Les partis politiques, les responsables des organes de presse impliqués dans la campagne médiatique des élections municipales et communales de 2020, les responsables de la Commission électorale nationale autonome (Cena) et les Conseillers de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication ont pris part le lundi 22 juin 2020 à un atelier bilan organisé par la Haac. Au cours de la cérémonie d’ouverture présidée par Rémi Prosper Morétti, Aboubacar Takou n’est pas allé par quatre chemins pour fustiger l’exclusion des organes de presse privée de la campagne médiatique et les maigres fonds finalement versés aux organes de presse réduits à ne publier que des messages officiels des partis politiques pendant la campagne. Sans détour, il a fait savoir que la presse écrite privée »souffre du marasme, du VIH, de la Covid-19 et est orpheline. Lire ci-dessous l’intégralité de son intervention :
Avant toute intervention, j’aimerais si vous me le permettez, rappeler en deux
mots les maux dont souffre la presse écrite privée béninoise.
Mesdames les représentantes de la Cena, du ministère de la Justice. Monsieur le président de Haac, messieurs et madame les conseillers. Votre presse écrite souffre du marasme, du VIH, de la Covid 19 et est orpheline depuis un certain moment, de père et de mère.
Elle n’a que des bourreaux, des gendarmes chichement armés pour la terroriser.
Monsieur le président de la Haac, vous nous avez rappelé en matinée à l’ouverture de ce séminaire, que la Haac et les médias étaient en couple et que la Haac comme épouse, ne pouvait donner que ce qu’elle a.
Seulement, si elle pouvait se contenter de bien dresser le lit sans chercher quotidiennement à nous refiler quelques gouttes de cyanure dans les repas, je ne me perdrais pas dans cette caricature qui vous surprend si tant.
C’est malheureusement la triste réalité. Pour revenir à la particularité de cette campagne exclusivement médiatique, je me fais le porte-voix de mes confrères de la presse écrite pour regretter l’interprétation abusive faite par la Haac de ses prérogatives à l’endroit des médias du service public, qu’on a malheureusement élargies à la presse qui, rappelons, si besoin en est, n’a jamais été logée à la même enseigne que ces confrères du service public.
En effet, les élections sont pour la presse écrite l’une des rares périodes d’activités et de marketing pour se refaire un peu financièrement.
Les partis politiques rappelons-le, étaient tous dans le cadre de cette campagne exclusivement médiatique, en train de proposer des contrats de couverture médiatique avec les journaux, quand telle une Hache, cette décision, est venue nous ôter toute liberté d’exercer cette passion au motif d’accès équitable des partis politiques aux médias.
Monsieur le Président, cette rigueur ne devrait pas être élargie aux privés que nous sommes.
Aucune régulation, si je ne m’abuse, ne demande à la Haac de bâillonner la liberté de presse au point de nous confiner même si nous sommes en Confinement dû à la Covid 19, à la publication des messages des partis politiques qui se sont fait, bien des fois dédirer.
Heureusement monsieur le président de la Haac que nous sommes des partenaires sages et loyaux. Sinon qu’une requête en référé à la Cour suprême pour en appeler à son arbitrage aurait suffi à bouter hors du débat cette confusion pour une bonne régulation.
Notre regret est d’autant plus grand qu’en lieu et place des millions qui nous avaient été proposés par la plupart des partis, c’est à une insulte de 600 mille de francs CFA TTC que nous avons été réduits.
Encore qu’il convient de déplorer les circonstances de la distribution de ces miettes où la Haac a encore trouvé le génie maléfique, excusez du peu, pour établir un arbitrage-sanction qui a conduit en un rapport qui, au motif qu’on aurait pas bien fait le travail, a soustrait quelques centaines de billets dans la maigre rançon qui est là nôtre.
Je n’ose pas dire que depuis la fin de ces élections jusqu’à ce jour où je vous parle, aucun organe n’a touché à un franc pièce de cet accompagnement.
En conclusion, j’aimerais au nom des miens suggerer que dorénavant, la Haac veuille bien nous écouter, prendre réellement en considération les observations des partenaires que nous sommes afin que ce couple que nous sommes sensés être ne connaisse un divorce qui n’arrangera personne.
Et je fais l’ardent vœu que le président de la république veuille bien recevoir un jour les médias en général avec la Haac pour un débat, un arbitrage conséquent pour une bonne cohabitation.
J’en aurais fini si vous me permettez cette dernière doléance au nom de mes pairs : Que la HAAC veuille bien ne pas rééditer cet audieux exploit pour les élections présidentielles de 2021.