Les élections terminées, les conseils communaux et municipaux installés, le temps est venu pour le pouvoir de la Rupture de gérer les frustrations et mécontentements. Dans bien des communes, des serviteurs ‘’loyaux’’, annoncés comme maires, ne se sont plus retrouvés sur la ligne d’arrivée. Il faut bien leur trouver un point de chute. Bien souvent, pour certains anciens maires qui n’ont pu rempiler, le poste de préfet sert à les caser. Le cas du Littoral est symptomatique.
En effet, cela fait déjà plus d’un an que le préfet de l’Atlantique Jean-Claude Codjia assure l’intérim du Littoral. Depuis février 2019, où Modeste Toboula a été relevé de ses fonctions, le gouvernement n’a pu trouver l’homme idéal pour le job. A l’orée de cette 4e mandature de la décentralisation, cette situation risque de prendre fin. De deux choses, l’une. Soit le chef de l’Etat confirme le préfet intérimaire Jean Claude Codjia à ce poste. Dans ce cas, il lui trouve un remplaçant pour l’Atlantique. L’autre option, il décide de nommer une nouvelle tête. Le cas échéant, Patrice Talon pourrait faire d’une pierre deux coups en choisissant Isidore Gnonlonfoun.
Maire intérimaire de Cotonou depuis le 31 juillet 2017, Isidore Gnonlonfoun n’avait pas dit son aversion pour le poste quand son successeur titulaire a été désigné pour la mandature 2020-2026. Luc Atrokpo s’installe avec une nouvelle équipe et le nom d’Isidore Gnonlonfoun, pourtant conseiller élu sur la liste de l’Union progressiste, ne figure nulle part au sein de l’exécutif municipal. Il ne fallait pas plus pour alimenter les rumeurs sur sa prochaine chute, la préfecture de Cotonou. Les raisons ne manquent pas. Pendant trois ans, à la tête de la première ville du Bénin, l’homme a été un exécutant de la politique gouvernementale au plan décentralisé. Les rues de la capitale économique sont balayées toutes les nuits, les ordures sur les terre-pleins centraux ne sont plus le quotidien des populations de Cotonou. Engagé dans la course pour les communales, Isidore Gnonlonfoun savait bien que Luc Atrokpo était le probable choix du parti pour le fauteuil municipal. Pourtant, il n’a fait aucune contre campagne. Il a respecté la discipline de groupe.
Pour son parti l’Up et pour le chef de l’Etat, il sera difficile de ne point trouver à l’homme un point de chute qui valorise mieux le maire intérimaire qu’il a été. En le nommant préfet, Patrice Talon pourrait régler le problème d’intérim qui dure depuis plus d’un an, en même temps récompenser l’homme pour sa loyauté. À un nouveau maire titulaire, un nouveau préfet titulaire ? Seul le chef de l’État, à travers ses ministres, a ce pouvoir discrétionnaire de nommer qui il veut et quand il veut à tel ou tel poste.