Pour circonscrire la transmissibilité du coronavirus, le gouvernement béninois a décidé de l’établissement d’un cordon sanitaire regroupant 12 communes dont Cotonou et Abomey-Calavi. Prescription est faite par la suite aux usagers des espaces marchands (boutiques, magasins, supermarchés, marchés ordinaires et autres) pour compter du mercredi 8 avril 2020 à 00h, du port du masque de protection en tous lieux dans l’administration publique comme privée, dans les réunions, les rencontres dans les marchés, les magasins, les boutiques, etc quel que soit le nombre de personnes présentes. Qu’ils soient à pied, à moto ou en voiture. Mais bien avant, ils sont tenus d’observer la distance d’au moins un (1) mètre entre personnes. Des réformes que la plupart de la population a épousées. Seulement dans les marchés, ce qui se fait est bien contrastant. La mayonnaise peine à prendre.
Nous sommes dimanche 12 Avril 2020. Marché Calavi Tokpota. A l’embarcadère, 16h était passée. Pourtant, ça grouillait du monde. Les vendeuses de poissons recevaient encore des visiteurs à cette heure-là. Ça discutait, souriait, allait et venait dans tous les sens. Les attroupements étaient perceptibles sous de divers parasols de femmes. Sur ce rectangle étroit, les individus pour la plupart serrés essayaient de se frayer un chemin. A part quelques acheteurs venus se ravitailler et dont le faciès était en partie tenu par un masque, à ce lieu, le spectre du coronavirus a disparu. Tout se faisait comme dans le meilleur des mondes. Pourtant, le monde entier est en pleine crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19.
Et d’un marché à un autre, la remarque restera la même. Au marché d’Akassato toujours dans la commune d’Abomey-Calavi, le port du masque était tout comme au marché Vêdoko à Cotonou ce lundi 13 Avril 2020, visiblement facultatif. Déjà, à l’entrée du marché, au bord donc de la voie, en plein air au vu et au su de tous, tout se faisait sans crainte de représailles. On pouvait compter du doigt dans ce milieu ambiant les porteurs du masque.
Ici par contre, au marché Gbodjo, l’heure est au refus systématique de l’imposition du port du masque. Dans ce petit marché bien fréquenté, pas d’ombre de masque sur les visages que dissimulait le noir de la nuit de ce dimanche, soit 4 jours donc après l’effectivité de la mesure. Un noir que pouvaient trahir de petites lumières provenant des lumignons. Il sonnait environ 20h.
Et pourtant…
Les marchés, connus pour leur fréquentation par la grande masse peuvent aggraver la chaîne de transmission et de propagation de la Covid-19. Ils constituent une source de dissémination dangereuse à suivre de très près. Alors même que la distanciation d’un mètre à respecter entre vendeurs et vendeurs, entre vendeurs et acheteurs reste un artifice compte tenu de l’étroitesse qui caractérise ses lieux, tout au moins, ne faudrait-il pas insister sur le port systématique de masque par les bonnes dames et le lavage régulier des mains ? Ceci appelle sans doute à des séances de sensibilisation pour limiter les dégâts. Le pire peut provenir de n’importe où. En voilà donc de la matière pour la Société de gestion des marchés autonomes (Sogema), les Organisations non gouvernementales (Ong) spécialisées en santé et nutrition, les élus locaux. Bref, les responsables à divers niveaux. Aussi, au lieu de confiner les forces de l’ordre aux abords des voies, ne seraient-ils pas intelligent qu’ils soient enfin déployés aussi dans les marchés ? Ça y va de notre survie.