La loi est dure, mais elle reste la loi. Les résultats définitifs des communales 2020 proclamés dans la nuit de ce mercredi 20 mai par la Commission électorale nationale autonome (Cena) ont révélé les conséquences immédiates des nouvelles dispositions légales dans le rang de certains partis. En décidant d’insérer la fameuse disposition relative à l’obtention des 10% de suffrages nécessaires au plan national pour lever des sièges, le législateur a fait fort . En effet, l’article 184 du nouveau texte du code électoral adopté par les députés vers fin 2019 stipule que : « Seules les listes ayant recueilli au moins 10% des suffrages valablement exprimés au plan national, sont éligibles à l’attribution des sièges… » Un peu comme un scellé, ce fameux dispositif des 10% ne donne plus l’accès à tout le monde à des sièges électifs. Il faut véritablement être un parti national, disposant de réels militants et leaders un peu partout dans le pays. Le Parti pour le renouveau démocratique ( Prd), qui totalise pourtant, près de trente ans d’expérience politique, vient d’en faire les frais. Adrien Houngbédji et les siens n’auront recueilli que 5,49% des suffrages au plan national. Une performance pour le moins faible qui rend d’office le Prd non éligible à l’attribution de sièges. C’est dire que même s’il a pu récolter des voix considérables dans ces certains arrondissements de Porto-Novo, considéré jusqu’à la veille des communales du dimanche dernier comme une citadelle imprenable aux « Tchoco-Tchoco », aucun élu Prd ne se comptera dans les prochains conseils municipaux et communaux sur l’ensemble du territoire national. Le Prd avait-il mesuré ses capacités de satisfaire aux contraintes des 10% avant de se lancer dans la course ? La question se pose, d’autant que le parti d’Adrien Houngbédji avait toujours donné l’assurance de disposer des atouts majeurs pour gagner des élections au plan national. Sa non-participation aux législatives 2019, pour avoir vu son dossier rejeté par la Cena qui a évoqué des irrégularités, a sans doute accru ses désirs de triompher aux communales 2020 pour restaurer sa légitimité et sa grandeur. Mais le Prd semble avoir banalisé les nouvelles contraintes légales en vigueur, notamment les 10% de suffrages nécessaires au plan national, qui viennent de révéler ses limites à travers les présents résultats.
L’Union démocratique pour un Bénin Nouveau (Udbn) que dirige Claudine Prudencio est le second parti sur la liste que la sévère loi des 10% a fait dégager du tapis. Avec ses 2, 17% des suffrages recueillis au plan national, selon les résultats proclamés par la Cena, l’Udbn se met immédiatement de côté. Pas un seul conseiller communal ou municipal à pourvoir en son sein. Ce seul parti dirigé par une femme au Bénin, à l’ère du système partisan, avait-il pesé et soupesé son audimat politique dans la balance avant de se lancer dans la course ? La question se pose également à son niveau, même si durant toute la campagne, Claudine Prudencio et les siens ont suffisamment glosé sur leurs potentialités politiques nationales pouvant leur permettre de rêver des 10%. La vérité est là aujourd’hui, que seuls trois partis sur les cinq en compétition, à savoir l’Union progressiste avec 39,97%, le Bloc républicain 37,38% et FCBE 14, 98% ont pu tirer leur épingle du jeu. Et ce n’est que justice, lorsqu’on sait que ces trois partis ont pu acquérir une véritable assise nationale, peu importe que les deux premiers soient plus jeunes que le dernier. C’est une question d’ambition qui ne tient pas forcement du temps et de l’âge. Si en existant depuis fort longtemps avant l’Udbn, le Prd s’est retrouvé hors-jeu à ses côtés, l’ancienneté peut ne pas être un atout majeur, mais plutôt, la capacité de mobilisation au plan national. C’est ce que recherche certainement le législateur en insérant la disposition des 10%, qui ne manquera pas de clarifier davantage le paysage politique national à partir des résultats des dernières communales.Christian TCHANOU