La cour d’appel de Paris a rendu mercredi un avis défavorable à l’extradition au Bénin de l’homme d’affaires Patrice Talon, accusé dans son pays d’avoir fomenté un complot en 2012 pour éliminer le président Thomas Boni Yayi.
Le parquet général de Paris a cinq jours pour attaquer cette décision en cassation, mais il s’était lui aussi prononcé contre l’extradition de M. Talon et de l’un de ses proches, Olivier Boko.
"Je suis heureux pour la démocratie chez moi. C’est un combat pour la démocratie au Bénin", s’est félicité l’homme d’affaires, venu assister au délibéré.
"En France, on n’extrade pas quand la demande d’extradition n’est que le masque d’une persécution politique", a renchéri son avocat, Me William Bourdon.
Longtemps proche de M. Boni Yayi, incontournable dans les secteurs clé du coton et du port de Cotonou, Patrice Talon, 55 ans, avait été accusé fin octobre 2012 d’avoir fomenté depuis l’étranger un complot pour empoisonner le président et l’éliminer de la vie politique. A l’époque, il était déjà poursuivi au Bénin dans des affaires de malversations et avait fui son pays, avant d’être arrêté en France et placé sous contrôle judiciaire. Pour ses avocats, il est victime d’un "coup monté".
Selon l’accusation au Bénin, son plan aurait consisté à remplacer les médicaments du président par des produits toxiques et le complot aurait été déjoué in extremis. Des proches du président, dont son médecin personnel, sa nièce et gouvernante et un ancien ministre avaient été arrêtés en octobre 2012. Ils ont bénéficié d’un non-lieu général du juge d’instruction, confirmé par la cour d’appel de Cotonou, mais sont toujours détenus après un pourvoi en cassation du président béninois.
D’après Cotonou, les déclarations de ces complices présumés confondent Patrice Talon et son bras droit Olivier Boko, lui aussi réclamé par le Bénin, comme commanditaires de cette tentative avortée d’empoisonnement.
Le parquet général de Paris avait émis un avis défavorable le 23 octobre, en estimant que les conditions d’une justice équitable dans ce pays d’Afrique de l’Ouest n’étaient pas réunies. Le parquet général avait aussi relevé que la peine de mort n’avait pas disparu au Bénin, même si elle n’est plus appliquée.