11 mai 2020. C’est la date retenue par le gouvernement pour la reprise des cours au niveau des trois ordres de l’enseignement. Après plusieurs semaines de congés forcés, les apprenants s’apprêtent, sauf cas de force majeure, à reprendre le chemin des classes et des amphithéâtres. Apparu en décembre 2019, le coronavirus ne cesse de multiplier ses effroyables ravages. Jusqu’à ce jour, le Bénin fait partie des rares pays qui ne comptent pas des milliers de victimes. Mais cela n’est aucunement une raison pour baisser la garde. Compte tenu de cette menace, la réouverture des écoles maternelles, primaires, secondaires et des universités doit se faire avec la plus grande prudence. Compte tenu des effectifs pléthoriques dans les salles de classe et les mouvements de foule dans les cours de récréation et aux abords des établissements scolaires, les élèves ne sauraient renouer contact avec leurs enseignants sans des préalables.
D’ores et déjà, le gouvernement a décidé du dépistage systématique de certains acteurs du système éducatif. Le personnel administratif, les enseignants ainsi que les vendeuses agréées des écoles maternelles, primaires et secondaires sont concernés par la mesure. Au niveau du département du Zou, tout se met progressivement en place afin que les concernés soient recensés et programmés. A tous les coups, le même processus est en cours dans les autres régions du pays. Ce mouvement d’ensemble va aboutir à terme à la connaissance du réel état sanitaire des cibles vu que les personnes asymptomatiques ne développent pas la maladie et ne sont pas comptabilisées dans les cas officiels. Cette énième décision du gouvernement vise en partie à rassurer les parents d’élèves qui peuvent légitimement être inquiets du fait que leurs enfants reprennent le chemin de l’école alors que la pandémie n’est pas encore maîtrisée. Il faut espérer qu’après cette première vague, les apprenants aussi soient pris en compte par le dépistage systématique.
Même si cela ne garantit pas un risque zéro, vu que les acteurs de l’école retournent tous en communauté et peuvent choper le virus à tout moment, il n’en demeure pas moins qu’il faut s’assurer de l’état sanitaire des uns et des autres à un moment donné. Outre cela, le respect scrupuleux des gestes barrières est l’autre défi de taille qui doit être relevé par les responsables des établissements. Là encore, l’Exécutif a une partition à jouer en amont. La dotation en nombre suffisant des dispositifs de lavage des mains dans les écoles, collèges et lycées publics comme privés ne sera pas du reste dans ce combat contre l’invisible. Pour ce qui est de la distanciation sociale sur les lieux de savoir, ce serait peine perdue que de se nourrir d’illusions. Mais des efforts peuvent se faire quant à l’allègement des effectifs pléthoriques dans les salles de classe.
Irréversiblement, le Bénin entame une marche vers l’inconnu à partir du 11 mai. La réouverture des écoles et peut-être des lieux de culte est une opération risquée. Tôt ou tard, il va falloir s’y résoudre en redoublant de vigilance. Déjà, l’option des cours en ligne adoptée par les universités publiques est salutaire. Maxime da Cruz, recteur de l’Université d’Abomey-Calavi a vu juste en s’inscrivant dans cette lancée. La présence physique des étudiants, dont le nombre excède les places prévues dans les amphithéâtres est un sujet de grande préoccupation. Heureusement que la parade a été trouvée. L’équation des évaluations est une autre paire de manche. En son temps, des solutions qui réduisent le risque seront exploitées. Reste maintenant que toutes les autres universités publiques comme privées privilégient les cours en ligne. Comme l’enseigne une sagesse, « à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles ».