Yayi ne partira pas. Contrairement à ceux qui croyaient que le Chef de l’Etat allait démissionner par suite des nombreux camouflets qu’il accumule, Boni Yayi est apparu hier à la télévision. Recevant des mains de l’ambassadeur de France une deuxième invitation à participer au sommet de l’Elysée, l’homme a affiché une sérénité qui tranche avec l’abattement et la dévastation psychologique qu’on attendait. Il s’est même permis de se faire interviewer et de vanter les mérites de la coopération franco-béninoise, assurant par ailleurs qu’il entendait répondre favorablement à l’invitation de François Hollande. Malgré cette insouciance affichée, la décision de la cour d’appel de Paris ne manquera pas d’avoir des conséquences notoires au plan politique.
Le pouvoir perd de sa superbe
On savait déjà que l’avènement de Boni Yayi au pouvoir a touché à la respectabilité de la fonction présidentielle. Mais les camouflets successifs alignés ces temps derniers ont considérablement affaibli l’autorité du Chef de l’Etat. Le citoyen ordinaire a le sentiment que l’Etat se fourvoie constamment en initiatives inutiles et dangereuses pour la république. Et que le Président de la république est devenu un handicap au lieu d’être une solution.
Le coup qu’a pris la mouvance
Jusqu’à l’heure où nous mettons sous presse, la mouvance présidentielle n’a pas officiellement réagi à la décision de Paris. Conciliables et consultations continuent, signes de la gêne générale. Ceux qui ont marché hier ont visiblement du mal aujourd’hui à sortir la tête face à des décisions de justice qui ont constamment remis en cause leur idole. La pilule est d’autant plus amère que les populations, par le biais des médias, ne perçoivent des décisions de justice qu’une sombre machination ourdie contre l’homme d’affaires. C’est sûr que les prochains marcheurs se feront plus discrets.
Talon en 2016 ?
C’est la question que nombre d’observateurs se posent. Au regard de la grande médiatisation de l’affaire, l’opérateur économique est sans conteste l’homme le plus célèbre du moment. Certains lui prêtent déjà des ambitions présidentielles. Mais il lui faudra d’abord affronter de nombreux déboires judiciaires que lui ont promis hier les avocats de Boni Yayi. A défaut, l’homme peut jeter son dévolu sur quelques-uns acteurs importants de son entourage. Pour l’heure, c’est lui-même qui tient les premiers rôles et ne boude point son plaisir.
La soif de vengeance de Yayi
Tous les hommes politiques qui seront soupçonnés de sympathie avec Patrice Talon risquent de subir les foudres de la présidence. Beaucoup se cachent d’ailleurs, sauf les plus téméraires. Boni Yayi n’est pas homme à pardonner ni à laisser passer facilement, après les camouflets judiciaires encaissés.
Fin de règne chaotique
La fin de règne, déjà perceptible depuis quelques mois s’annonce précipitée. Des défections sont à prévoir mais aussi des déballages de personnalités qui voudront se démarquer pour rebondir. Le chef de l’Etat aura alors le devoir de rendre la chute moins douloureuse pour lui et ses compatriotes à l’heure où les signes d’incertitude s’accumulent.