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Présidentielle de 2016/Talon dans le débat face-à-face: « c’est grave ! (…) Que l’Etat dise (…) qu’une décision de justice ne l’engage pas »

Publié le mardi 28 avril 2020  |  Matin libre
Rencontre
© Présidence
Rencontre entre le ministre français de la culture, Monsieur Franck RIESTER et le le Chef de l`Etat, monsieur Patrice TALON
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Dans le débat face-à-face l’opposant à son challenger Lionel Zinsou, dans le cadre du second tour de la présidentielle, le candidat Patrice Talon élu chef de l’Etat, disait en mars 2016 sur la télévision nationale Ortb, qu’il n’est pas normal qu’un Etat se refuse d’appliquer une décision de justice. Cette « leçon » qu’il a faite en live à l’ancien premier ministre de Yayi Boni, a dû forcément attirer la sympathie de nombre de Béninois qui lui ont accordé leurs suffrages en signe de confiance et d’espoir que le Bénin allait mieux faire sur ce point précis. Hélas, est-on tenté de dire. Le dernier acte posé par le pouvoir de Patrice Talon et perçu comme une trahison aux yeux de beaucoup de ses compatriotes, c’est le retrait officiel du Bénin du protocole de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (Cadhp). Cette option très contestée a été faite à cause de décisions de justice rendues récemment par cette Cour et qui ne seraient pas du goût des autorités béninoises (Lire plus loin la tentative de justification du ministre Garde des Sceaux). C’est donc ce paradoxe qui a poussé votre journal Matin Libre à retourner dans les archives pour retrouver les propos de Patrice Talon qui rêvait d’un idéal pour son pays en matière de justice. Lire ce que le candidat et ancien opérateur économique revenu de quatre ans d’exil avait dit.

Patrice Talon : « Je vais vous poser une question. A quoi sert d’avoir une loi quand l’Etat ne respecte rien du tout. Ni les lois, ni les décisions de justice. Et vous revendiquez si bien dans la continuité, que vous êtes artisan, acteur, actif pas passif, d’un comportement d’un Etat voyou. Non, je mesure mes mots. Je vous en prie, ce n’est pas une insulte, c’est une expression qui est courante dans les pays où l’Etat ne respecte pas sa signature ni les lois. Monsieur le journaliste, permettez-moi de dire que le mot que j’utilise est un mot que je mesure très bien. Un Etat voyou est un Etat qui ne respecte pas les lois, ni les décisions de justice. Et j’ai entendu monsieur Lionel Zinsou dire ouvertement dans la Donga (Nord-Bénin, Ndlr), en février, que dans un secteur sensible où il y a une intervention politique, l’Etat peut s’opposer à une décision de justice. C’est grave ! Dans le domaine du partenariat public-privé, il est important que pour que des partenaires viennent investir dans un pays, qu’il y ait la sécurité judiciaire et que l’Etat respecte les lois. Il ne s’agit pas surtout de voter des lois. Ça ne servirait absolument à rien si l’Etat lui-même, il viole les lois, si l’Etat lui-même proclame, ouvertement, qu’une décision de justice ne l’engage pas. Que l’Etat dise, j’ai fait un recours, c’est de son droit. Mais que l’Etat dise, au plus haut sommet de l’Etat, qu’une décision de justice ne l’engage pas, et que ça provient même d’un premier ministre français, excusez-moi alors le terme, d’origine binationale, qui vient de France, qui vient d’un pays où la loi, la justice est le socle, la sécurité de tout le monde et pour les investissements. J’ai une question à vous poser. Si vous étiez candidat en France. Est-ce que vous auriez osé dire que quand une décision de justice est prise sur le terrain, d’un événement, excusez-moi le terme, d’un secteur dans lequel l’Etat estime que c’est un secteur sensible, que l’Etat peut s’opposer à son exécution. Est-ce que vous auriez pu dire ça en France ? En tant que candidat, que l’Etat peut s’opposer à une décision de justice ? Est-ce que vous auriez pu le dire ? C’est bien pour ça que je disais tout à l’heure, et je suis désolé de le répéter, M. Zinsou, ne voyez-vous pas le syndrome de l’aspirant gouverneur dans un pays de sauvages où tout est permis ? »
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