Le gouvernement béninois interprète le maintien de sa notation souveraine par S&P comme l’aval de sa décision de ne pas recourir au moratoire sur la dette proposé par le G20.
Selon l’agence de notation américaine S&P, « la pandémie de Covid-19 fera payer un lourd tribut à l’économie et aux finances publiques du Bénin » pour l’année 2020, divisant sa croissance par deux pour la ramener à 3 %, notamment du fait du ralentissement de l’activité de ses partenaires commerciaux, au premier rang desquels le Bangladesh, l’Inde et le Vietnam, principaux acheteurs de son coton.
Mais dans un document publié le 19 juin, les analystes de l’agence confirment les notes de crédit souverain à long et à court terme « B+/B » pour le pays, avec perspective stable, signe de leur confiance dans la résilience de l’économie béninoise. « Nous nous attendons à ce que les réformes favorables aux entreprises se poursuivent, à ce que la croissance rebondisse et à ce que le gouvernement continue à réduire le déficit et à placer la dette des administrations publiques sur une trajectoire descendante par rapport au PIB » , détaillent-ils.
« Cette notation confirme les perspectives positives du pays, avec une croissance réelle du PIB estimée à 6,3 % en moyenne sur la période 2021-2023 par S&P », se félicite le ministère béninois de l’Économie et des Finances dans un communiqué daté du 22 juin.
Gare au relâchement
Et le ministère, piloté par Romuald Wadagni, dont la voix s’est élevée contre l’Initiative de suspension du service de la dette initiée par le G20, de préciser que la décision de son pays de ne pas participer à ce programme « a contribué à rassurer les investisseurs ». Une allusion au Sénégal et à la Côte d’Ivoire, placés « sous surveillance » en vue d’une éventuelle dégradation par l’agence américaine Moody’s, qui craint que ces pays n’étendent l’initiative du G20 à leurs créanciers privés, même si les deux gouvernements assurent que tel ne sera pas le cas.
En outre, si les analystes de S&P sont optimistes sur l’économie béninoise, en faveur de laquelle ils s’attendent à une hausse des investissements privés et dont ils saluent les réformes en cours notamment en faveur de l’amélioration de l’environnement des entreprises, de la production agricole et du recouvrement des impôts, ils préviennent qu’un relâchement de ces réformes économiques et fiscales ou des dépassements budgétaires importants en prévision de l’élection présidentielle de 2021 pourraient les conduire à revoir à la baisse la notation du pays.
À ces éléments internes, s’ajoutent le risque d’une pandémie plus longue que prévu et les pressions sur le taux de change du franc CFA en Afrique de l’Ouest par rapport à l’euro – même si S&P assure « ne pas s’attendre » à une dévaluation.... suite de l'article sur Jeune Afrique