De la Cour constitutionnelle à l’Autorité de lutte contre la corruption, en passant par la Haute Cour de justice, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication, Théodore Holo, Jean Baptiste Elias, Marcelline Afouda Gbeha et Adam Boni Tessi n’ont pas eu un mandat élastique. Il ne serait pas exagéré de dire autant qu’ils sont, ils n’ont pas bénéficié d’une semaine supplémentaire comme bonus à leurs postes respectifs. En effet, au terme du temps réglementaire qu’ils avaient à passer, chacun d’eux a passé service à son successeur ou à un intérimaire, cédant ainsi son fauteuil. Pour justifier le fait, certains thuriféraires du pouvoir diront qu’il y avait un impératif constitutionnel à satisfaire. Et pourtant, le dernier cas en date, celui du remplacement de Jean Baptiste Elias à l’Anlc n’a rien de constitutionnel. Et non seulement on lui a rapidement trouvé un intérimaire à qui il a passé service, le gouvernement par le biais du Parlement a modifié l’architecture de la structure. Elle sera désormais appelée Haut-commissariat à la prévention de la corruption. C’était pratiquement le même sort que la Chambre de commerce et d’industries du Bénin avec Jean-Baptiste Satchivi. Au terme de son mandat, on lui a flanqué un Administrateur provisoire qui a pris les rênes et procédé à une restructuration avant l’élection et l’installation de nouveaux élus consulaires. A l’Arcep-Bénin, juste quelques mois après la prise de fonction du chef de l’Etat, Patrice Talon, ce fut spectaculaire la façon dont le mandat des conseillers de l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste, a été écourté. Le gouvernement et son chef n’ont pas daigné faire machine arrière, malgré une décision de la Cour constitutionnelle à l’époque.
Le cas atypique du Médiateur de la République
Malgré ces vents qui ont soufflé et emporté plusieurs premiers responsables d’institution et autres structures étatiques, le Médiateur de la République, en fin de mandat depuis bientôt deux ans, reste indétrônable. C’est quoi donc le secret ou le deal entre le président de la République, Patrice Talon et le Médiateur de la République, Houessou Joseph Gnonlonfoun ? Pour ceux qui se posent la question, difficile pour eux peut être d’avoir la réponse. Mais le moins qu’on puisse dire est qu’après cinq années d’exercice non renouvelables, le mandat de Joseph Gnonlonfoun, nommé par décret n°2013-395 du 7 octobre 2013 et installé dans ses fonctions le 14 octobre 2013, s’est achevé depuis le samedi 13 octobre 2018. Quand les voix s’étaient élevées contre son maintien au poste, le successeur de feu professeur Albert Tévoèdjrè s’est justifié dans un entretien alors accordé à une radio de la place. Le magistrat à la retraite a fait savoir qu’à la fin du mandat, il s’était rendu chez le président Talon pour le lui notifier. Mais ce dernier lui aurait affirmé qu’il n’a pas encore désigné son successeur, et donc de continuer d’assurer ses fonctions jusqu’à nouvel ordre. Jusqu’à quand alors ce maintien au poste ou cette prorogation du mandat du Médiateur de la République ? En dehors de Patrice Talon, bien malin qui pourra le dire.