En politique, rien n’est jamais sûr. Quand bien même on a l’impression que les dés sont déjà jetés, il y a toujours une part d’incertitude qui donne du piquant au jeu. A la veille des municipales et communales tenues le dimanche 17 mai dernier, beaucoup d’acteurs politiques, convaincus de leur charisme et de leur popularité, considéraient ce scrutin comme une simple formalité. Mais au terme du dépouillement, que de désillusions ! Des leaders avérés qui ont toujours fait leurs preuves dans les urnes ont reçu un coup de massue. C’est ainsi que la plupart des maires sortants, même ceux qui peuvent se prévaloir d’un bon bilan, ont été contraints de passer service. Sur les 77, seulement 7 ont réussi à sauver leur tête. Ces rescapés que l’on retrouve à Lalo, Toviklin, Houéyogbé, Zogbodomey, Dassa, Ouèssè et Banikoara peuvent être considérés, toutes proportions gardées, comme de redoutables animaux politiques.
Alors que beaucoup ont été naufragés, ils ont vaillamment résisté aux assauts de la réforme du système partisan. En conservant son fauteuil à Lalo, William Fangbédji revient de loin. Il continue sereinement son séjour à la tête de sa commune. Puisque les mandats électifs se suivent mais ne se ressemblent pas, il est astreint à mouiller le maillot mieux que par le passé pour donner raison à son parti qui l’a désigné. Il a eu le temps d’apprendre ces dernières années. Les erreurs comptabilisées en acquis lui serviront de catalyseur pour des résultats probants. Son alter ego, Rigobert Tozo de Toviklin bénéficie également d’une seconde chance pour traduire en actes sa vision pour la localité. Réaliser des exploits pour le bonheur de ses administrés, tel est son nouveau cahier de charges. A lui de remettre ses collaborateurs au travail et surtout de montrer l’exemple. L’expérience dans la gestion de la cité est son principal atout.
Dans le Zou, David Towèdjè de Zogbodomey bénéficie de la confiance de son parti qui l’a maintenu au poste. Une prouesse pour cet élu dont le siège a été âprement disputé. Sa victoire, loin d’être une fin en soi, est plutôt perçue comme une occasion pour mieux faire. A Dassa, Nicaise Fagnon a eu des sueurs froides. Au départ, selon les premiers résultats, il n’avait aucune assurance de prolonger son séjour à la tête de la mairie. Il a fallu que le juge électoral vide le contentieux et que son parti se prononce en sa faveur pour qu’il pousse un ouf de soulagement. Il a carte blanche pour poursuivre son aventure dans la cité des Omondjagoun. A Ouèssè comme à Banikoara, Firmin Akpo et Sarako Bio Tamou demeurent les maîtres de leurs territoires respectifs. Chacun d’eux saura user de la stratégie appropriée pour impacter positivement leurs mandants. De toutes les manières, ils gagneraient à ne pas être des maires bureaucrates.
Le doyen des maires en exercice siège dans le Mono. Cyriaque Domingo qu’on ne présente plus fait montre d’un leadership exemplaire. Sa maîtrise de la commune de Houéyogbé met en déroute tous ses adversaires. Depuis au moins 17 ans, son charisme n’a pris aucune ride. Elu maire en 2003, il s’est retrouvé à l’Assemblée nationale en 2007 et 2011. En 2015, il est revenu vers ses premières amours en reprenant le poste de maire. Cette année encore, son adhésion au Bloc républicain a porté chance au parti. Sans tambour ni trompette, il a obtenu une fois encore plus de la moitié des sièges en compétition. Et c’est sans surprise que son parti lui a réitéré sa confiance en lui confiant les rênes de la mairie. Le parcours sans faute de ce baobab politique ne court pas les rues. Jusqu’à nouvel ordre, il faudra davantage compter avec lui dans la 6ème circonscription électorale. Loin de dormir sur ses lauriers, cette nouvelle consécration l’oblige à redoubler d’ardeur au profit de ses administrés.