A Goungoun, dans la commune de Malanville, c’est le temps de fumer le calumet de la paix. Agriculteurs, Eleveurs, autorités locales et nationales travaillent depuis quelques jours afin que soit tournée la page des affrontements. Un accent est mis sur la sensibilisation. Ce qui a motivé dimanche dernier une rencontre avec les leaders de l’Alibori pour trouver une solution suites aux conflits ayant entraîné 9 morts dont 7 dans le rang des éleveurs et la suspension du marché de Guéné. Cette rencontre initiée et animée par le Président de l’Association pour la promotion de l’élevage au Sahel et en Savane pour le Bénin (APESS Bénin), Dr Adamou Mama Sambo a connu la présence des Rougas de Kandi et Karimama, les délégations venues de Malanville, Kandi, Karimama, Parakou, Banikoara et Ségbana. « Nous avons démarré un processus d’apaisement. Ce processus suit son cours. Les effets se font déjà ressentir sur le terrain. Nous sommes descendus sur le terrain avec la délégation ministérielle. L’Etat central s’est saisi du dossier pour appuyer les actions menées au niveau local, au niveau de la mairie, sous l’égide du Préfet pour que la paix, la sérénité et le bon voisinage puissent revenir à Malanville et à Goungoun en particulier. Tous les acteurs qui peuvent intervenir pour ramener la paix ont joué leur partition. L’enjeu est d’aboutir à une conciliation avec les leaders des deux parties en présence des autorités. Ceci passe par la prise d’engagements de part et d’autres. Pour rappel, tout serait parti d’une dispute entre un enleveur et un agriculteur le 30 mai dernier.
Dr Adamou Mama Sambo, Président de l’APEES : « Il faut anticiper sur les conflits et les velléités entre ces deux acteurs »
Il y a le champ et l’animal. Il y a parfois des incidents. Au lieu de prendre patience pour le régler et le régler surtout à l’amiable parce que les structures existent au niveau local pour contribuer au retour de la paix, chacun veut démontrer qu’il est le plus fort. C’est l’impatience et surtout l’intolérance entre ces deux acteurs qui amènent la violence.
Nous avons une grande responsabilité par rapport à la sensibilisation pour un changement de mentalité. C’est vrai que dans cette région à Malanville, il y a la pression sur l’espace qui est de plus en plus forte. Le Parc W occupe une bonne partie du territoire. De nos jours, les champs aussi bougent beaucoup. Le champ sort de son terroir pour aller au-delà dans des zones qui étaient reconnues comme celles du pâturage.
Nous sommes dans des évolutions qui sont liées certainement au changement climatique et aussi à la démographie qui est de plus en plus croissante. Tous ces éléments mis ensemble nous amènent à dire qu’il y a des zones qui sont des poudrières, des bombes. Il faudrait que l’Etat et les acteurs que nous sommes se donnent la main pour pouvoir amener à l’apaisement et surtout anticiper. Dans la même semaine, nous étions à Djougou pour une rencontre de prévention d’un conflit qui allait naître.
Il faut que nous soyons dans cette démarche-là, pour anticiper sur les conflits et les velléités entre ces deux acteurs. Je pense que les acteurs locaux, c’est-à-dire les nouveaux conseils communaux installés, doivent s’approprier certains problèmes qui existaient dans leurs terroirs pour que très tôt, tout petit conflit qui est latent puisse être porté à notre connaissance afin qu’on les aide à anticiper pour le règlement.
Au niveau national, il faudrait qu’on en vienne à la mise en place d’un organe ou d’une structure pérenne qui va s’occuper réellement de ces questions de conflits assez récurrents. C’est vrai que c’est exacerbé au cours de la transhumance. Mais il n’y a pas que ça. Parce que, par exemple cette année, c’est beaucoup plus les locaux qui ont de maille à partie avec leurs frères. Je lance un appel pour un investissement dans le secteur d’élevage ».