PCR,TCR, Confinement, masque de protection, mesures-barrière, distanciation etc. Jamais, de mémoire de Béninois, notre vocabulaire n’a été, en un laps de temps record, transformé, en l’espace de trois mois. Au-delà du vocabulaire, toute notre vie a changé ces jours-ci. Tous les secteurs ont été touchés, y compris celui du sacré. Immanquablement, Covid-19 aura tenu tout le monde en respect, au mépris du domaine réservé à Dieu : la mosquée. Ainsi, les musulmans ont-ils retrouvé le chemin des mosquées avec sourire, mais sans doute aussi avec délire…
« Désolé mon frère, sans ton masque de protection, tu ne peux pas entrer ! ». Ali qui croyait à une blague au départ, a dû se raviser. L’affaire était sérieuse ! La scène se passait jeudi dernier à la mosquée centrale de Zongo. Des jeunes gens volontaires, sourire en bandoulière, filtraient toutes les entrées. Non sans avoir exigé aux fidèles de se laver les mains au savon devant les dispositifs (il y en a deux) disponibles et positionnés devant la mosquée. Et vérifier par ailleurs que le fidèle tient entre ses mains son tapis personnel. Il était 19 heures 03, l’heure de la quatrième (l’avant-dernière) prière de la journée. La voix rauque du muezzin transperçait l’horizon de ses décibels. Un soulagement pour des centaines de fidèles qui se réjouissent de revivre à nouveau la chaleur spirituelle la foi en commun, une convergence d’intentions. Cela calme, cela met plus en confiance. Contacté, El Hadj Abdul Jelili FASSASSI, secrétaire adjoint du Bureau de l’Union Islamique du Bénin, explique que plusieurs réunions ont été tenues avec les autorités du ministère en charge de la santé, à l’effet de comprendre l’ampleur de la pandémie au Bénin, mais surtout de contribuer à une riposte efficace contre le Covid-19. « Nous avons fait plusieurs propositions et suggestions pour protéger nos compatriotes », révèle El hadj FASSASSI. Le Secrétaire général de l’institution faîtière des musulmans ne dit pas autre chose. Il se confond en remerciement. « Nous voudrions remercier le gouvernement qui a mis à la disposition de la communauté musulmane des masques de protection, des dispositifs de lavage des mains, des gels hydro-alcooliques », a révélé le secrétaire général par ailleurs imam de la mosquée centrale d’Aidjedo.
Leçons apprises
L’expérience de Covid-19 nous aura appris à quel point nous les humains, sommes très vulnérables. La première leçon apprise est le lavage systématique des mains, un exercice pourtant habituelle aux musulmans au travers des ablutions. Toutefois, c’est à l’intérieur de la mosquée que l’adaptation est plus difficile : la distanciation casse la chaleur fraternelle. Mais elle est appliquée systématiquement par les fidèles. Quant au masque de protection, il est devenu un compagnon de tous les jours, au point où, ironie du sort, certains se demandent si les femmes musulmanes dans le monde en général n’étaient pas en avance à travers le voile islamique qui est sans conteste aussi un masque de protection contre les regards avides des hommes. Plus de salutations chaleureuses, on toussera et éternuera aussi dans les creux des coudes. Sur toute la ligne Coronavirus aura dicté sa loi. Le prix à payer pour mettre un terme définitif à un insolent virus qui aura endeuillé déjà des millions de famille de par le monde. Au Bénin, on semble être à l’abri de lourds bilans macabres. Vivement que cela dure.
Djibril BOUSSOU (Coll)
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