Le dossier présumé de tentatives d'empoisonnement et de coup d'Etat connait un nouveau rebondissement avec le départ du juge Angelo Houssou du Bénin pour les Etats Unis.
A Cotonou, les réactions se multiplient pendant les couloirs de la présidence sont pris par une anxiété. A New York, tous les regards sont tournés vers les autorités américaines qui devront statuer sur la demande d'exil politique formulée par le juge béninois.
Les affaires dites de tentatives d'empoisonnement et d'atteinte à la sûreté de l'Etat ne cessent de nourrir des ramifications. Après l'assignation du juge en charge du dossier, Angelo Houssou, par le chef de l'Etat il y a quelques jours, l'homme en toge qui vient de rejoindre les Etats Unis sollicite un exil politique.
Après plusieurs mois de misère, en effet, le juge Angelo Houssou a réussi à quitter le Bénin et envisage de s'installer aux Etats-Unis. A New York, le juge a, dans un premier temps, été interpellé à l'aéroport John Fitzgerald Kennedy, par des agents des services de l'immigration, qui lui ont signifié que son visa d'entrée aux Etats-Unis n'était pas valide.
Le magistrat avait " un problème " avec son visa, en référence à son annulation par l'ambassade américaine à Cotonou. Le juge décline alors son identité, expliquant le contexte dans lequel il s'est retrouvé aux Etats-Unis, en référence aux affaires de tentative d'empoisonnement et de coup d'état visant le président Boni Yayi, dans lesquelles il avait eu à se prononcer. Réalisant qu'ils ont affaire à une personnalité de premier plan, les officiers des services d'immigration invitent alors prestement le magistrat béninois à déposer une demande d'asile, qui devrait être examinée dans les prochaines heures par les autorités américaines.
Les réactions se multiplient…
Au premier plan, c'est le ministre de la justice, garde des Sceaux, Valentin Djènontin qui s'est exprimé.
Le juge Angelo Houssou selon le ministre, est passé par Accra pour se rendre aux Etats-Unis ; mais arrivé surplace, compte tenu du fait qu'il est interdit de séjour, il est gardé dans les aires de l'aéroport de New-York où les autorités américaines sont en train de faire les formalités administratives pour savoir ce qui se passe exactement.
Les autorités étaient même prêtes à le réembarquer sur Cotonou quand il a dit qu'il est un exilé politique.
Selon le garde des Sceaux, il a juste dit cela pour faire un effet d'éclat afin d'influencer le cours des choses encore à Paris. C'est lui-même qui a fui de son domicile. Et depuis un mois et demi pratiquement déjà, il n'avait plus de garde de corps. A la suite du ministre, le président de l'Unamab ainsi que plusieurs acteurs non moins influent de la société civile ont exprimé leur indignation.
Du côté de la présidence, c'est l'anxiété. Difficile d'expliquer comment le juge surveillé depuis le 17 mai 2013 après son non-lieu, a pu s'échapper. Plusieurs réunions ont été organisées à la suite de la diffusion de l'information. De nouveaux rebondissements sont attendus pour ce jour à Cotonou.
Gathum Gbaguidi
La société civile s'indigne
Pascal Todjinou, secrétaire général de la Cgtb
" Si jusqu'au niveau des magistrats on a vraiment peur qu'on est obligé de sauver sa peau, il reste qui ? Ca me fait mal monsieur le journaliste parce que, en réalité ceux qui dirigent le pays aujourd'hui aucun d'eux n'a lutté pour l'avènement de la démocratie, aucun d'eux, un seul parmi les ministres qui sont là, y compris Yayi Boni lui-même. Mais le Béninois est un moteur diesel, les travailleurs sont des moteurs diesel quand ça va démarrer ce sera sans pitié. Si Yayi pense qu'il est en territoire conquis et qu'il a le titre foncier de notre pays, c'est non ".
Laurent Mètongnon, secrétaire générale de la Fesyntra-Finances
" Il faut être malhonnête pour ne pas dire que notre pays souffre aujourd'hui de problèmes de démocratie, de liberté. La liberté, c'est ce qui a de fondamental dans la vie d'un homme. Nous avons été créés libres et il n'appartient à personne de nous arracher les libertés. Aujourd'hui dans notre pays, je pense que les travailleurs, les paysans, artisans, cadres, et agents, la seule chose qui nous reste c'est de préserver nos libertés. Le jour qu'on perdra cette liberté, ceux qui ont les moyens vont prendre la clé des champs. Mais le Bénin est notre terre commune, il faut la sauver.
Martin Assogba, Président de l'Ong Alcrer
A ce niveau les informations sont très vagues. Pourquoi je ne vais pas avoir le sourire ? Parce que le juge Angelo Houssou s'est réfugié aux Etats-Unis ? C'est pourquoi je vais avoir la mine grise ? Non, au contraire, le monsieur est parti parce qu'il se sent harcelé pour avoir fait son travail. Je conseille au président Yayi Boni de prendre le pouls de tout ce qui se passe au Bénin depuis un certain temps et de s'auto-évaluer s'il a envie de passer un après-Yayi tranquille. Il ne faut pas qu'il se fasse passer pour l'épouvantail au Bénin où les oiseaux doivent fuir de son champ.
Nous nous sommes là, nous y sommes avant son arrivée, nous sommes dans notre rôle, nous ne sommes pas des politiciens mais nous sommes des analystes politiques et nous allons toujours dire ce que nous pensons des situations que lui, il nous crée dans le pays. Dans le social nous avons des problèmes, dans l'économie nous avons des problèmes, sur le plan politique c'est pareille et c'est lui seul qui nous crée tout ça. Mais trop c'est trop, nous en avons marre.