L’alerte provient des services consulaires français. En prévision au dénouement dans l’affaire Talon attendu le 4 décembre prochain à la Cour d’Appel de Paris, la France a prévenu ses ressortissants au Bénin et surtout ceux qui y ont des affaires au soleil qu’une réaction épidermique du président Yayi Boni pourrait survenir en cas du rejet de la demande d’extradition de Patrice Talon et d’Olivier Bocco. Ce message adressé aux Français, annonce aux yeux de nombreux observateurs qui suivent ce dossier, un mauvais présage pour Yayi Boni et sa clique.
Alors que la décision de la Cour d’Appel de Paris à propos de l’affaire Talon interviendra dans quelques heures, la France par le biais de ses services consulaires a averti ses ressortissants au Bénin de se tenir prêts à tout moment. Il s’agit d’un état d’alerte que les Français doivent prendre au sérieux. Depuis que le dossier Talon bat son plein, c’est pour la première fois que les autorités françaises envoient un tel signal. Non seulement que cette attitude annonce que le dossier connaîtra effectivement son épilogue demain, mais aussi, elle renseigne sur la position de la justice française. C’est que Yayi Boni risque de perdre ce bras de fer au profit de Patrice Talon. Si les Français ont été avertis sur d’éventuelles conséquences que cette décision défavorable au locataire de la Marina pourrait avoir sur leur présence sur le territoire béninois, c’est en connaissance de cause. Ils savent que Yayi Boni est un président émotif qui a une réputation légendaire en matière de réactions épidermiques. La France connait donc l’homme à qui elle a affaire. C’est pour permettre à ses ressortissants au Bénin de prendre leurs dispositions qu’elle a lancé l’état d’alerte. En tout cas, le message est suffisamment évocateur d’un énième revers que le Chef de l’Etat béninois s’apprête à subir dans ce feuilleton.
Peur sur Yayi Boni
A la veille d’une importante décision de justice, le président béninois ne sait plus où mettre la tête. C’est le cauchemar avant le Jj. Le 4 décembre, c’est déjà demain et cette date risque d’être le plus mauvais souvenir dans la vie du président béninois. Cette date de l’année 1958 rappelle le jour de la proclamation de la République du Dahomey. Elle a été choisie à dessein par la justice française pour vider une fois pour toute, le dossier relatif à la demande d’extradition de Patrice Talon et d’Olivier Bocco. Un dossier avec en toile de fond, les affaires dites tentative d’empoisonnement et préparation de coup d’Etat dans lesquelles les autorités béninoises désignent ces deux citoyens comme des commanditaires. Des accusations qu’ils récusent sur toute la ligne. La justice béninoise ne leur reproche d’ailleurs rien. Après l’ordonnance de non-lieu général prononcé par le juge béninois Angelo Houssou et confirmée par la Cour d’Appel, il revient désormais à la justice française de rendre sa décision en toute impartialité et en toute souveraineté. Jusque-là les autorités béninoises peinent à convaincre la Cour d’Appel de Paris du bien fondé de leur demande. Les renvois successifs auxquels on a assisté prouvent que la justice française n’a pas d’éléments convaincants à sa disposition pour extrader les mis en cause. Ce qui fait dire à l’opinion publique que le taureau de Tchaourou risque de subir encore quelques avanies à propos des affaires dites tentative d’empoisonnement et préparation de coup d’Etat. Le président béninois plaignant devant les tribunaux contre Patrice Talon et Olivier Bocco déjà ébranlé par l’ordonnance de non-lieu rendu par le juge d’instruction et la confirmation de la Cour d’Appel de Cotonou piquera une crise quand il sera mis au courant de la décision. En attendant, la seule question qui trotte les esprits est la suivante : Patrice Talon et Olivier Boco seront-ils livrés à la dictacture béninoise par la France, berceau des droits de l’Homme ? On en saura un peu plus ce 4 décembre 2013. Les intéressés font l’objet d’un mandat d’arrêt international délivré à leur encontre par la justice de leur pays. Les autorités béninoises qui ont juré leur faire la peau ont dans cet élan adressé une requête d’extradition à la France, leur terre d’accueil après avoir échappé à une arrestation arbitraire au Bénin. Le president Yayi Boni accuse Patrice Talon et Olivier Bocco d’être les instigateurs de la tentative d’empoisonnement et de coup d’Etat qui visaient sa personne.