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Résilience aux changements climatiques à Savalou: Le Pmsd au chevet de Damè et d’Aouiankanmè

Publié le vendredi 12 juin 2020  |  La Nation
L`agriculture
© aCotonou.com par DR
L`agriculture au Bénin
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Par Valentin SOVIDE, AR/Zou-Collines,
Aouiankanmè et Damè sont deux localités enclavées de l’arrondissement de Lahotan dans la commune de Savalou où les conditions de vie sont des plus pénibles. Un sol essentiellement rocailleux qui ne laisse aucune place à l’eau pourtant indispensable à la vie. Mais, depuis quelques mois, les populations, notamment les femmes reprennent goût à la vie grâce à l’appui du Projet moyens de subsistance durable (Pmsd) qui a réalisé des infrastructures intelligentes et qui les initie à des activités génératrices de revenus.

Afin d’assister les populations vulnérables à mieux s’adapter aux affres des changements climatiques, il a été mis en œuvre le Projet de renforcement de la résilience des moyens de subsistance ruraux et du système de gouvernance national et infranational face aux risques et à la variabilité du climat au Bénin encore appelé Projet moyens de subsistance durable (Pmsd).
Ce projet est exécuté par le Centre de partenariat et d’expertise pour le développement durable (Ceped) avec comme partenaires techniques et financiers, le Fonds pour l’environnement mondial (Fem) et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Couvrant Avrankou
(Kotan et Danmè-Kpossou), Bohicon (Zakanmè), Bopa (Agbodji et Sèhomi), Ouaké (Kadolasi et Kpakpalaré) et Savalou (Aouiankanmè et Damé), le Pmsd, assure Marie José Kogbéto, s’est engagé à soutenir une agriculture résiliente, mettre en place des moyens de subsistance durables et intégrer les considérations relatives aux risques climatiques dans les processus de planification aux niveaux national et infranational afin que les communautés locales soient moins vulnérables aux changements climatiques.
Il s’agit de faire en sorte que les changements climatiques et l’égalité des sexes soient inclus dans les plans et budgets de développement aux niveaux national et local. Que les infrastructures agricoles productives et les compétences humaines pour faire face à l’altération des régimes pluviométriques soient améliorées. Ceci pour une meilleure adaptation des collectivités à travers une plus grande diversification des activités génératrices de revenus.

Subsistance alternative pour 4000 personnes

Aujourd’hui, pas moins de neuf infrastructures de collecte de l’eau résistantes au climat à petite échelle sont conçues et mises en œuvre dans les neuf villages ciblés. Les risques d’inondation et d’érosion des berges sont réduits grâce à la stabilisation des talus des berges critiques en utilisant au moins 300 ha de plantations de bambous. Des pratiques résilientes telles que les techniques d’irrigation goutte à goutte ou les semences améliorées à cycle court sont adoptées par au moins 300 ménages dans les cinq communes ciblées. La dépendance et la vulnérabilité de la population ciblée aux effets du changement climatique sont réduites grâce à l’introduction de moyens de subsistance alternatifs pour environ 4000 personnes.
Trois mille deux cent quatre-vingt-et-une (3 281) femmes sont formées aux moyens de subsistance alternatifs à l’agriculture pour mieux faire face aux impacts du changement climatique. Il faut aussi noter le renforcement des capacités de 300 entrepreneurs ruraux et de 50 Pme (visant 50 % de femmes) à élaborer des plans d’entreprise dans le domaine de l’artisanat durable et de la fabrication à petite échelle afin de stimuler l’emploi et l’augmentation des recettes.
A Aouiankanmè, un site de plus de deux hectares est aménagé et accueille 149 personnes qui y font du maraîchage. A Adamè, dans le village voisin, ce sont 73 personnes qui interviennent sur un hectare aménagé. Sur les deux sites qui disposent des barrages hydrauliques avec un système d’irrigation, des femmes et hommes cultivent toutes sortes de produits maraîchers qu’ils mettent en vente. Ce qui leur a permis d’améliorer considérablement leurs conditions de vie.
Et le Pmsd ne s’arrête pas en si bon chemin. Il continue d’accompagner les bénéficiaires avec un suivi permanent sur les sites. A cet effet, vendredi 5 juin dernier, dans le cadre du plan de formation des bénéficiaires, il a été organisé, sur le terrain à Lahotan une séance d’initiation à la tenue des comptes d’exploitation pour une bonne gestion de leur activité. Cette formation était exclusivement destinée aux bénéficiaires des sites de Savalou et une soixantaine y ont pris part.
LIRE AUSSI: Forum national sur la femme béninoise:Tracer les sillons d’un nouveau départ pour la promotion de la femme

—————————– Appréciations de quelques acteurs clés sur le terrain ———-

Roger Ahossi, Sg par intérim de la mairie

« Savalou s’honore aujourd’hui d’attirer la foule pour ses produits maraîchers »,

Avant le site de maraîchage, je voudrais parler de la retenue d’eau parce qu’au début, il y a environ un an, nous étions venus ici et c’était une brousse, et le projet Pmsd a décidé d’accompagner la commune de Savalou en améliorant les conditions de vie des populations pour s’adapter aux effets néfastes du changement climatique ; parce que dans ce village comme partout ailleurs dans Savalou, il y a un problème d’eau. En saison sèche, les populations n’ont d’autres activités que les loisirs. Avec le projet, la retenue d’eau a été installée et un périmètre d’environ deux hectares a été aménagé pour des activités de maraîchage. Ces activités n’étaient jamais menées dans la localité auparavant. Sur le terrain, les femmes sont vraiment enthousiastes de pouvoir bénéficier de ces genres de formation parce que, dans le passé, c’est dans les autres communes telles que Dassa, Bohicon et Glazoué, qu’on allait chercher les produits maraîchers. Aujourd’hui, Savalou aussi va attirer une foule pour l’approvisionnement en produits maraîchers.

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Dodékon Azonhiwé, jardinière bénéficiaire

« Les femmes étaient démunies ici, mais aujourd’hui nous avons des revenus »

Nous cultivons la tomate, le piment rond, la grande morelle, le crincrin, le légume ” fotêtê”. Ils étaient venus nous informer du projet et nous avions prié pour qu’il soit réalisé et par la grâce de Dieu, nous assistons aujourd’hui à sa réalisation. Les femmes sont démunies ici ; mais quand nous avons commencé, nous voyons maintenant qu’il n’y a que des avantages. Il y en a tellement que je ne peux les citer tous. Par exemple, nous vendons nos produits et trouvons de l’argent sans oublier que nous-mêmes en consommons. Avec cet argent, nous arrivons à payer la scolarité de nos enfants ; quand nos époux manquent de moyens pour faire face aux autres charges du foyer, nous leur venons en aide. Nous parlons du projet à nos sœurs qui n’ont pas pu ou qui n’ont pas voulu y participer afin qu’elles viennent en bénéficier.
Nous sommes ici depuis trois (3) mois. Pour la vente des produits, nous informons nos acheteurs et ils viennent. Par exemple pour le crincrin, au départ ça n’a pas beaucoup donné mais actuellement, nous en avons suffisamment et nous vendons cinq (5) billons à 2500 francs Cfa. Au temps où nous n’en avions pas suffisamment, c’était à 5000 francs ou 6000 francs au plus bas prix.
Avant de commencer la culture maraîchère, nous avons d’abord reçu une formation puisqu’auparavant, nous ne cultivions qu’avec les connaissances et les méthodes traditionnelles mais là où nous en sommes maintenant, même si les formateurs s’en vont, nous pouvons bien travailler et vivre de cette activité agricole.
Aubin K. Fafeh, expert en adaptation aux changements climatiques sur le Pmsd
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« Nous travaillons à renforcer la résilience des populations »

Dans la commune de Savalou comme ailleurs dans le pays, l’agriculture est une activité qui occupe plus de 50 % de la population. Il s’est fait qu’il y a eu un choc mondial, des changements climatiques qui impactent négativement ce secteur qui procure quand même de revenus à une grande partie de la population. Alors, il a fallu penser à renforcer la résilience des populations qui vivent de ce métier, l’agriculture. C’est ça qui nous a amenés à réaliser des infrastructures intelligentes par rapport au climat pour pouvoir soulager un peu les populations et leur permettre de maintenir à un niveau acceptable leurs revenus qu’elles peuvent utiliser pour satisfaire leurs besoins de base.
Avec la capacité de notre retenue aujourd’hui, nous pouvons alimenter les trois hectares que nous avons retenus dans le cadre du projet. Nous pouvons donc alimenter l’ensemble de ces trois hectares sur toute l’année, 365 j/365.

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Marie-José Kogbéto, Coordonnatrice nationale du Pmsd

« Nous aidons les communautés à mieux s’organiser pour résister aux changements climatiques »

Nous aidons les communautés à mieux s’organiser pour résister aux changements climatiques. La communauté de Aouiankanmè et de Damè est une communauté agricole certes, mais il y a des activités que nous appelons des activités alternatives qui n’y étaient pas menées. Avec les questions de changements climatiques, la production n’est plus la même, les rendements ont chuté d’une certaine manière et il fallait trouver quelque chose de plus pour leur permettre, même après les cultures pluviales, de toujours continuer de mener les activités agricoles pour pouvoir toujours avoir des revenus complémentaires. A cet effet, nous avons, avec l’appui du Fem, mis en place des infrastructures résilientes pour toujours mener des activités agricoles, en l’occurrence les cultures maraîchères. C’est un projet qui vient compléter ce que faisaient les populations.
Le projet a une durée de vie et le projet vient pour mener des activités que nous appelons
« activités levier ». Donc le projet n’est pas conçu ou élaboré pour durer tout le temps. C’est un projet pour renforcer les capacités au niveau local pour permettre aux autorités locales de saisir et de voir les opportunités et les potentialités de leurs territoires.


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Victorin Atadé, époux d’une jardinière bénéficiaire :

« Grâce à cette activité, ma femme me soulage »

Avant, pour quitter la maison, si je n’arrivais pas à déposer quelque chose, elle m’appelait pour réclamer. Mais depuis qu’elle a commencé le travail ici, j’ai constaté que même avant mon arrivée, elle prépare déjà avec ce qu’elle gagne ici. Mieux, elle achète même des habits pour les enfants et paye aussi la scolarité parfois. Donc je peux dire que ça a changé considérablement.
Il y a certains villages qui n’ont pas bénéficié de ce projet. Je demande au gouvernement de penser aux autres villages et aux autres arrondissements de la commune de Savalou.

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Bruno Enangnon Hounkponou, entrepreneur agricole et formateur :

« J’avoue que c’est la joie totale chez les bénéficiaires et on note un changement »

Les bénéficiaires sont les habitants du village (…) dans l’arrondissement de Lahotan dans la commune de Savalou. Ce site maraîcher s’étend sur 2,5 hectares et nous avons au total 149 bénéficiaires. Au départ, c’était 127 mais avec l’engouement, nous nous sommes retrouvés à 149. Il était prévu 1300 tranches mais à ce jour, nous sommes à 2350 tranches environ et les femmes sont majoritaires et font environ 80 % alors que les hommes font 20 %. Nous avons comme spéculations le gombo, le piment rond, le piment long, la tomate, le crincrin, la grande morelle. Il faut dire également que sur ce site, nous avons commencé la récolte, il y a trois semaines pour le gombo. Nous récoltons environ huit sacs de 100 kg tous les trois jours là où nous en sommes. Je vous avoue, c’est une joie totale chez les bénéficiaires et on note un changement dans leur quotidien.
De l’autre côté du barrage, il y a un domaine qui n’était même pas prévu pour le maraîchage. Les femmes du groupe ont pris d’assaut ce domaine d’environ 2600m2 qu’elles ont aménagé elles-mêmes sans aucun système d’irrigation. Avec les connaissances acquises lors des différentes formations que nous avons animées, elles ont aménagé l’espace afin d’installer les spéculations. C’est la preuve qu’elles ont compris l’importance de cette activité pour sortir de la précarité.

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