Avant de prendre les rênes du pays, le candidat Patrice Talon Talon avait affairmé : « Nous allons faire la promotion de la presse. Nous allons libéraliser totalement la presse parcequ’il vaut mieux. Il vaut mieux une presse qui dérape (il l’a martelé deux fois Ndlr) et qui répond de ses dérapages devant la justice plutôt qu’une presse muselée et cadenassée ». Le avril 2016, à sa cérémonie d’investiture, il revient avec insistance sur sa promesse : « Je m’attèlerai à assurer et préserver la liberté de la presse ainsi que l’accès équitable de tous aux organes publics de presse ». Quatre ans après, le chef de l’Etat a-t-il tenu parole ? Une chose est sûre, la liberté de presse aujourd’hui est sérieusement éprouvée. Des organes de presse comme Sikka Tv, La Nouvelle Tribune et Soleil fm sont fermés, avec plus d’une cinquantaines de journalistes à la maison et sans dédommagement. Les acteurs politiques se réclamant de l’opposition se plaignent de leur non accès aux organes de service public alors qu’entre 2014 et 2016, des caciques du pouvoir actuel avaient marché sur l’Ortb pour dénoncer ces agissements sous le régime précédent de Yayi Boni. La plupart des journaux font la propagande du pouvoir avec des titres et contenus siamois. Un journaliste se trouve en prison depuis au moins cinq (et y a fêté le 3 mai) à cause d’un Code du Numérique voté qui pénalise alors même que le Code de l’Information et de la communication dépénaliser les délits de presse. Autant de choses qui fondent le classement à la 113ème place du Bénin dans le Rapport 2020 de Reporters sans frontière (Rsf) alors qu’entre 1996 et 2006, le pays était parmi les premiers en matière de liberté de la presse. Et lorsque Patrice Talon est venu au pouvoir, le Bénin était à la 78ème loge. Un véritable recul.
A l’heure du bilan du gouvernement Talon, et alors même que dans plusieurs secteurs c’est la période de la « moisson », au niveau de la presse, les professionnels de la profession devront encore patienter puisque tout récemment le ministre de la communication a promis de garantir une presse libre. En effet, faisant le point des réalisations dans son département ministériel sur les quatre ans déjà passés et interpellé sur le classement Rsf, Alain Orounla tout en prenant acte dudit classement a semblé le banalisé puisque pour lui, il s’est basé sur des critères “subjectifs et aléatoires”. « Le régime Talon n’a aucune intention de nuire aux journalistes mais au contraire s’évertue pour leur créer des conditions propices à l’exercice de leurs activités… Les libertés de presse sont des quêtes permanentes. Le gouvernement qui ne se reconnaît pas dans les actes qui auraient été posés, pour contrarier la liberté de presse fait tous les efforts pour que les acteurs des médias soient à niveau, mais restera vigilant aux dérapages … », a-t-il laissé entendre.
Et pendant que le thème de la 27ème édition de la Journée internationale de la liberté de la presse est : « le journalisme sans crainte ni complaisance », Matin Libre a interrogé quelques confrères sur l’état des lieux. Lire leurs propos plus loin)