Plus de 2 heures de cuisson, mais les charbons restent encore intacts. C’est un premier indice qui accroche quand on expérimente le charbon écologique, fait à base des coques des noix d’anacardes. Cette ingéniosité qui a valu le 1er Prix de la meilleure innovation scientifique et technologique de l’UAC en 2019 vient des savoir-faire de Gisèle Abah qui entend ainsi contribuer à relever les défis du climat. « L’innovation consiste en la transformation des déchets organiques issus du secteur agricole et d’agro-transformation du Bénin en des briquettes de charbon. Ce projet est né du fait que les effets du changement climatique se font ressentir sur tous les continents et les océans. L’une des causes de ce dérèglement climatique est l’exploitation et l’utilisation des ressources fossiles, la déforestation », explique-t-elle.
Une étude conduite par feu Dr Gaston Akouehou, sur l’approvisionnement en bois de feu au Sud du Bénin a permis de constater que « 70% des ménages utilisent le bois de feu à raison de 48, 2% pour le charbon de bois et 21, 8 % pour le bois de feu à Porto-Novo alors que le taux de consommation est de 72% à raison de 63% pour le charbon de bois et 9% pour le bois de feu dans la ville de Cotonou ». La pression sur les ressources forestières est sans cesse croissante avec son lot de pollution intérieure. Pendant ce temps, le Bénin renferme d’énormes quantités de déchets dont les coques de la noix d’anacarde, les balles de riz, les tiges de coton, les tiges et épis de maïs, sorgo, mil qui représentent une matières premières de production des briquettes de charbon pour l’approvisionnement en énergie thermique des ménages et usines.
Des briquettes incandescentes
Ingénieure des travaux en énergies renouvelables et systèmes énergétiques, l’innovation de la cofondatrice de Clean Energy for Africa s’inscrit aussi dans le but de valoriser les coques de noix d’anacarde et autres déchets agricoles et de produire des briquettes de charbon vert. Il a été donc question d’extraction du baume et du séchage des coques de noix d’anacardes, de carbonisation à 500°C des coques pour aboutir à la fabrication des briquettes à différentes pressions. « Ces briquettes sont obtenues grâce à un processus de pyrolyse, de broyage et de compactage. Elles ont un pouvoir calorifique élevé avec une meilleure pression de compactage. Elles dégagent moins de fumée et n’émettent pas d’étincelles lors de leur combustion. La valorisation de ces déchets organiques permettra de résoudre dans un premier temps la pollution environnementale due à leur abandon dans la nature et ensuite la réduction de la pression exercée sur les ressources forestières », confie Gisèle Abah.
Le prochain défi de la cofondatrice de Clean Energy for Africa est de rendre accessible cette solution aux populations et aider à créer d’emplois. « Nos travaux se sont limités à l’expérimentation du produit obtenu. Les phases devant suivre sont la production et la distribution à grande échelle, ce qui impliquerait une étude technique approfondie et commerciale. Ardente et rigide non friable, la solution écologique pourrait prendre corps dans les cuisines du Bénin et d’ailleurs.
. Fulbert ADJIMEHOSSOU