Des difficultés persistent dans la mise en œuvre des projets d’investissement public. Le rapport d’exécution du Pip 2019 propose les leviers à actionner pour corriger les insuffisances et booster davantage les performances.
Les performances financières enregistrées sont élevées pour les axes du Programme d’action du gouvernement (Pag), notamment au niveau de l’axe 6 : Renforcement des services sociaux de base et protection sociale (157,98 %), et en ce qui concerne les secteurs du Programme d’investissement public (Pip). On note au niveau du secteur de l’administration un taux de 98,06 %, tandis que 20 projets ont franchi la barre des 100 % en termes de réalisation physique au 31 décembre 2019.
C’est ce qui ressort du rapport d’exécution du Pip gestion 2019 dont le projet a été validé, jeudi 18 juin dernier à Cotonou.Quoique remarquables, ces performances cachent des disparités selon les secteurs. En effet, sur les 200 projets/programmes que comprend le Pip 2019, 78 projets connaissent un taux d’exécution physique entre 50 et 75 % ; 54 entre 75 et 100 % ; 42 entre 25 et 50 % et 26 entre 0 et 25 %.
En plus de ces résultats, le gouvernement a mobilisé et fait des dépenses d’investissement hors cadrage relatives aux projets non inscrits au Pip à hauteur de 95,935 milliards F Cfa, selon le rapport. Sur plusieurs interventions programmées, des efforts supplémentaires de dépenses d’investissement public ont été faits sur trois projets pour un montant global de 2,321 milliards F Cfa. Il s’agit du Projet d’extension du réseau de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) dans la commune d’Abomey-Calavi (Atlantique) pour un montant de 1,957 milliards F Cfa, du Projet des centres d’excellence en Afrique en sciences mathématiques et appliquées pour 107,652 millions F Cfa et du Programme de construction et d’équipement d’écoles primaires au Bénin (Japon phase VI) pour 257,015 millions F Cfa.
Fortunes diverses
Globalement, la performance financière du Programme d’investissement public (Pip) au 31 décembre 2019 se chiffre à 86,56 % base engagement et à 70,89 % base ordonnancement, selon le rapport. Il en résulte que près de 82 % de ressources engagées ont été ordonnancées.
Au niveau des structures sous tutelle des ministères en charge du Travail, des petites et moyennes Entreprises, de l’Enseignement secondaire, du Plan et du Développement, de la Défense nationale, les résultats en termes d’exécution physique sont encourageants (75 à 100 %). Le taux d’exécution se situe entre 50 et 75 % au niveau de la Présidence de la République, des ministères en charge de la Défense nationale, du Sport, de l’Energie, de la Sécurité publique, des Affaires étrangères, des Affaires sociales, de l’Energie, de la Justice, du Cadre de vie et du Développement durable, des Enseignements maternel et primaire, de la Décentralisation, des Infrastructures et des Transports, de l’Industrie et du Commerce, de l’Eau et des Mines.
En revanche, des insuffisances sont à corriger dans la plupart des structures pour atteindre les performances attendues, et particulièrement dans celles relevant du ministère de l’Economie et des Finances, du ministère de l’Enseignement supérieur, de l’ex-ministère de l’Economie numérique et de la Communication, de la Santé. Le taux d’exécution physique dans ces dernières se situe entre 25 et 50 %.
Recommandations
Au nombre des difficultés notées dans la mise en œuvre des projets du Pip, la lenteur dans le traitement des dossiers des marchés publics est la difficulté majeure exprimée par l’ensemble des structures (50 % de fréquence d’apparition). Les problèmes organisationnels constituent la deuxième grosse difficulté (45,83 %) et la validation tardive des plans de travail annuel (Pta) en est la troisième (25 %). L’insuffisance de dotation budgétaire et des ressources ordonnancées ainsi que l’incomplétude et le retard dans la transmission des données comptent pour au moins 10 % dans les difficultés signalées.
En dehors de ces difficultés qui sont les plus prononcées, Aboudou Soulé Chabi, chef service Etudes et gestion de la Base de données du suivi du Pip, signale des problèmes de régulation du Système intégré de gestion des finances publiques (Sigfip), la faible capacité financière des entreprises en charge des travaux, les dysfonctionnements des unités de gestion des projets.
Pour les surmonter, le rapport sur l’exécution du Pip gestion 2019 suggère la vulgarisation du Code des marchés publics et le renforcement des capacités des acteurs des marchés publics ainsi que ceux impliqués dans la planification, le suivi et l’évaluation des projets. La validation à temps (en année n-1) de tous les Pta, la vulgarisation et l’utilisation obligatoire de la plateforme de gestion des investissements entre le ministère du Plan et du Développement et les autres ministères, sont également préconisées comme solutions aux difficultés. Aussi, le ministère de l’Economie et des Finances devra veiller au chargement systématique de 50 % des lignes de crédits des projets au début de chaque semestre.