Les résultats provisoires des élections communales et municipales du 17 mai dernier proclamés au petit matin du jeudi 21 mai par la Commission électorale nationale autonome (Cena) semblent sonner la descente aux enfers du Parti du renouveau démocratique (Prd). La formation politique de Me Adrien Houngbédji n’a pas été éligible à l’attribution des sièges pour défaut de 10 %
des suffrages exprimés au plan national. Du coup, elle s’en sort avec 00 conseiller communal sur les 1815 sièges en jeu. Ce qui est inédit pour le parti, après 17 ans de décentralisation où il a régné en maître et sans partage dans certaines communes de l’Ouémé. Par exemple, sur les 33 conseillers municipaux de la mandature en cours à Porto-Novo, le Prd seul en compte 32. Un seul conseiller municipal est d’une autre formation politique, en l’occurrence l’ex-Union fait la Nation. Mais avec les résultats des élections municipales et communales du dimanche 17 mai dernier, c’est désormais une nouvelle page qui s’ouvre pour la gestion de la ville capitale.
Il n’y aura plus trace d’élus Prd dans la gestion de cette mairie qui fera l’expérience d’une nouvelle équipe municipale composée d’élus de l’Union progressiste (Up) et du Bloc républicain (Br) crédités respectivement de 17 et 16 sièges.
Tout comme à Porto-Novo, il y aura également alternance à la tête des autres communes considérées comme bastion naturel du Prd, notamment Akpro-Missérété, Sèmè-Podji, Adjarra et Ifangni. Jusque-là dirigées par des maires Prd, ces communes vont changer de main. Elles tombent désormais dans l’escarcelle du Br pour Sèmè-Podji et Up en ce qui concerne Akpro-Missérété, Adjarra et Ifangni. Le Prd n’a plus aucun mot à placer dans la gestion de ces différentes communes comme c’était déjà le cas avec Avrankou, Aguégués, Dangbo, Adjohoun et Bonou qui lui ont complètement échappé. C’est vrai, le parti de Me Adrien Houngbédji a fait carton plein dans certaines de ces communes en confirmant son influence, surtout à Porto-Novo. Mais force est de constater que les voix obtenues sont très loin de permettre au parti d’atteindre le seuil des 10 % des suffrages valablement exprimés au plan national pour être éligible à l’attribution des sièges. Le Prd a été éliminé de facto pour ce critère de 10 %.
En réalité, le parti doit s’en prendre à lui-même. Ceci, pour avoir manqué après 30 ans d’existence de s’enraciner véritablement sur tout le territoire national. Le parti ne voit pas jusqu’ici au-delà de l’Ouémé et sa lisière. Les chiffres issus du scrutin attestent d’ailleurs cette hégémonie régionale mais qui ne devrait plus avoir droit de cité dans un contexte de réforme du système partisan appelant à des regroupements de partis politiques pour être forts.
Le parti qui a voulu garder son identité pour ne pas disparaître comme plusieurs autres de ses pairs n’a apparemment rien fait pour gagner du terrain et aller au-delà de ses fiefs traditionnels afin de se donner plus de chance d’atteindre la barre des 10 % aux élections communales et municipales du 17 mai dernier. Inutile aujourd’hui de mettre en cause le Code électoral. Car, malgré cette réforme, le parti Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) a pu réussi à tirer son épingle du jeu. Le parti Fcbe a obtenu près de 15 %
des suffrages valablement exprimés au plan national. Ce qui témoigne à suffisance que la loi N°2019-43 du 15 novembre 2019 portant Code électoral en République du Bénin n’a aucun problème. Le Prd doit tirer leçons de sa débâcle et chercher à corriger les choses afin de mieux sauter lors des joutes politiques à venir.