Elles retentissent à nouveau, les alertes à l’inondation à Cotonou et à Abomey-Calavi. De plain-pied dans la Grande Saison, la capitale économique du Bénin et la cité dortoir n’en peuvent plus d’être arrosées et voient déjà leurs rues submergées par l’intensité des précipitations de ces derniers jours. « Les rues sont prises d’assaut par l’eau. Les maisons sont occupées par l’eau et c’est très pénible pour le commun des mortels de circuler à Cotonou. Nous ne souhaitons pas le pire mais ce qui est sûr est que les mêmes phénomènes qui se posent chaque année reviennent à nouveau », déplore Dr Flavien Dovonou, Spécialiste en Management de l’Environnement.
En une semaine, les pluviomètres ont enregistré plus de 200 mm de hauteur de pluie à Cotonou et un peu plus à Abomey-Calavi. Une tendance qui se justifie aisément selon Boris Anato, Directeur des Prévisions à Météo Bénin. « Au niveau la bande côtière, nous allons observer une situation excédentaire. La quantité de pluies attendue va dépasser la normale. Pour la probabilité d’avoir des pluies de plus de 50 mm, cette probabilité est faible sur l’ensemble du pays à l’exception de la bande côtière où la probabilité avoisine même les 60% », explique le météorologue.
« Constat amer », selon le maire d’Abomey-Calavi
Sur le terrain, c’est le calvaire. Difficile de rejoindre Ouèdo par Togba. Impossible de retrouver sa maison sans mettre les pieds dans l’eau dans certains quartiers à Zogbadjè. Dans la cité dortoir, le maire Angelo Ahouandjinou se dit préoccupé. « Le constat a été amer. La population est sous l’eau dans presque tous nos arrondissements. Certains ont été obligés d’abandonner leurs domiciles. Nous sommes actuellement en train de réfléchir à ce qu’il faut faire en urgence. Déjà, le Préfet a envoyé les sapeurs-pompiers dans les localités de Godomey pour les soulager un tant soit peu en faisant sortir l’eau de leurs maisons. On en était là quand la pluie a encore repris. Pendant ce temps à Agori, c’est le comble. A Alégléta dans Togoudo, A Yénadjro, c’est pareil. La population est sous l’eau » explique Angelo Ahouandjinou.
Abomey-Calavi, un même destin que Cotonou ?
Bien qu’étend sur un plateau, Abomey-Calavi se retrouve presque à vivre les mêmes situations que Cotonou. Le nouveau maire indexe ceux qui ont construit sur les exutoires de l’eau. « A certains endroits, certains habitants ont mal construit. Ils ont empêché la circulation de l’eau. Nous aurons à interpeller ces derniers. Force doit rester à la loi », martèle l’autorité communale.
Dans une interview accordée à Fraternité deux ans plus tôt, le Professeur Léon Bani Bio Bigou avertissait sur une transposition des problèmes de Cotonou vers Calavi. « Comme il y a la concentration, il n’y a pas eu d’autres solutions. On ne fait que transposer les problèmes de Cotonou à Abomey-Calavi. Abomey-Calavi devrait tirer leçon de ce qui se passe à Cotonou. Surtout que c’est le plateau, il faut voir de quels types d’infrastructures auront besoin les services qu’on peut déplacer de Cotonou », faisait-il remarquer. Et quand on sait que la fin de la saison va connaître un retard, et que les pluies ne sont donc pas près de s’arrêter, Luc Attrokpo et Angelo Ahouandjinou, respectivement maire de Cotonou et de Abomey-Calavi ont du boulot.