Au rythme actuel, les pays sont loin de réaliser les cibles de l’ODD 6.2 relatives à l’assainissement et l’hygiène d’ici 2030. Alors qu’il est devenu indispensable de prioriser l’hygiène et l’assainissement pour préparer de toute urgence les nations à mieux faire face aux épidémies ou aux pandémies de maladies infectieuses, le Comité directeur du Conseil de Concertation pour l’Approvisionnement en Eau et l’Assainissement (WSSCC) a annoncé le lundi 4 mai 2020, la transformation de l’organisation en un Fonds pour l’Assainissement et l’Hygiène que en approuvant une nouvelle Stratégie couvrant la période de 2021 à 2025. Dans une déclaration en réponse à cette nouvelle, la ministre de la Santé, Dr Jane Ruth Aceng, de l’Ouganda, un pays partenaire du WSSCC, a invité les Etats à investir dans l’hygiène et l’assainissement.
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(Lire la Déclaration)
La pandémie actuelle de Covid-19 met en évidence le rôle de l’assainissement et de l’hygiène dans la prévention des maladies. À l’heure actuelle, plus de la moitié de la population mondiale n’est pas reliée à un réseau d’assainissement géré en toute sécurité, et 3 milliards de personnes ne bénéficient pas de services d’hygiène élémentaires. Dans le monde entier, et notamment en Ouganda, nombreux sont ceux qui vivent encore dans des maisons ou fréquentent des écoles ou même des établissements de soins qui ne sont pas équipés de services d’assainissement et d’hygiène adéquats. La défécation à l’air libre reste une pratique courante pour 673 millions de personnes dans le monde, essentiellement dans les communautés rurales défavorisées. Les pays les plus pauvres et les moins avancés sont particulièrement affectés. Cette pratique ancestrale constitue l’une des plus grandes faiblesses de la santé mondiale, et ses conséquences sont dramatiques.
Dans mon pays, l’Ouganda, on estime à 75 % la charge globale de morbidité découlant d’un assainissement et d’une hygiène lacunaires. Chaque année, 23 000 Ougandais, dont 19 700 enfants de moins de cinq ans, meurent de diarrhée. Près de 90 % de ces décès sont directement imputables à une eau insalubre, des services d’assainissement inappropriés et des pratiques peu hygiéniques. En d’autres termes, des interventions rudimentaires dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène pourraient permettre de les éviter pour la plupart.
Selon les estimations, seuls 12 % des établissements de santé ougandais disposent de services élémentaires d’assainissement. La nécessité de fournir des services d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH) est donc pressante, en particulier dans les structures de maternité et de soins primaires.
L’absence d’installations WASH adéquates dans les écoles entraîne un absentéisme et un décrochage scolaire chez les adolescentes. L’absence de ressources permettant aux filles de gérer leur menstruation est préoccupante et les dissuade de fréquenter l’école. De la même façon, en raison d’installations sanitaires et hygiéniques inadéquates sur le lieu de travail, les femmes ne sont pas en mesure de prendre soin de leur intimité en période menstruelle, ce qui peut les amener à s’absenter de leur travail et les empêcher de jouer un rôle à part entière dans la société.
Si l’absence de services d’assainissement et d’hygiène adéquats dans mon pays entraîne des coûts pouvant atteindre 177 millions de dollars US chaque année, en grande partie liés aux soins de santé associés aux décès des enfants de moins de 5 ans, le coût humain est incalculable en matière de vies sacrifiées, de familles dévastées, de personnes chroniquement malades, d’opportunités éducatives manquées, de perspectives d’emploi perdues et de perpétuation de la pauvreté.
L’accès à l’assainissement et à l’hygiène est essentiel au bien-être des familles, des communautés et des sociétés. Par son implication directe dans la santé, la pauvreté, l’éducation, l’environnement et l’autonomisation des femmes et des filles, l’absence de services d’assainissement et d’hygiène adéquats rend impossible la concrétisation de la plupart des Objectifs de développement durable (ODD).
Dans ce contexte, le travail de notre partenaire de longue date, le WSSCC, est crucial et remarquable. Depuis une dizaine d’années, nous nous consacrons ensemble à l’accélération de la mise en place de services d’assainissement et d’hygiène pour certaines des communautés les plus reculées. Son soutien indéfectible a permis à plus de 5 millions de personnes dans quelque 9 000 communautés réparties dans le pays d’avoir désormais accès à des services d’assainissement et d’hygiène adéquats. Je me suis rendue dans plusieurs des zones concernées, et j’ai pu constater de visu les résultats impressionnants des actions du WSSCC. De nombreux districts connaissent un recul spectaculaire de maladies telles que la diarrhée, la dysenterie et l’helminthiase.
Observant l’impact significatif qu’un investissement relativement modeste en faveur des services d’assainissement et d’hygiène peut avoir sur la santé publique et dans les communautés, le gouvernement ougandais a augmenté ses propres allocations budgétaires afin de maximiser les investissements apportés par le WSSCC.
Mais la tâche qui nous attend est considérable, et le seul moyen d’avancer est en intensifiant les mesures qui ont fonctionné jusqu’à présent. Par conséquent, je soutiens pleinement la décision courageuse et ambitieuse du WSSCC d’évoluer afin de devenir le Fonds pour l’Assainissement & l’Hygiène. Compte tenu de ses relations établies de longue date avec les gouvernements et ses partenaires, l’organisation est particulièrement bien placée pour assurer ce service au nom des gouvernements et de l’ensemble du secteur.
En Ouganda et dans les pays [pauvres] du Sud, même la plus petite des communautés s’efforce de ne laisser personne pour compte, sachant que nous ne sommes jamais plus forts que les plus vulnérables de nos membres. La communauté internationale doit donc veiller à soutenir les pays [pauvres] du Sud en matière d’assainissement et d’hygiène, des éléments fondamentaux du progrès humain. Personne ne doit être laissé pour compte.
Ainsi que l’ont répété à maintes reprises de nombreux dirigeants nationaux pendant cette pandémie du Covid-19, nous sommes tous logés à la même enseigne. La véracité de cette maxime se vérifie pour toute l’humanité. Dans un monde où aucune frontière n’est capable de contenir les conséquences des défis auxquels chacun d’entre nous est confronté, qu’il s’agisse de mauvaises récoltes ou d’États en faillite, d’une météo calamiteuse, de conflits violents ou de maladies, aucun d’entre nous ne peut être en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous.
Le Fonds pour l’hygiène et l’assainissement (SH) en quelques mots
Le Fonds pour l’hygiène et l’assainissement se focalisera en particulier sur les populations marginalisées et les plus vulnérables et, au travers de sa nouvelle stratégie, il poursuivra quatre priorités stratégiques clés : (i) déployer à grande échelle les services d’assainissement et d’hygiène pour les ménages ; (ii) combler les lacunes en matière de santé et d’hygiène menstruelles et promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles ; (iii) étendre les services durables d’approvisionnement en eau, d’assainissement, d’hygiène et ceux liés à la santé et l’hygiène menstruelles dans les écoles et les établissements de soins de santé ; et (iv) soutenir toutes les formes d’innovation qui œuvrent en faveur de services gérés de façon sûre accessibles à tous.
Le Fonds fournira des subventions aux pays à faible revenu pour des solutions d’assainissement et d’hygiène au niveau des communautés. Ces financements catalyseurs – principalement destinés aux pays d’Afrique et d’Asie – viendront s’ajouter aux financements nationaux et mettront à profit les liens réciproques entre les ODD, au travers d’une approche axée sur les partenariats.