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Le veuvage : Supplice ou manifestation de la solidarité familiale en milieu baatonu

Publié le mardi 23 juin 2020  |  24 heures au Bénin
Bénin:
© Autre presse par DR
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Dans la plupart des communautés au Bénin, que d’épreuves attendent les femmes qui viennent de perdre leur conjoint. En milieu Baatonu, tant d’exigences entourent la pratique du veuvage à laquelle elles sont également soumises. Au nom de la tradition, tout ce passe dans un silence complice.

Peuple du nord-est du Bénin, les Baatonu restent accrochés au respect de leurs traditions. C’est le cas avec le veuvage. Malgré l’invasion de l’islam, du christianisme et des religions révélées, ils ont permis aux rituels liés à cette pratique, de ne pas perdre leur importance. L’objectif est d’amener la conjointe d’un Baatonu décédé, à vaincre sa douleur ou surmonter sa souffrance. Au détour de diverses épreuves, il s’agit de la libérer des obligations contractuelles envers lui.
Tout un cérémonial autour
Selon la tradition Baatonu, avant de subir les rites du veuvage, il faut que ce soit l’homme qui l’ait marié et doté, alors qu’elle était encore une jeune fille. Dans le cas contraire, elle ne peut être considérée comme sa veuve, quel que soit le nombre d’enfants qu’ils ont eu.
En effet, aussitôt après le décès d’un Baatonu, la femme avec laquelle il s’est marié et a créé son foyer, est entouré par les vieilles femmes de la famille. Avant de lui retirer tout ce qu’elle porte comme bijoux, elles vont l’isoler quelque part.

Installée sur une natte, elle garde ses pieds allongés jusqu’à l’enterrement. « La nuit tombée, on va la chercher pour venir rester, en compagnie des vieilles femmes ou des femmes de sa génération, dans une chambre aménagée pour la circonstance », explique le journaliste à la retraite, Jacques Bagoudou.
Le visage voilé et un pagne traditionnel ceint au niveau de la poitrine, elle est d’abord conduite sur la tombe de son défunt époux, avant de rentrer dans la chambre pour le veuvage. Elle la touche simplement et y passe quelques instants.
Pour accéder à la chambre, c’est en reculant qu’elle le fera. D’ailleurs, interdiction lui est faite, d’en sortir seule. Elle y reste assise toute la journée sur une natte. C’est pour y passer aussi ses nuits. Même pour aller se soulager, elle doit se faire accompagner par les vieilles.
A l’entrée de la chambre de son conjoint, il y a un coussin de paille sur lequel est posée une petite jarre remplie d’eau et de feuilles de karité et de néré. C’est pour permettre aux visiteurs du monde auquel appartient désormais son conjoint, d’étancher leur soif.
Il y a un couteau traditionnel qu’elle tient dans tous ses déplacements. Selon le vieux Jacques Bagoudou, il lui permet de se défendre contre certains esprits mauvais qui accompagne son mari et qui voudront s’en prendre à elle. Dans sa main gauche, fait-il remarquer, la veuve tient en plus du couteau, une petite calebasse peinte en rouge et dans laquelle, se trouvent 3 morceaux de tiges rassemblés et dont les bouts sont attachés avec des fils blancs et noirs.
A l’arrivée des visiteurs, elle doit se mettre à pleurer et se lamenter, sans pour autant chercher à les dévisager. Ces derniers louent son courage, en lui lançant « Katoukabou ».
Des morceaux spécifiques prélevés sur l’animal abattu au cours des obsèques sont réservés pour ses repas dont la préparation est confiée à une vieille appelée Yon yankuru. Cette dernière étant appelée à diriger toute la cérémonie de veuvage, ce n’est pas la première venue qui s’occupe de ses propres repas. « En les préparant, celle sur qui le choix s’est porté ne doit pas adresser la parole ou répondre à qui que ce soit », explique Jacques Bagoudou. Le Yon yankuru a également l’obligation de ne pas manger seule. Elle partage son repas avec une autre personne de sa génération susceptible de la remplacer. Cette dernière a comme mission, d’empêcher les mouches de s’y poser. Le cérémonial va durer au moins une semaine. A partir du 8e jour, la veuve quitte le domicile conjugal pour une période de 4 mois. C’est pour rejoindre sa famille ou un de ses proches.
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