un comité d’exécution des dépenses. La constance est qu’il y a curieusement dans ces différents comités un cadre incontournable du ministère des sports. L’argument qui est évoqué aujourd’hui par ce cadre pour ne pas payer les prestataires et justifier l’incapacité à régulariser de simples situations courantes de l’administration publique est lié à la non délivrance préalable de bons de commande et l’avis défavorable de la Direction nationale de contrôle des marchés publics. Pour les prestataires de services dont les factures sont aujourd’hui impayées pour ces motifs, il y a mauvaise foi manifeste. Et c’est, selon eux, malhonnête et à la limite criminel, ce qui se passe au ministère des sports dirigé aujourd’hui par un financier qualifié. Dans son ancienne fonction de Directeur général du matériel et de la logistique du ministère des finances d’où il est venu, combien de véhicules ont été loués par sa Direction sans bon de commande ? Combien de factures de location ou de travaux a-t-il laissées impayées pour défaut de bon de commande ? Comment comprend-il le gros volume de dettes dont il a hérité de ses prédécesseurs au ministère des sports et qui est lié aux 18è championnats d’Afrique d’Athlétisme ? Ce n’est certainement pas le moment de rappeler que le ministre Didier Aplogan a, jusqu’à la veille et au cours de ces championnats, supplier des prestataires de services de comprendre la situation et à aider le gouvernement à ne pas «manger la honte». A sa suite, un autre cadre du ministère des sports ne manquait pas aussi de mots pour supplier les prestataires de services à aider le gouvernement, quitte à voir plus tard les questions liées à la régularisation et au paiement des factures. Face à la situation qui se présente aujourd’hui, on est bien en droit de se poser des questions. Pourquoi avoir accepté que plusieurs prestataires travaillent alors qu’on sait pertinemment qu’ils n’ont pas de bon de commande ? Pourquoi avoir utilisé les services des prestataires quand on sait qu’on ne leur avait rien commandé ? Pourquoi le ministère a-t-il gardé par devers lui des biens meubles, des équipements que l’on dit n’avoir pas commandés ? Pourquoi continue-t-on d’utiliser les mêmes biens dont l’on refuse de payer le prix ? Comment expliquer le refus de payer des hôtels dans lesquels ont été hébergés les hôtes de la compétition, sous prétexte d’un défaut de bon de commande ? Le ministre Didier Aplogan ne savait-il pas que l’hébergement des hôtes n’était pas commandé quand il passait lui-même dans certains hôtels pour visiter ses hôtes et donner des consignes pour qu’ils soient bien traités ? Comment peut-on refuser de payer des véhicules loués et utilisés sous escorte policière, avec un subterfuge de bon de commande non délivré ? Quelles règles de l’administration et/ou des finances publiques autorisent l’utilisation de services sans bon de commande et le refus de payer des services consommés ? Ce qui se passe ressemble bien à un abus de confiance. Osons le dire, le gouvernement, à travers le ministère des sports et celui des finances, veut abuser de la confiance de ceux qui ont accepté l’accompagner pour le succès des 18è championnats d’Afrique d’athlétisme. Que Boni le sache ! Des factures de la cérémonie d’ouverture des 18è championnats d’Afrique d’athlétisme à laquelle il a assisté avec son homologue Obiang Nguéma n’ont pas été soldées parce que ses cadres lui ont fait utiliser des services qu’ils prétendent aujourd’hui qu’ils n’ont pas commandés. Où sont alors passés les milliards de Obiang Nguéma, le milliard de Buteflika, le demi milliard des opérateurs portuaires et des sponsors, l’argent mis à la disposition de ces jeux par le budget national ? En tout cas, le ministre Affo qui a hérité de ce dossier gagnerait à écouter la version de ses collègues du ministère des finances impliqués dans l’exécution des dépenses liées à ces 18è championnats puisque c’est sur leur tête que l’on semble poser toutes les charges en évoquant le caractère irrégulier des commandes, donc des services exécutés.