Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Covid-19 et agroalimentaire au Bénin

Publié le samedi 25 avril 2020  |  24 heures au Bénin
L`agriculture
© aCotonou.com par DR
L`agriculture au Bénin
Comment


​En confinement strict à son domicile, un Ministre de l’Agriculture d’un pays de l’UE, en télétravail et par visioconférence, donne une interview télévisée pour attirer l’attention de ses concitoyens sur deux urgences.

1.- La nécessité de s’adonner eux-mêmes à cueillir et à ramasser, travaux pour lesquels des travailleurs saisonniers venaient des pays alentour : le covid-19 empêche la libre circulation des personnes.

2.- La libre circulation des biens se poursuit, mais plus à haut débit, d’où nécessité d’aimer, voire de préférer, « les produits de notre agriculture ». Ce dernier point interpelle le Bénin. Au sortir du confinement ou s’il faut cohabiter dorénavant avec le covid-19 ou son fantôme, épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, l’accès aux vivres importés sera réduit, alors que l’accès à ceux du terroir sera sans restriction. Or pour être à disposition, il faut qu’ils soient en suffisance. Est-ce bien le cas ?
​Prenons le fonio cultivé au Bénin, au Burkina et au Niger. Sur un sachet de 1 kg dans un supermarché à Cotonou, on lit : « Farine de fonio. 100% fonio sain du Bénin. Céréale diététique sans gluten. Conseillée aux personnes qui souffrent du diabète et de l’obésité. » Le conseil, fondé sur l’absence de gluten, explique pourquoi la farine de fonio cultivé au Bénin se retrouve dans nombre de cuisines en Europe et en Amérique du nord en vue de confectionner bouillies, gâteaux, galettes, pain. Nourriture prophylactique à base de la farine de fonio. Son sachet de 1 kg coûte à Cotonou 2.500 f CFA contre 1.000 f pour le sachet de 1 kg de farine de blé, très répandue. Le Béninois peut aujourd’hui se procurer plus facilement la farine de blé importée avec gluten que la farine de fonio sans gluten. La production artisanale de cette dernière est cause de sa rareté sur le marché béninois. Mais s’il advenait que, pour cause de covid-19, la farine de blé devînt aussi rare que celle de fonio ?
​Prenons le riz consommé au quotidien par les Béninois. Pour un sac de 5 kg de « Riz de Natitingou, riz étuvé de montagne », il faut débourser environ 3.500 f CFA. C’est à peu près le même prix de base pour le sac de 5 kg des différents riz importés d’Asie. Or le prix du riz importé peut, sur tous les marchés du Bénin, être ramené à 3.000 f. Le riz que l’on trouve à acheter partout au Bénin est le riz importé. Seuls quelques patriotes, un peu visionnaires, recherchent le ‘‘Riz Nati’’ ou ‘‘le riz des Collines’’ (Savalou-Dassa), très peu répandus. Et si, pour cause de covid-19, le riz importé devenait aussi rare que le riz produit au Bénin ?
​Prenons le fruit que l’agro-pédologue Aziadomè Kogblévi n’a de cesse d’appeler « ce merveilleux FRUIT MIRACLE, un fruit pour diabétique ». Aussi petit qu’un grain de café. Il y a 70 ans, les écoliers dahoméens, avec 1 f CFA, s’en remplissaient la poche. Vous en croquez un, et tout ce que vous mangez après prend un goût sucré très aimable. Pas de diabète possible avec le ‘‘síslè’’dit SYNSEPALUM DULCIFICUM. Et l’on n’a pas interrogé les autres vertus prophylactiques ni de ses feuilles ni de ses racines. Aujourd’hui, le fruit miracle et la plante ont pratiquement disparu de nos champs. Comment et, surtout, pourquoi ? Surpris et inconsolables, d’anciens Dahoméens, patriotes, partent en quête et finissent par retrouver comme un résidu de la plante et du fruit dans une brousse improbable d’Allada. Sans attendre les pénuries attribuables au covid-19, il faut ressusciter le synsepalum dulcificum.
​Du Dahomey au Bénin, nos gouvernements brandissent le flambeau jamais allumé de la vallée de l’Ouémé, aussi fertile, disent-ils, que la vallée du Nil, qui nourrit au quotidien des dizaines de millions d’Egyptiens et de Soudanais. Puisse ce temps de confinement imposé par l’invisible et intraitable covid-19 nous pousser à passer du discours au parcours vers un agroalimentaire béninois qui réduise de façon significative la dépendance du Bénin vis-à-vis de l’étranger. Tâche à laquelle nous invite aussi l’immodérée croissance démographique.
Commentaires