La situation des agents contractuels recrutés en 2014 au profit du ministère de l’économie et des finances reste préoccupante malgré les démarches entreprises par les concernés. Dans un entretien, le porte-parole des Ace 2014 du Mef, Issifou Allassane estime tout simplement qu’il n’y a pas d’avancées notables dans la régularisation de leur situation et plaide pour une intervention du Chef de l’Etat, Patrice Talon. Lisez plutôt!
Vous avez mené des démarches afin que votre situation administrative soit régularisée. Peut-on dire aujourd’hui qu’il y a eu d’avancées?
La situation a évolué en ce sens que nous savons que les autorités sont en train de travailler pour la parfaire. Cependant, on est resté sur notre soif parce qu’il est question ici de respecter les textes. Nous sommes dans cette logique, nous ne sommes pas dans la logique d’affrontement…Donc, il n’y a pas d’avancées significatives.
Nous avons, cependant, appris que vous auriez refusé les contrats. Qu’en est-il concrètement?
Pensez-vous que quelqu’un qui a fait seize mois sans salaire peut refuser de signer un contrat avec le contexte actuel du travail dans le monde et particulièrement au Bénin? Autre chose, pourquoi allons-nous au boulot si nous refusons le contrat. Nous n’avons jamais refusé de signer les contrats ; seulement que…les contrats violent les textes notamment le statut général de la fonction publique…Pourquoi aller en dehors de ces textes et nous présenter un contrat qui n’a rien à avoir avec les textes de la République, le statut de la fonction publique et également notre contrat de renouvellement pour nous demander de signer ? Je voudrais caricaturer pour vous dire : on vous signe un contrat de deux ans en tant que contrôleur des impôts, un deuxième contrat de deux ans en tant que contrôleur des impôts et on décide maintenant de vous donner un certificat de validité professionnelle et à ce niveau, on vous dit que vous êtes secrétaire. A vous de juger. De plus, lorsque nous prenons les contrats, d’abord, il y a trois types de contrats qu’on nous a présentés. Dans le premier contrat, il est mis contrôleur des services administratifs pour certains, secrétaire des services administratifs pour d’autres, des gens recrutés comme contrôleur des impôts. On s’est battu et le dernier lot de contrats qui devrait sortir, c’est le contrat des agents du cadre de vie et du développement durable où je suis en train de servir avec abnégation. A ce niveau, nous avons constaté que les contrats sont sortis avec le titre contrôleur des impôts. Mais à notre grande surprise, la semaine passée, ils ont ramené les contrats dans lesquels, il est mis contrôleur des services administratifs. On a dit nous sommes d’accord mais il y a un hic. Et le hic, c’était de corriger les dispositions suivantes : l’article 2 du contrat dit que nous sommes recrutés pour les ministères dans lesquels on a été redéployé de façon illégale. Parce que l’article 262 du statut général de la fonction publique dit qu’un contractuel de l’Etat est recruté pour servir dans son ministère et peut, après cinq ans de service, être envoyé dans d’autres structures du même ministère et non dans d’autres ministères. L’article 3 nous indique deux dates de prise de service, ce qui est inadmissible. L’article 5, on nous dit que nous sommes à la disposition des ministères où nous sommes redéployés. Nous avons une seule lettre de mise à disposition, c’est la lettre qui nous a mis à la disposition du MEF. La lettre qui nous a mis à disposition des 14 autres ministères, c’est une lettre de redéploiement. Nous exigeons tout simplement qu’on nous donne le contrat-type, modèle de tous les Ace, ce que les Ace ont signé. C’est ce que nous voulons, nous ne demandons pas plus que ça. Respecter un texte pose-t-il un problème? Respecter une loi pose-t-il un problème? La loi est faite pour être appliquée…A ce titre, je voudrais une fois encore rendre hommage au Président de la République qui s’exerce depuis sa prise de service à être vraiment attaché au respect des lois. Je voudrais également que ceux qui l’aident dans l’exercice de cette fonction, essaient de lui emboiter le pas car nous sommes en train de révéler le Bénin en ce qui concerne le respect des textes, le respect de la loi.
Que dites-vous des rumeurs selon lesquelles il y aurait une main
manipulatrice derrière vos réactions?
Même un bébé, dès qu’il a faim, il crie. Nous avons faim. 16 mois sans salaire, 5 ans sans avantages. Depuis que nous avons été recrutés, des efforts ont été faits pour donner des avantages à tous les agents de l’Etat sauf les 231 Ace recrutés en 2014 au profit du Ministère de l’économie et des finances. Pour quel péché? On ne saurait le dire…Tous les agents de l’Etat ont droit aux mêmes avantages. A ce titre, ceux qui pensent que nous sommes manipulés, je voudrais leur dire que personne d’entre nous n’est manipulé. Nous sommes en train de vouloir sécuriser notre emploi…Depuis 5 ans, notre contrat, notre emploi est devenu plus précaire parce qu’à tout moment, ils nous menacent de renvoi et effectivement, on renvoie. Je voudrais vous dire qu’aujourd’hui, ceux qui ont dit qu’ils ont signé le contrat sans exiger ce que nous exigeons, ne l’ont pas fait de gré. Ils l’ont fait de force, de peur d’être radiés. A ceux-là, je voudrais leur dire qu’ils ont reporté leur radiation à demain parce que nous avons vu ici avec les contractuels reversés dans l’enseignement, nous avons vu comment on leur a demandé de composer…Nous demandons tout simplement de respecter les textes…Nous ne sommes pas manipulés, nous ne faisons pas un bras de fer avec l’autorité…Aujourd’hui, nos collègues qui ont signé le contrat l’ont fait de force parce qu’on leur a dit que s’il ne le faites pas, on va rendre compte en Conseil des ministres et ils seront radiés. Le Conseil des ministres, le gouvernement du Président Patrice Talon n’est pas là pour faire mal aux citoyens. Le Conseil des ministres, pour ma part, se réunit pour le bonheur et non pour le malheur des citoyens.
Un appel à l’endroit des autorités
je voudrais d’abord dire au Chef de l’Etat que les 231 familles prient pour lui et que nous sommes dans la logique de lui dire que ses enfants souffrent et qu’on a que lui et Dieu pour nous défendre. Nous savons la justesse avec laquelle il traite les dossiers, l’impartialité avec laquelle il traite les dossiers de ces concitoyens. Excellence, Monsieur le Président de la République, les 231 familles souffrent et vous demandent secours. Nous savons que vous allez vraiment nous aider à sortir de cette situation difficile dans laquelle non seulement nos enfants, pendant cinq ans, ont été déscolarisés mais aussi nous-mêmes, nous vivons dans une précarité totale. Excellence, monsieur le ministre de l’économie et des finances, nous savons que vous n’avez pas les contrats qu’on nous a présentés car vous nous demanderez simplement de ne pas signer ces contrats si seulement vous les avez vus. Ces contrats ne respectent pas les textes de la République. A monsieur, le ministre de l’économie et des finances, notre rencontre est providentielle, seul Dieu peut nous séparer. Nous sommes convaincus que vous allez nous rappeler pour travailler à vos côtés pour l’atteinte de vos objectifs. Monsieur, le ministre, nous sommes vos frères et ne croyez point à ce que nous sommes derrière tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux…Nous allons au service depuis quelques mois sans aucun kopeck. Excellence, Monsieur le Président de la République, sauvez-nous!