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Encadrement de l’exercice du droit de grève : Le syndicalisme à la recherche d’un nouveau souffle

Publié le mardi 5 mai 2020  |  Fraternité
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© aCotonou.com par Didier Assogba
Les vendeuses du marché Missèbo sont mécontents et protestent contre les décisions du préfet Toboula.
Bourse du travail de Cotonou le 18 Novembre 2016. Meeting des femmes vendeuses du marché Missèbo. Elle dénoncent les décisions arbitraire du préfet Modeste Toboula.
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Une lutte syndicale assoupie portée par des leaders qui regrettent un passé glorieux fait d’envolées lyriques, de débrayages et de passes d’armes permanentes avec les pouvoirs publics. C’est le constat en vogue depuis que le régime en place a décidé de ramener le droit de grève à sa plus simple expression. 10 jours de grève par an pour les différents corps de métier. Ne voulant pas démordre, l’un des bouillants syndicalistes à la bourse du travail avait proposé avant sa retraite, une contre parade. « Les médecins font 10 jours de grève, les travailleurs des finances dix jours et ainsi de suite pour chaque corps, jusqu’à ce que l’année finisse ». C’est dire que le syndicalisme béninois ne s’appréciait qu’à travers les grèves. Depuis que la loi est entrée en vigueur, les associations professionnelles rongent leur frein. Elles ne manquent aucune apparition télévisée ou dans les colonnes des journaux pour dire avec des mots doux au risque de réveiller à nouveau la colère du chef, qu’ils attendent de recouvrer leurs libertés syndicales au moyen d’une loi rectificative. Mais la mayonnaise ne prend pas avec Patrice Talon. L’homme soulève difficilement les pas une fois que vos mains se retrouvent sous ses bottes de cuir. Il y a donc nécessité de repenser la lutte pour se faire entendre au lieu d’attendre une hypothétique volte-face de la part du gouvernement. A moins de donner raison au chef de l’Etat qui disait que le génie syndical béninois aime trop se révéler dans le cadre des mouvements de débrayages à n’en plus finir, les secrétaires généraux des confédérations syndicales doivent adapter leurs stratégies pour continuer à porter les acquis et si possible œuvrer à leur consolidation. L’enjeu premier est alors de pérenniser et de faire revivre le dialogue social sur les questions cruciales pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs. Comme l’a reconnu subrepticement ce 1er mai, le secrétaire général de la confédération des syndicats autonomes du Bénin, le dialogue social se meurt. Il a besoin de relance. Avant, c’était le pouvoir qui faisait la cour aux syndicalistes pour venir dialoguer dès qu’ils battent le pavé. Aujourd’hui, c’est un peu l’inverse qui s’observe. « Je ne peux pas vous dire combien de fois on a relancé le gouvernement dans le cadre de la commission de négociation gouvernement-Centrales syndicales pour qu’on puisse échanger. Toutes les initiatives se sont finalement éteintes », a confié Anselme Amoussou aux confrères de Canal3 Bénin. Or le besoin existe de dialoguer. Il y a les questions du point d’indice, de la hiérarchisation des salaires par rapport au Smig, la situation salariale de certains employés dans des sociétés en difficultés à l’instar de la SONACOP. Pour sortir le gouvernement de sa zone de confort, il faut changer de fusil d’épaule et innover. Objectif : remobiliser la troupe et lui faire comprendre que la fin des grèves à l’aveuglette n’est pas la fin du syndicalisme au Bénin encore moins des revendications légitimes.

Une démarche qui profitera à tous
Réinventer le syndicalisme mais aussi et surtout, réinventer le dialogue social pour attendrir puis relancer l’employé qui pourrait sombrer dans le découragement en pensant que sans la grève, ses droits ne peuvent évoluer. Car, s’il y a bien un revers pour le pouvoir dans l’encadrement du droit de la grève, c’est bien la démotivation à bride abattue des travailleurs qui créent la richesse dans le pays. Cette situation aura pour effet de compromettre les efforts actuels loyalement consentis en faveur de la modernisation de l’administration publique en termes de performances. Trouver le mécanisme de poursuivre le dialogue en y associant le travailleur à la base : c’est la seule alternative pour que syndicalistes et pouvoirs publics puissent maintenir haut le moral des agents toujours pressurés selon la confédération des organisations syndicales indépendantes du Bénin malgré les avancées sociales notées ces dernières années.

Bergedor HADJIHOU
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