Comme on pouvait s’y attendre, la Cour d’Appel de Paris a rejeté hier la demande d’extradition de l’homme d’affaires Patrice Talon et de son collaborateur Olivier Bocco vers le Bénin. Ceux qui se doutaient que la demande d’extradition de Patrice Talon et Olivier Bocco ne serait pas acceptée par la Justice française, ont eu tort ! Et même, l’avocat de Yayi Boni, Me Christian Charrière-Bournazel, a senti que le vent a tourné. Il ne s’est même pas déplacé pour entendre le délibéré.
Il savait bien que la Cour d’Appel allait suivre les réquisitions du Parquet général de Paris qui s’était montré hostile à toute extradition, avançant comme argument que le dossier était très léger au vu des accusations portées contre Talon et Bocco (tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat). L’argumentaire de la Justice française se tourne autour des trois points suivants : le dossier est incomplet, il n’y a aucune information sérieuse sur les faits et enfin les garanties d’une justice impartiale au Bénin sont incertaines. Dans leurs motivations, les magistrats français ont dû établir une corrélation entre cette demande d’extradition et le non-lieu en faveur de Patrice Talon, prononcé par un juge d’instruction béninois (Angelo Houssou, ndlr) qui a fuit précipitamment le pays pour les Etats-Unis pour « échapper à la persécution du pouvoir ». Ce faisant, elle a renforcé les arguments de la défense des deux hommes qui a tout le temps martelé la thèse d’un coup monté. Selon l’avocat français, Me William Bourdon, il est clair que le pouvoir s’acharne sur Patrice Talon car « il s’opposait à la dérive autocratique du Président Yayi Boni ».
Beaucoup de contradictions…
Depuis le départ, la demande faite par l’Etat béninois a été émaillée de contradictions, d’approximations, de documents parcellaires… Ce qui, sans doute, n’a pas rassuré les magistrats français qui ont détecté le caractère « politique » de la demande d’extradition.