La pandémie du Coronavirus a un impact considérable sur l’ensemble des productions agricoles au Bénin. Troisième produit agricole de ce pays ouest-africain, en termes de contribution au produit intérieur brut (Pib), l’ananas fait actuellement face aux effets de cette pandémie. La rédaction de Bénin web Tv s’est intéressée aux producteurs de ce fruit exotique, qui croupit sous le fardeau des conséquences économiques de la pandémie de la Covid-19.
Très bien connu à l’international pour sa qualité exceptionnelle, l’ananas du Bénin, qui annonçait de très belles perspectives au niveau de la production et de la commercialisation, est rudement touché par la crise sanitaire, causée par le nouveau coronavirus (COVID-19). Nonhomè Justin, producteur d’ananas à Zè, a accepté de se livrer sur les conséquences de la crise sur sa production.
Des exploitants agricoles sous le choc
« Cette crise a causé beaucoup d’amertume aux agriculteurs que nous sommes. Nos activités se sont arrêtées parce qu’on arrivait plus à vendre nos productions. Après les récoltes, l’ananas est un fruit qui ne tarde pas avant de pourrir. », a déclaré Nonhomè Justin. Selon lui, tous les producteurs d’ananas de cette localité vivent la même situation. De plus, le recensement des personnes exerçant des métiers impactés par la covid-19, organisé par l’Etat béninois, ne les a pas pris en compte pour qu’ils espèrent un dédommagement.
Pour Avocè Mama, également producteur d’ananas à Zè, le cordon sanitaire imposé par l’Etat béninois, du 30 mars au 10 mai 2020, a été le coup de massue sur la tête des producteurs. « Notre calvaire a commencé depuis la fermeture des frontières du Nigéria. La situation de Covid-19 est venue envenimer la situation. Le prix de l’ananas a totalement chuté », a déclaré Avocè Mama, la quarantaine.
« Nous allons faire des prêts à la banque ou dans les caisses agricoles, mais après la récolte, nous avons d’énormes difficultés pour faire écouler nos productions. », a affirmé M. Avocè. « Malgré la levée du cordon sanitaire, la situation est demeurée la même. Habituellement, les périodes de ramadan sont très rentables dans la vente de l’ananas. Mais cette année, c’est le chaos. » a-t-il conclu.
Zaclé Mathias, exploitant agricole et président communal des producteurs d’ananas, confirme cette situation, qui a entravé la vente des fruits. « Nous avons des fruits qui se gâtent dans les champs. Quand les clients viennent, ils font le tri et laissent les plus petits, alors qu’ils n’y pas une usine de transformation auprès de laquelle nous pouvons écouler les restes. »
Des unités de transformation à l’arrêt, plus d’expédition aérienne d’ananas
Selon les propos de M. Zaclé Mathias, toutes les unités de transformation de l’ananas ont fermé pour défaut d’écoulement de leurs produits. De plus, malgré cette période de ramadan, habituellement très rentable, la demande de l’ananas reste toujours timide.
Un responsable de Blue Skies, une grande unité de transformation de l’ananas, située à Allada (département de l’Atlantique au Sud du Bénin), dont la production est destinée au marché européen, a confirmé la fermeture de cette unité. « Les employés sont tous actuellement en chômage technique parce que le centre a arrêté la production. Nous n’avons plus la possibilité de convoyer les fruits transformés vers l’extérieur à cause de la fermeture de l’espace aérien », a déclaré le responsable, qui a requis l’anonymat. « La compagnie aérienne qui assurait le transport des marchandises est également à l’arrêt, donc nous sommes obligés de tout arrêter en attendant la réouverture de l’espace aérien », a affirmé ce responsable de Blue Skies.
L’Etat appelé à la rescousse avant l’hécatombe
La crise du coronavirus a ainsi rejailli sur la demande de ce fruit, qui est le troisième produit agricole du Bénin, en termes de contribution au produit intérieur brut (Pib). Fermeture d’entreprises de transformation, désorganisation des chaînes d’approvisionnement, coût élevé du transport, baisse du prix de vente de l’ananas, …, les répercussions sont énormes.
La pandémie de la covid-19 a frappé de plein fouet les exploitants agricoles, producteurs d’ananas. Avec l’évolution de la situation, les autorités béninoises sont appelées à la rescousse de ces producteurs, qui se voient déjà exclus du recensement des personnes exerçant des métiers impactés par la covid-19.
Il faut souligner que, depuis quelques années, des mesures ont été prises par le gouvernement béninois pour accroître la production et la transformation des deux variétés (Cayenne lisse et Pain de sucre) de l’ananas au Bénin, pour une amélioration de la visibilité du produit à l’extérieur, surtout sur le marché européen. Dans ce sens, des actes se sont succédés pour lever des barrières douanières et autres handicaps à l’exportation de l’ananas du Bénin. Mais cette belle conquête du marché international par l’ananas du Bénin a été sérieusement émoussée par le coronavirus, portant, par ricochet, un coup à la santé financière des acteurs du secteur ananas.