« (…) la visite d’un aéroport est soumise à l’autorisation des autorités compétentes et nous ne voulons plus assister à ce genre de visite qui est une visite disons qui ne répond à rien. C’est un comportement qui, excusez-moi, n’est pas sérieux. C’est un comportement très peu sérieux. Je profite de vos caméras et micros pour, disons, notifier, signifier à monsieur Boni Yayi qu’il ne doit plus mettre pieds sur ce site. Je vous prie de transmettre ce message à monsieur Boni Yayi qu’il ne doit plus mettre les pieds sur ce site. Le site n’est pas encore ouvert au public, ce site n’est pas encore mis en exploitation… A la récidive, nous allons lui appliquer la rigueur de la loi. Il se serait conduit comme un vil individu et nous allons le traiter comme un vil individu ». On se souvient encore de cette bourde du ministre des Infrastructures, Hervé Hèhomey lorsqu’il a plu à l’ancien chef de l’Etat Yayi Boni de faire un tour sur les installations de l’aéroport de Tourou, vers fin avril 2016, quelques deux semaines après qu’il a passé les charges à son successeur Patrice Talon. Justifiant la non mise en exploitation du site alors même qu’un vol inaugural avait été effectué avec succès sous le régime défunt, les nouvelles autorités ont fait savoir que l’infrastructure ne répondait pas encore aux normes étant donné qu’il y a des travaux complémentaires à faire. Depuis plus de 4 ans, l’aéroport est donc resté fermé au public. Bien malin qui pourra dire avec exactitude la touche particulière que le gouvernement y a apporté. L’attente devenant longue, le sujet a fait l’objet d’une interpellation du gouvernement à l’Assemblée nationale. On était le jeudi 26 avril 2018. Alors député de l’opposition, Amadou Issifou cherchait à savoir les raisons de la non mise en service jusqu’ici de cet aéroport érigé à Tourou dans la municipalité de Parakou, malgré le vol inaugural qui a eu lieu le 18 mars 2016 sous le gouvernement Yayi. Les explications du gouvernement Talon devant la représentation nationale ont été fournies par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Serge Ahissou, puisqu’entre temps le ministre Hèhomey a été limogé. Des éléments de réponses apportés, il ressort que la non mise en service de ce deuxième aéroport du pays est due est au fait qu’il ne répond pas encore aux exigences de sûreté et de sécurité de l’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci). Ces explications du ministre n’ont nullement convaincu Amadou Issifou, l’auteur de la question orale avec débat. Pour lui, il y a simplement un manque de volonté politique du gouvernement de faire bouger les lignes en faveur de la mise en service de cet aéroport. Le député a aussi balayé du revers de la main les explications relatives aux études techniques parcellaires du projet soulevées pour justifier la non mise en service de l’infrastructure. Il brandit une lettre de l’ex-ministre chargé des Infrastructures, Hervé Hèhomey, en direction de l’Anac dans laquelle il certifiait le bon état de l’aéroport de Tourou.
A nouveau, un vol inaugural
On en était là quand certains médias ont annoncé que l’aéroport de Tourou est fonctionnel depuis vendredi 29 mars 2019, veille des élections législatives. Le vol inaugural consacrant sa mise en service officielle objet d’une cérémonie présidée par le ministre de l’Eau et des Mines aurait été faite par la compagnie aérienne « Air Bénin Taxi », en provenance de Cotonou (La Nation du 1er avril 2019). La question qu’il convient de se poser, est-ce vraiment l’inauguration tant attendue de l’infrastructure qui a été faite dans une telle clandestinité ? Et avec un vol aussi léger ? Et pourquoi depuis plus d’un an, d’autres compagnies telles que des A330 et des Boeings 737 n’y ont pas atterri ? Qu’est-ce qui bloque au juste le projet ? Y-a-t-il pas des non-dits autour ? Autant de milliards engloutis et du temps perdus pour au finish des vols locaux irréguliers? Le gouvernement Talon n’etait-il pas juste dans une opération de charme à la veille d’élection?Le ministre Hervé Hèhomey ayant entre retrouvé son fauteuil, doit éclairer les lanternes.
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