Depuis quelques jours, l’achat de véhicules au profit des conseillers municipaux en fin de mandat agite les réseaux. Le maire intérimaire de Cotonou, Isidore Gnonlonfoun, reçu par nos confrères de l’Evénement Précis, a donné sa version des faits.
Le maire intérimaire était « Sous l’arbre à palabre » pour, non seulement, dresser le bilan de sa gestion à la tête de la municipalité de Cotonou, mais aussi faire la lumière sur certains dossiers. C’est dans cet ordre d’idée que, lorsque les journalistes lui posent la question sur l’achat des véhicules au profit des conseillers municipaux, le maire, dans un premier temps, a faire savoir qu’il ne voudrait pas devancer les faits; mais, en pleine période électorale, il a jugé utile de lever un coin de voile sur la question.
Le maire, parlant des arrondissements, a fait savoir que ce sont « des véhicules qui datent d’au moins 20 ans. Il faut pouvoir doter ces structures de moyens de locomotion adéquats. Les véhicules que les CA utilisent sont des véhicules amortis qui tombent fréquemment en panne. Nous avons décidé d’acheter de nouveaux moyens de déplacement au profit des chefs d’arrondissement qui sont des Adjoints au Maire, comme Cotonou est une ville à statut particulier, en plus des présidents des commissions. » Isidore Gnonlonfoun a expliqué que les commandes ont été lancées, mais la livraison a pris assez de temps. Ce qui sous-tend la livraison des moyens de déplacement des adjoints au maire à la veille des élections.
Isidore Gnonlonfoun déclare que les véhicules livrés, sept au total, ne répondent pas aux normes, à vue d’œil. Mais, ne pouvant se fier à ses observations pour refouler l’entreprise, il a engagé la procédure régulière, afin qu’une expertise soit faite dans les plus brefs délais. Ce qui voudra dire qu’à l’heure actuelle, aucun véhicule n’est encore officiellement réceptionné par la mairie de Cotonou au profit des chefs d’arrondissement.
Lisez un extrait de sa déclaration
Dans cette même foulée, il y a les moyens de déplacement. C’est des véhicules qui datent d’au moins 20 ans. Il faut pouvoir doter ces structures de moyens de locomotion adéquats. Les véhicules que les CA utilisent sont des véhicules amortis qui tombent fréquemment en panne. Nous avons décidé d’acheter de nouveaux moyens de déplacement au profit des chefs d’arrondissement, qui sont des Adjoints au Maire, comme Cotonou est une ville à statut particulier, en plus des présidents des commissions. Nous avons lancé la commande de 16 véhicules. Ça a pris du temps. C’est des véhicules 4X4. On a dit que nous sommes à Cotonou, si on veut acheter des véhicules, que ça soit des véhicules assez solides. J’ai fait créer une commission qui est composée des chefs d’arrondissement et c’est un chef d’arrondissement qui la préside. J’ai dit : « allez faire la prospection, et choisissez le véhicule qui vous sied. » Donc ils ont pris l’option des véhicules 4X4 pour des questions de convenance. Le CA est considéré comme un Adjoint au Maire et doit circuler normalement à toute heure dans la ville. D’où la nécessité de disposer d’un véhicule de fonction. Il nous est revenu qu’avec les pick-up, c’est des plaques rouges. Donc à un moment donné, les CA ont orienté leur choix vers un autre véhicule 4X4 de sorte qu’ils puissent bénéficier de l’immatriculation plaque bleue. Les choses en étaient là quand la procédure a été lancée. Ça c’est depuis très longtemps, la procédure a souvent été reprise et nous avons décidé d’attaquer ce problème de fond. Si bien qu’en 2019, la procédure a été régulièrement lancée et devait aboutir fin novembre 2019. J’ai constaté que les véhicules ne venaient pas. Je ne connaissais pas l’entreprise qui a gagné ce marché. C’est à partir du moment où le délai de livraison était arrivé à terme et que je n’ai pas la livraison, que j’ai commencé par interpeller ceux qui ont gagné ce marché. Finalement, on a senti qu’on a envoyé 7 véhicules. Alors que nous avons donné une avance que l’entrepreneur doit cautionner pour qu’on soit sûr que si la commande n’aboutissait pas, on pourra récupérer les fonds publics. Donc à un moment donné, comme le délai était dépassé, on a prolongé le cautionnement pour trois mois auprès d’une structure d’assurances, parce qu’on sait que s’ils ne livraient pas les véhicules, à tout moment, l’avance qui a été payée, le Trésor public peut récupérer ses fonds. On en était là parce que le dernier délai, c’était pour la fin de ce mois (avril 2020). Donc à partir du 26, je pense que j’ai commencé par alerter pour que si les véhicules ne sont pas là, nous puissions procéder autrement. Le Trésorier payeur de la ville aussi m’a saisi par écrit pour dire que ça relève de la responsabilité de l’ordonnateur que je suis. Donc, il faut réaliser cette caution. Ça veut dire qu’on doit saisir la banque pour dire que si après le 30 avril tous les véhicules n’étaient pas livrés, eux ils peuvent mettre la main sur notre avance. Mais dans ce dossier, avant de lancer ces genres de choses, nous recueillons l’expertise de la Direction générale du matériel et de la logistique au niveau du ministère des finances, c’est-à-dire le Garage Central qui est la structure habilitée à gérer les véhicules de l’Etat central et des communes. Donc, quand ça s’est passé comme ça, nous nous sommes rapprochés d’eux pour avoir les précisions, parce que quand on a amené les 7 véhicules, au sortir de mon bureau le mardi après le lundi de Pâques, je suis allé voir sur le parc. Les véhicules que j’ai vus, l’aspect que ça me présentait, c’était comme des véhicules des enfants des bourgeois, les véhicules qu’ils prennent pour se balader dans les jardins. Je me demandais si véritablement ce sont des véhicules que nous avions commandés. On va confronter avec le contrat et les spécifications techniques. Mais déjà, lorsque nous avons jeté un regard, ce n’est pas encore ça. Mais les gens nous ont dit qu’il faut vérifier. C’est ce matin (jeudi 30 avril 2020) que j’ai envoyé mes collaborateurs vers la Direction générale de contrôle des marchés et le Garage central pour savoir quelle conduite tenir. Et eux ils nous ont dit que nous allons procéder d’abord à une réception technique pour voir si le matériel livré correspond aux normes contenues aussi bien dans les contrats que les spécifications techniques. Donc, nous sommes à cette étape-là de la procédure. Nous allons saisir les techniciens en la matière et ils vont venir examiner pour nous dire si ces produits correspondent véritablement à ce que nous avons commandé, et à partir de ce moment, on avisera.