La tristesse et l'émotion étaient palpables vendredi matin dans l'immense township noire de Soweto, haut lieu de la lutte anti-apartheid, quelques heures après l'annonce de la mort de l'ancien président sud-africain Nelson Mandela. "Dans notre culture, les hommes ne pleurent pas, mais j'ai versé une larme la nuit dernière. Il est le père de notre nation", a indiqué Siyabulela Mfazwe, 30 ans. Devant l'ancienne maison des Mandela transformée en musée-mémorial, au 8115 Vilakazi Street, des habitants rendaient hommage au héros du combat contre le régime ségrégationniste, même si les journalistes étaient plus nombreux que les gens en deuil ou les touristes. "Nous sommes ici à cause de Tata (Père). Il était tout pour nous, il était comme un père pour nous tous. Nous allons commémorer sa vie pendant tout le mois de décembre", a dit Cynthia Mmusi, 35 ans, qui achevait une veillée de recueillement entamée dès qu'elle a appris la nouvelle à minuit. "Nous redoutions ce jour où ce noble géant mourrait", a dit Sifiso Mnisi, un homme d'une quarantaine d'années qui a mis des affichettes aux vitres de sa voiture où l'on pouvait lire: "Mon président noir" et "Vous avez combattu contre les dominations noire et blanche, dankie (merci en afrikaans, ndlr) fils". Tout était calme aussi devant l'église catholique Regina Mundi, qui fut un haut lieu de résistance contre le régime raciste de l'apartheid. "Je trouve simplement qu'il est enfin en paix", après une très longue agonie, a réagit Vuyiswa Quagy, une jeune femme de 29 ans allant travailler au centre commercial voisin. "C'est un triste jour pour nous, mais l'Afrique du Sud et le monde s'étaient préparés et peuvent remercier Dieu pour (ce qu'il a fait dans) sa vie", a noté le père Sebastian, qui a grandi dans la célèbre township des portes de Johannesburg. "L'inévitable est arrivé, mais c'est une invitation pour que nous vivions ce pour quoi il a combattu. C'était un homme de réconciliation", a ajouté le prêtre. Nelson Mandela est mort jeudi soir, à l'âge de 95 ans. Il était rentré chez lui le 1er septembre, après avoir passé près de trois mois à l'hôpital après une rechute de son infection pulmonaire et probablement d'autres complications. Il était dans un état critique depuis plus de cinq mois, selon les autorités sud-africaines.