Face au mouvement de débrayage du secteur judicaire lancé par l’Union nationale des magistrats (Unamab), l’Association des magistrats du Benin (Amab) a organisé mardi 03 novembre 2013 à la Maison des medias à Cotonou une conférence de presse. A cette occasion, plusieurs points dont la paralysie du secteur judiciaire, les problèmes de nomination et d’affectation des juges et la question de filature du juge Angelo Houssou ont été abordés. Pour le président de l’Amab,
Benoît Cyprien Tchibozo les revendications syndicales ne doivent pas être confondues à la situation sécuritaire du juge Angelo Houssou. La question de filature dont le magistrat ferait l’objet est déjà réglé a-t-il confié. Mieux, a-t-il déclaré, ses aînés de la Cour d’appel qui ont connu le même dossier que lui résident toujours sur le territoire national et ne se sentent pas inquiétés.
Eu égard à cette situation, il a invité tous les autres magistrats à la sérénité et à se joindre à l’Amab pour la poursuite des activités des cours et tribunaux. Appréciant les avancées enregistrées dans leurs revendications, le président de l’Amab a précisé qu’il y a eu des corrections dans les nominations et les affectations contestées dans la corporation. Par rapport à la question de sécurité des acteurs de la justice, il a exhorté le gouvernement à l’assurer à tous les magistrats sans distinction de grade et de privilège.
Claude Ahovè
Déclaration liminaire de l’Amab
Face à l’actualité dans notre secteur, le secteur de la justice auquel nous appartenons et dont nous nous battrons pour redorer le blason, nous venons vous entretenir cet après-midi sur notre position à chaque fois.
Rappel des valeurs que prône l’Amab
- L’éthique dans le secteur de la justice ;
- L’équité dans les jugements rendus ;
- La probité doit caractériser tout acteur de la justice notamment le magistrat ;
- Eviter les accointances avec les milieux exogènes à la justice ;
- Etc.
Les raisons de notre appel à la non cessation du travail
- Pour l’Amab, la situation de notre collègue Angelo Houssou bien que préoccupante est à distinguer des revendications syndicales et corporatistes. Et pour cause ! Depuis le 17 mai 2013, nous magistrats aujourd’hui membres de l’Amab avons suivi jusqu’ici le dossier dit "Angelo Houssou" dans ces diverses formes et faisons les constats ci-après :
• après la prise de ses ordonnances de non lieu, le collègue a décidé de quitter le territoire à une heure et dans des conditions qui jusqu’ici suscitent des interrogations ;
• face aux mesures particulières de sécurité prises par les pouvoirs publics, le collègue a soulevé des protestations et été entendu de sorte que le dispositif de sa sécurité a été revu avec la possibilité de tenir compte de sa volonté ;
• depuis quelques semaines, le garde corps mis à sa disposition a demandé à se retirer pour des raisons propres à ce dernier ;
•les aînés de la Cour d’Appel qui ont connu du même dossier résident encore sur le territoire national sans jamais s’être sentis inquiétés ;
• puis sur la question de la filature du collègue, si cela était vrai, l’est-il encore jusqu’au week-end dernier, où il a pu réussir sa tentative de sortir du territoire ?
- l’Amab peut aujourd’hui, même si nous attendons les résultats tangibles pour apprécier, vous assurer que de grandes avancées sont notées dans le processus de correction des affectations contestées dans le corps des magistrats. A cet effet, la toute dernière avancée est la session du Conseil supérieur de la magistrature (Csm) qui s’est réunie hier seulement, et dont le contenu et les résultats sont secrets d’après la loi.
- Sur la question de la sécurité des juges béninois, l’Amab bien que considérant les efforts actuels pour la sécurisation des cours et tribunaux, appelle le Gouvernement à engager un dialogue franc avec les acteurs de la justice notamment les magistrats pour la définition d’une meilleure approche de résolution de cette importante préoccupation qui pour notre organisation reste préoccupante ;
Exhortations :
- L’Amab réitère ici son appel à l’endroit des collègues magistrats partageant ses valeurs afin que nos cours et tribunaux ne soient pas fermés aux justiciables qui ne méritent pas cette justice caractérisée aujourd’hui par la lenteur due aux grèves répétées.
- C’est pourquoi nous rappelons au Gouvernement son devoir au terme de la Constitution du 11 décembre 1990, d’assurer la sécurité collective de tous les magistrats ans distinction ni de grade, ni de position et de quelque privilège que ce soit.
- invite les collègues à la sérénité ;
- Et prie tous les autres collègues qui veulent se joindre au mouvement de non fermeture de nos cours et tribunaux de ne rien craindre.