Depuis l’avènement de la pandémie du coronavirus, le port de masque est devenu chose encrée dans le quotidien des béninois. Et pour s’en procurer, ils prennent plusieurs alternatives. Aux nombres de celles-ci figurent les feux tricolores où ces masques sont vendus à la sauvette. Mais l’hygiène laisse à désirer.
15h 15. Au carrefour Agla, l’un des plus grands carrefours de Cotonou, ce jeudi, le soleil ne semble pas baisser d’ardeur. Les feux tricolores qui s’allument toutes les 90 secondes de part et d’autres du carrefour ne ralentissent en rien le traintrain des motos et voitures. Si à ce lieu se trouvent habituellement sur les trottoirs les vendeurs de Pure-water et d’autres articles, l’avènement du nouveau coronavirus a fait surgir une autre activité. Il s’agit en effet de la vente des masques de protection à la sauvette. Masques sous les bras, ces vendeurs mêlés à tout le lot habituel sont aux aguets à chaque allumage du feu rouge. Ici, c’est une chasse permanente aux clients.
Assorti aux foulards, robes, chemises, porté sur le menton ou enlevé pour parler, l’utilisation du masque de protection contre la covid-19 est désormais encrée dans le quotidien des béninois. Ils sont de différentes formes et couleurs. Pour s’en procurer, ici, les vendeurs ne se font pas prier afin de vous servir. Pour la plupart exposés à la poussière ainsi qu’au gaz d’échappement des engins roulants, leur utilisation n’est pas forcément hygiénique. Alors que certains les gardent simplement dans les mains, d’autres, pour tromper la vigilance, les insèrent dans des sachets transparents. A force de les trimbaler, ils finissent parfois au sol. C’est le cas d’une vendeuse qui vient de récupérer un masque au sol. Elle le secoue et l’intègre à nouveau dans le lot qu’elle tient en main. Comme elle, nombreux sont ces vendeurs, qui, en slalomant entre motos et voitures attendant le feu vert, font face à des clients qui, avant d’acheter, se donnent le plaisir de fouiller pour rechercher leur goût. Ainsi, plusieurs clients se désolent des conditions dans lesquelles sont présentés les masques. « Ces masques sont exposés a tout dans la rue alors que nous en tant que clients, sommes invités à les mettre au nez », s’indigne Adinyi Isaac, un riverain rencontré sur les lieux.
« Ces masques ne sont pas dans les normes »
Felix Adegnika, médecin hygiéniste explique que ces masques ne sont pas dans les normes et que leur utilisation peut être à risque. « La sécurité de ces masques est incertaine et leur utilisation n’est même pas conseillée », a fait savoir l’hygiéniste. Etant donné que l’hygiène de ses masques de rue laisse à désirer, il explique qu’il faut les désinfecter à chaque usage pour éviter les risques de contamination.
Si la précarité oblige les gens à aller se procurer des masques au bord des voies, dans les feux tricolores, il faut alors encourager la sensibilisation sur les conditions de vente et leur utilisation.
Ferdinand DANGBENON (Stag.)