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Grogne et remous à l’Ambassade du Bénin au Danemark

Publié le vendredi 19 juin 2020  |  24 heures au Bénin
Grogne
© Autre presse par DR
Grogne et remous à l’Ambassade du Bénin au Danemark
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L’ambassade du Bénin à Copenhague fait depuis quelques semaines l’objet de vives critiques. En dehors des travaux de réfection de plusieurs dizaines de millions- engagés à quelques semaines de sa fermeture officielle prévue pour le 31 juillet - l’ambassadeur Eusèbe Agbangla est accusé de mauvais traitements de plusieurs agents dont certains réclament vainement leurs indemnités de licenciement.

Grégoire Hoyeton

Ça grogne à l’ambassade du Bénin au Danemark. Alors qu’elle s’apprête à fermer ses portes le 31 juillet comme l’a souhaité le gouvernement, l’ambassade du Bénin à Copenhague semble bien avoir d’autres problèmes. Tel un navire secoué par des vagues en haute mer, la maison dirigée par Eusèbe Agbangla a perdu la sérénité et la quiétude connues pour la plupart des chancelleries à travers le monde. Les accusations viennent de l’intérieur comme de l’extérieur et incriminent les choix faits par l’ambassadeur. Il s’agit en premier des travaux de réfection de l’ambassade. En effet, il y a quelques semaines, l’ambassadeur a entamé des travaux de réfection de l’ambassade. Ceux-ci concernent les travaux de maçonnerie, de revêtement de mur et de finition. Plusieurs sources racontent que près de 300 millions F CFA ont été engloutis dans ces travaux. Faux, rétorque l’ambassadeur qui affirme n’avoir reçu « qu’un transfert de crédits de 198 millions » à la date du 17 juin 2020. Il précise aussi que ces travaux inscrits au Programme d’Investissement Public(PIP) sur la ligne « rénovation de l’ambassade du Bénin à Danemark » ont commencé avant la décision de fermeture de l’ambassade. Les travaux concernent prioritairement la reconstruction d’un mur qui fait office de clôture de l’ambassade.
« L’ambassade est complètement dégradé et la commune nous interpelle et ça pose un problème par rapport à l’image de notre pays. La commune nous interpelle tout le temps parce qu’il y a un pan d’un mur qui donne dans une rue très fréquentée et ce mur est entrain de tomber. Ce n’est pas du tout bon et j’ai rendu compte à mon ministre qui a instruit le dossier en Conseil des ministres et ensemble avec le gouvernement, on a décidé de reconstruire », explique l’ambassadeur. Ces explications laissent néanmoins quelques points d’ombre qui font croire à certains que lesdits travaux ont été engagés pour d’autres objectifs. Car, selon des confidences de certains agents de la même ambassade l’état de dégradation du mur n’était pas aussi inquiétant pour nécessiter une reconstruction. Si c’était le cas, pourquoi c’est à quelques mois de la fermeture de cette ambassade qu’on découvre subitement l’état de dégradation d’un mur. Les brouilles entre l’ambassadeur et le premier entrepreneur remplacé par un autre deux semaines après n’ont fait qu’augmenter les soupçons. Pourquoi le gouvernement engage autant d’argent- près de 200 millions selon les dires de l’ambassadeur- pour réfectionner une bâtisse qu’il sera obligé dans quelques mois de louer ou de vendre ? Car, selon l’ambassadeur, « l’ambassade est une propriété du gouvernement qui peut décider de le louer ou de le vendre ». Il reconnaît avoir changé d’entrepreneur car le premier avait abandonné les travaux suite à un litige sur l’offre financier.

Guerre épistolaire

Outre ce dossier de réfection de l’ambassade avec ses soupçons et ses polémiques, Eusèbe Agbangla doit faire à une autre patate chaude. Il s’agit du paiement des indemnités de licenciement ou non aux agents recrutés locaux. En effet, en dehors des agents envoyés par l’Etat sous la bannière « personnel diplomatique », l’ambassade recrute sur place du personnel d’appui. L’ambassade du Bénin au Danemark en possède quelques uns. Il s’agit d’un chauffeur de service de nationalité béninoise, d’une secrétaire-standardiste de nationalité danoise et d’une huissière de nationalité ivoirienne. Dans un courrier adressé au Secrétaire général du Ministère des Affaires Etrangères, et de la Coopération, l’ambassadeur expliquait que de l’avis de l’avocat-conseil, « l’ambassade ne serait pas contrainte de verser des indemnités de licenciement mais plutôt une indemnité de congés non payés, dont le calcul répond à un mode qu’on pourrait obtenir auprès d’organismes spécialisés danois comme « Arbejdsmarkedets feriefond-Aff ou Danload ». Ceci parce que ce licenciement n’est pas dû à une raison économique mais une raison de force majeure dans la mesure où elle résulte de la volonté du gouvernement de revoir sa carte diplomatique dans le monde, décision à laquelle l’ambassade ne saurait se soustraire. Dans différents courriers, il a expliqué cette situation aux intéressés eux-mêmes en les rassurant du paiement de paiement de leurs salaires jusqu’à résiliation totale du contrat et des durées de préavis de trois mois pour la secrétaire-standardiste et l’huissière et un mois pour le chauffeur de service. Cette décision a été contestée par la secrétaire standardiste et l’huissière. Cette dernière se fend d’un courrier envoyé à l’ambassadeur dans lequel elle s’oppose, sur l’avis de son avocat personnel, à la décision de l’ambassade de ne pas payer ses indemnités de licenciement sous prétexte que ce n’est pas un licenciement économique. S’en est suivie une guerre épistolaire ou l’un accuse l’autre. L’ambassadeur qui accuse l’huissière d’absentéisme, de désinvolture et de négligence professionnelle tandis que cette dernière accuse son patron de manque de solidarité et de compassion. Cette ambiance délétère à l’ambassade est envenimée par un dernier courrier de l’ambassadeur qui rend le paiement des salaires du mois de juin aux agents locaux consécutifs à la présentation à l’ambassade les preuves du paiement des cotisations sociales et fiscales et du versement de la Pension Complémentaire du Marché du Travail(ATP) qui est de 40 euros et qui doit être versée pendant l’employé. Une autre polémique, un autre bras de fer s’installe entre l’ambassadeur Eusèbe Agbangla et ses agents locaux. Accusé aussi de traitements dégradants envers certains de ses agents, l’ambassadeur du Bénin au Danemark est visiblement entrain de vivre une fin de mission diplomatique très pénible. Et son image autant que celle du Bénin en reçoivent un gros discrédit.
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