Le Colonel Patrice Hounsou-Guèdè au sujet des 4 ans de la Rupture : "Lorsque nous élisons un président de la République, nous devons patienter et lui faire confiance"
Les 4 ans de gestion du pouvoir d’Etat par le Président Patrice Talon sont fortement appréciés dans l’opinion nationale. Patrice Hounsou-Guèdè, ancien maire de la commune d’Abomey-Calavi note une rupture avec les mauvaises habitudes et salue les prouesses faites. Il parle aussi de la gestion de la Covid-19, du dossier Résidences Les Filaos et de ses ambitions pour la cité dortoir.
Aviez-vous la conviction en ce temps-là qu’il réussirait la mission ?
De mon point de vue, il ne fallait pas douter des capacités managériales du président Patrice Talon qui est un modèle de réussite dans les affaires privées depuis plusieurs décennies. Mieux, il a une expérience politique redoutable qu’il s’est forgée dans l’arrière-cour de tous les présidents qui se sont succédé à la tête du Bénin depuis un moment. Cela s’est d’ailleurs traduit par son élection en 2016 sans coup férir. C’est vous dire que comme tous les chefs d’Etat, il a les moyens de jouer sa partition pour graver son nom dans les annales de l’histoire de notre cher pays.
4 ans après, quelle mention donnez-vous à la Rupture ?
Je note, comme beaucoup de Béninois, que notre pays avance au plan des réformes de bonne gouvernance. Je note que progressivement nous faisons la rupture avec les mauvaises habitudes. Je note qu’au plan des infrastructures notamment routières, des défis sont relevés.
J’ai l’habitude de dire en ce qui me concerne, que la démocratie à elle seule ne suffit pas pour assurer le développement d’une nation. Il faut en effet y ajouter la discipline et le patriotisme. Et ça, la Chine l’a démontré aux autres puissances mondiales. Cette discipline est alors imprimée depuis 2016.
Pour mémoire, je vous rappelle, en 1978, notre pays avait des excédents budgétaires pendant la période révolutionnaire sans aucune aide extérieure. Ce qui du reste est rare en Afrique en cette période. Ces excédents avaient servi à mettre en place des sociétés d’Etat pour renforcer l’économie et assurer le recrutement des cadres. Mais à cause de l’indiscipline des cadres et de la mauvaise gouvernance, ces sociétés créées ont connu leur descente aux enfers avec pour corollaires la crise sociale et l’instabilité politique, qui ont poussé inexorablement le gouvernement du président Kérékou à la conférence nationale. Si ce n’était pas le cas, notre pays même pendant la période révolutionnaire aurait pu connaître des avancées notables. Tout est possible alors pour aller vers le développement. Le tout dépend du leadership à la tête de l’Etat. Je peux donner au gouvernement de Patrice Talon, la mention Bien.
Colonel à la retraite, comment appréciez-vous la fusion de la Gendarmerie et de la Police en Police Républicaine ?
Au départ, personnellement, je n’y croyais pas tenant compte des réalités de chaque corps et des préalables qui ont gouverné leur genèse. Mais à l’arrivée, j’ai compris que le président Talon a vu juste au regard des résultats. En effet, avec le commandement unique c’est-à-dire le ministère de l’intérieur pour la police et la gendarmerie fusionnées, les fruits tiennent la promesse des fleurs en matière de lutte contre l’insécurité, de maintien d’ordre et de tranquillité. Il peut avoir de petites frustrations qui se dissiperont avec le temps.
La réforme du système partisan traitée de majeure, a-t-elle réussi à votre sens ? N’est-elle pas un château de cartes qui s’écroulera après Patrice Talon ?
Il n’y a pas du jour au lendemain, une réforme qui produise automatiquement les résultats attendus. Je dirai par ailleurs que, l’essence de la démocratie, c’est la compétition électorale. En l’espèce cette compétition est garantie d’autant que plusieurs partis se discutent l’électorat. Ce n’est pas la lune de miel entre les deux partis dont on dit être du chef de l’Etat, entre lesquels la lutte est plus rude qu’avec les autres. Cela dit, il est évident que nous souhaitions, que les autres partis de l’opposition participent aux compétions électorales. Mais lorsque l’on tient compte des prochaines élections communales, certains d’entre eux (partis de l’opposition) se sont délibérément désistés pour diverses raisons. En tout état de cause, j’ai espoir que progressivement la réforme du système partisan connaîtra ses lettres de noblesse. Le président Talon a le mérite d’enclencher cette réforme.
La constitution béninoise a été révisée la nuit du 1er novembre 2019. En félicitez-vous les acteurs ou vous déplorez le fait ?
Les points objets de cette réforme constitutionnelle étaient préoccupants pour tous les acteurs. Je citerai entre autres : la question du financement des partis politiques, le règlement de la question du délai entre les deux tours, la mise en place du conseil national de défense et de sécurité et le conseil national de renseignement, la cour des comptes et j’en passe. Si les résultats obtenus à l’issue de cette révision sont satisfaisants, je ne vois pas pourquoi s’attarder sur d’autres détails. Encore une fois, s’il y a des imperfections, chemin faisant elles seront corrigées. La République n’est pas statique. C’est une dynamique qui évolue avec le temps et les générations.
Au Bénin c’est certainement cette gouvernance qui a popularisé « les emprunts obligataires ». La rupture y a abondamment fait recours. Est-ce vraiment nécessaire ? Certains crient à un endettement colossal qui va ruiner les prochaines générations ?
Rires. Donnez-moi un seul exemple de pays au monde qui se soit développé sans faire recours à l’endettement. Mieux, on ne prête qu’à ceux qui ont une capacité de solvabilité. Si notre pays réussit à avoir des emprunts obligataires, c’est alors qu’il reste crédible aux yeux des partenaires qui lui font confiance à cause des garanties de gouvernance qu’il offre. Les emprunts sont des mécanismes transitoires qui permettent de faire face aux investissements et qui pourraient être réduits en fonction des efforts de rendement que le peuple fera au travail.
L’opération de libération des espaces publics fait partie aussi des actions sans doute inoubliables pour de nombreux citoyens.
Je vous avoue que j’avais trouvé comme beaucoup d’autres cette mesure anti sociale. Je le confesse. Mais quand je sors et je vois les infrastructures d’assainissement à la haie vive, à la berge lagunaire, le bitumage des voies tous azimuts, je me dis que lorsque nous élisons un président de la République, nous devons patienter et lui faire confiance. Il ne peut avoir pour nous que des projets de bonheur, jamais des projets de malheur.
Sur le plan des infrastructures, trouvez-vous que le Bénin rayonne mieux qu’auparavant ?
C’est un secret de polichinelle. La meilleure preuve est celle que tout le monde voit. Lorsque les faits parlent, point n’est besoin de bavarder. Dans la continuité, comme les gouvernements passés, beaucoup de choses se font à l’actif du président Patrice Talon avec sa touche personnelle du beau et du bon.
Au nom des infrastructures modernes, la démolition de la résidence « les filaos » de Mathieu Kérékou a été opérée malgré la contestation. On a guetté à propos votre opinion, en vain…
Le Président Mathieu Kérékou, paix à son âme, est tout un symbole qui incarne l’unité nationale, la paix et la démocratie. Nul doute que j’ai été en toute modestie, l’un de ses plus proches collaborateurs. C’est aussi vrai, que beaucoup comme moi, passionnés, auraient souhaité le voir immortalisé en ces lieux d’une manière ou d’une autre.
Mais en définitive, personne ne se pose la question de savoir, pourquoi, très détaché du matériel, le Président Mathieu Kérékou, qui en avait les moyens, n’a pas cru devoir de son vivant faire les formalités permettant de mettre ce domaine dans son patrimoine ?
Nous devons faire confiance au gouvernement du Président Patrice Talon, qui nous a toujours surpris agréablement. Il trouvera, la manière d’immortaliser ce grand homme à notre satisfaction.
En termes de dialogue social et politique, le gouvernement Talon a-t-il été souvent ouvert ou sourd avec les acteurs majeurs ?
Je crois que le Président Patrice Talon a toujours annoncé au peuple ses actions. C’est plutôt nous qui ne savons pas décrypter ses messages pourtant toujours clairs. Je crois qu’il est de la trempe du Président Emile Derlin Zinsou qui tient toujours un discours de vérité, quoi que cela coûte. Il n’a jamais caché ses intentions dans sa gouvernance.
Au surplus, je vous dirais, qu’en matière de dialogue social, il est mis en place depuis son arrivée un creuset qui réunit tous les acteurs où se discutent les questions sous l’égide du ministre d’Etat chargé du plan. L’efficacité de cet organe est prouvée par la cessation de diverses manifestations. L’essentiel c’est de trouver les moyens pacifiques pour apporter les solutions qu’il faut aux problèmes sociaux. Le dialogue politique est aussi en marche au lendemain des élections législatives passées. Le président Patrice Talon en a fait l’annonce le 20 mai 2019 et l’a traduit dans les faits par la tenue des assises. Aujourd’hui beaucoup de partis ont eu leur récépissé dont certains participent au processus électoral en cours. Progressivement nous nous donnerons la main pour construire notre pays. Les hommes passent, mais notre pays restera.
Vous êtes candidat pour les communales et municipales à Abomey-Calavi. Qu’est-ce qui vous motive à chercher à revenir à l’hôtel de ville ?
Ma candidature n’est pas venue ex nihilo. Qu’il vous souvienne que j’ai eu l’honneur de bénéficier de la confiance de la population et de celle des membres du conseil communal du mandat 2008-2015, en vue de diriger la commune d’Abomey-Calavi. J’ai été candidat à ma propre succession sans succès, parce que 05 conseillers élus sur la liste que j’ai conduite ont fait défection pour rejoindre le camp d’en face après leur élection alors que rien ne le présageait. Ce fut à la limite un coup d’échec porté à ma coalition. Point n’est besoin de remuer le couteau dans la plaie. Autrement dit, je peux avouer que la population de Calavi m’avait renouvelé sa confiance.
Ma candidature aujourd’hui est en effet, le fruit de plusieurs sollicitations de part et d’autre venant de ceux qui croient en ma modeste personne, au regard peut être du bilan du mandat que j’ai fait ou d’autres considérations liées à ma personne à leurs dires. En tout état de cause, qui suis-je pour résister à de telles sollicitations ? C’est pourquoi, bénéficiant de la confiance des leaders du Bloc Républicain et surtout de celle du Président de la République Patrice Talon, que je salue au passage avec déférence, j’ai accepté de faire cette expérience électorale.
Au moment où j’ai eu le privilège de diriger la ville d’Abomey-Calavi, j’ai ouvert avec mon équipe d’alors certains chantiers qui peuvent être poursuivis notamment dans les domaines de la gestion foncière, de la lutte contre l’insécurité, de la mobilité urbaine et de la bonne gouvernance.
Nous avions mis en place des dispositifs pour lutter contre l’insécurité et la gestion foncière. Vous devriez vous souvenir du dossier de 39 hectares de dédommagement foncier monté de toute pièce, qui était la véritable raison de mon éviction, étant entendu que j’empêchais le dédommagement. Ce qui fut fait après mon départ de la commune suite au retrait de la plainte que j’avais faite au tribunal contre mon successeur. Vous savez aussi, les efforts que nous avions faits pour juguler la crise contre l’insécurité dans la commune d’Abomey Calavi, par la mise en place des brigades dans certains arrondissements et d’autres dispositions. Vous n’avez pas oublié sans doute qu’avec nos partenaires italiens, nous avions commencé un projet de transport en commun avec environ une trentaine de bus à des prix réduits parce que subventionnés. La sollicitation de ces bus par nos populations nous a rassurés que le besoin était criant et que nous ne nous étions pas trompés. Vous vous souvenez aussi, qu’en matière de lutte pour la bonne gouvernance, nous étions la première commune à inspirer et à mettre en œuvre le guichet unique à la mairie. Cette expérience a été d’ailleurs la source d’inspiration de la mairie de Bohicon qui a dépêché ses cadres à la mairie d’Abomey Calavi pour en avoir les données. D’autres communes l’ont suivie après.
Bref, la liste est longue et nous n’avons aucune raison de nous arrêter en si bon chemin. Voilà où se trouve ma motivation. Servir, encore servir, toujours servir la communauté avec zèle et loyauté.
Un mot sur la gestion du COVID-19 !
C’est un drame. Je ne suis pas surpris de la spontanéité et de la détermination farouche avec lesquelles le gouvernement du président Patrice Talon gère cette crise sanitaire par : l’édiction rapide des gestes barrières assortis de sensibilisation et de communication, la définition d’un cordon sanitaire pour éviter la propagation, la mise en quarantaine systématique des personnes venant de l’extérieur, les mesures de confinement, l’acquisition rapide de matériels notamment les masques à des prix subventionnés à la population, la fermeture des écoles, lieux de culte ou de rassemblement…
Ces différentes mesures d’urgence qui entrent en droite ligne avec le pilier N°3 en l’occurrence le volet social du programme d’actions du gouvernement du président Patrice Talon, dont le volet Arch est déjà en cours de mise en œuvre nous rassurent que notre pays ne connaîtra pas le pire. En ce qui me concerne, avec l’équipe du Bloc républicain à Abomey Calavi, nous essayons à chacune de nos rencontres, de sensibiliser la population sur les consignes du gouvernement qui sauvent. Plaise au Ciel que cette pandémie s’éloigne le plus rapidement de notre pays. Je saisis l’occasion pour présenter mes condoléances à la famille de la victime décédée et ma compassion à tous ceux qui sont dans les hôpitaux et leur souhaiter prompt rétablissement. Que Dieu Bénisse notre cher et beau pays le Bénin.