A 79 ans, Mgr Marcel Honorat Agboton vit en exil en France depuis 10 ans. A son âge, il doit lui-même faire ses courses, préparer ses repas, balayer sa chambre, etc. Dans un pays où la pandémie du coronavirus fait rage avec des milliers de morts dans le rang des personnes du troisième âge, le sort de Mgr Marcel Agboton est préoccupant. Pourquoi la Conférence épiscopale du Bénin ne l’autorise pas à enfin rentrer au bercail ? Dans une interview, son neveu Jules Agboton tire la sonnette d’alarme et appelle les autorités à divers niveaux à vite réagir avant qu’il ne soit trop tard.
Lisez l’interview
Veuillez-vous présenter à nos lecteurs
Je suis Jules Agboton, l’un des nombreux neveux de Mgr Agboton, et je réponds à vos questions en qualité de membre du Comité de soutien au retour de Mgr Agboton.
Je voudrais souligner que ce Comité est composé d’amis et de proches de Mgr Agboton, il porte certaines initiatives visant le retour de notre parent. D’autres initiatives plus discrètes sont également menées par des personnalités amies du Prélat dans le même sens que nous.
Rappelez-nous les raisons et les circonstances de son départ en exil, il y a 10 années de cela
Courant 2010, tout est parti de rumeurs créées et régulièrement alimentées depuis les milieux religieux et ensuite, ces rumeurs ont été relayées par certains media.
Mais le drame de cette histoire est que jusqu’à ce jour, Mgr Agboton n’a fait l’objet d’aucune charge, d’aucun procès, d’aucune condamnation ni civile, ni pénale.
Toujours est-il que Mgr Agboton, pour ces rumeurs non fondées, avait été prié par Mgr Michael Blume, alors Nonce Apostolique du Saint-Siège auprès du Bénin, de démissionner de sa charge et fut exilé en France.
Quelles sont ces conditions de vie en France en cette période de Covid-19 ?
Mgr Agboton a eu 79 ans le 16 janvier dernier et c’est le seul Évêque émérite au monde à devoir aller lui-même faire ses courses. Il doit aller faire ses provisions, préparer ses repas, laver ses vêtements, balayer, ranger sa chambre, etc.
Vous convenez que s’il vivait chez lui au Bénin, il ne serait pas à son âge astreint à ses servitudes. Nous avons encore la décence de nous occuper de nos parents âgés.
Avec sa santé fragile, il fait assurément partie de la tranche d’âge la plus vulnérable face à ce redoutable virus que constitue la Covid-19. Je dois vous confesser que depuis l’avènement de cette pandémie, nous vivons tous dans la hantise du pire tout en priant Dieu de nous en épargner.
La conférence Épiscopale est-elle informée des risques sanitaires encourus par Mgr Agboton ?
Depuis 2017 chacun des membres de la Conférence épiscopale du Benin a été informé de sa situation.
En 2018 et 2019, notre comité a rencontré l’Evêque de Porto-Novo et l’Archevêque de Cotonou.
Ils nous ont tous assuré de leur soutien et des efforts qu’ils font de leur côté pour le retour de Mgr Agboton. Cependant, à ce jour, nous n’avons été informés d’aucun résultat de leur démarche.
Pourquoi lutter maintenant pour son retour ?
Le 11 février 2020, Mgr Agboton a formellement écrit au nouveau Préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, le Cardinal Tagle où il dit ceci :
« J’implore l’autorisation d’aller en toute simplicité et discrétion les dernières années de ma vie, s’il plait à Dieu dans la paix du corps et du cœur, au milieu des miens et de ma famille, sans peser en rien sur l’Eglise locale »
Nous pensons que cette autorisation de retour doit être donnée par la Conférence Episcopale du Bénin, puisque c’est elle qui a mis Mgr Agboton à la disposition de Rome en 2010.
Plus loin dans son courrier, Mgr Agboton indique « Les douleurs physiques dues à de sévères arthroses et la rigueur du froid hivernal éprouvent durement ma santé de plus en plus fragile, malgré les soins suivis régulièrement ».
Le contenu de cet appel de détresse de notre parent est la motivation de notre mobilisation.
Pensez-vous que le retour de ce serviteur de Dieu sera actuellement possible ?
Nous sommes croyants et pratiquants et nous sommes persuadés que Notre Eglise repose sur la Miséricorde divine et qu’elle triomphera. Notre Comité se bat pour une cause humanitaire. Il se bat pour le respect de la volonté de rentrer chez elle d’une personne âgée de 79ans et affaiblie par la maladie. Nous espérons que dès maintenant, les uns et les autres prendront au niveau de l’église du Bénin leur responsabilité. Notre famille ne se consolera jamais du décès en exil de son digne fils ! Que chacun des protagonistes se le tienne pour dit !