Personne, oui personne n’ose dire son désarroi face à la sévérité de la vie socioéconomique en crise profonde. Chaque jour qui se lève en rajoute à l’incertitude quasi générale. La crise financière généralisée est un fardeau pour les cœurs déjà endoloris, en détresse. La vie devient une chimère. L’argent n’est plus disponible ; il se raréfie comme les larmes du chien.
Les ménages cloués au pilori sont au bord de la dislocation. La ration alimentaire journalière n’est plus régulière. Et quand elle arrive vaille que vaille, elle est sérieusement pauvre. Seul le minimum est assuré. Les « bureaux secondaires », effets de la libido ne sont plus entretenus ; ils sont en veilleuse s’ils n’ont pas déjà volé en éclats. Plus d’engagements tenus. Les amours au petit bonheur le matin se manifestent à la sauvette.
Les entreprises s’essoufflent, sous le poids parfois de dettes. Les nobles ambitions de développement peinent à prendre corps et devenir réalité. Les patrons déchantent et préfèrent s’en tenir là, au statu quo. Les affaires sont au ralenti et l’économie même se restructure. Les opérateurs qui paraissent tenir bon sont dans l’apparence : ils n’osent pas extérioriser leurs sentiments enfouis au plus profond d’eux-mêmes où résonne le désespoir. Et la vie se complique, obligeant chacun à la tartufferie.
Et le peuple, à vrai dire, souffre le martyr. Les rêves, les vrais deviennent chimériques. Le panier de la ménagère se vide du charnu et est rachitique. Trouver de l’argent actuellement pour en même temps garantir la pitance journalière et assurer une bonne scolarité à sa progéniture est une équation à plusieurs inconnus. Les difficultés financières s’accumulent et s’accentuent. L’argent devient de plus en plus rare. « Mais où est-il passé ? », s’écria l’autre jour un vieillot sénile dont le poids de l’âge écrase toutes velléités d’entreprendre, de se battre aux côtés des jeunes pour arracher à la nature le pain et tout ce qu’il faut pour s’affirmer en tant qu’homme.
C’est pourtant dans cette chaleur financière que certains déviants sociaux éprouvent cependant le plaisir de voler, mettant à rude épreuve tout le dispositif sécuritaire mis en place par l’Etat, malgré l’amenuisement de ses moyens. L’argent ne circule plus. Cela paraît une préoccupation des autorités au plus haut niveau sur l’épaule desquelles repose malheureusement le poids des innombrables besoins et autres attentes du peuple. Le pouvoir aussi s’essouffle, souffre et s’épuise face à l’immensité des charges étatiques.
Le gouvernement et son chef voudraient bien que le peuple dope son moral et supporte la traversée du désert. Mais lui, c’est-à-dire le peuple, s’impatiente et trouve le chemin suffisamment long, le bout du tunnel étant incertain ou peu rassurant malgré les efforts pourtant visibles pour améliorer la situation au macro. Et on dit que la crise est mondiale. Où va donc le monde ?
Les difficultés quotidiennement vécues ne transparaissent pas sur les visages ensoleillés des Béninois. Qu’est-ce que c’est heureux !?! Et pourtant. On feint d’avoir faim, vraiment faim. Ce sont-là les larmes de mon hypocrisie souriante !!!
Développement à double vitesse
C’est à peu près l’image que nous renvoie le pays actuellement gouverné par le père de la « Refondation ». Pour lire et comprendre cette allégorie, il ne faut point s’emberlificoter de considérations spirituelles ou ésotériques, mais la rapprocher, dans un effort raisonné, du Bénin et son environnement économique et sociopolitique.
Nous sommes à l’An 3 du second mandat du Président Boni YAYI. Et la science nous commande de faire le bilan à mi-parcours. Cet exercice qui oblige à une évaluation des actions engagées, du système mis en œuvre dans ses forces et faiblesses nous permet aujourd’hui de parler surtout pour ce qui concerne le Bénin, des réformes.
En effet, ces réformes initiées dans le but d’améliorer la croissance économique et par ricochet, améliorer les conditions de vie de tous les citoyens appellent la définition de politiques et stratégies à mettre en place, la remise en cause de certaines pratiques rétrogrades, bref la correction de tout ce qui entrave le développement national. Pour le faire, il faut être courageux, engagé et déterminé. Il faut aussi s’entourer d’hommes imbus de la même vision sans fioriture. C’est un bagage lourd à porter et à faire porter à une équipe de gens alignés. Il faut parfois aussi oser, briser des tabous…
Ces réformes, courageusement engagées dans un climat peu favorable, étaient vues pas forcément comme des bouées de sauvetage par tous les acteurs ou agents économiques, mais comme des occurrences de flagellation d’une caste qui avait le monopole de certaines filières porteuses. Contre vents et marées, il fallait réussir. Nonobstant les obstacles, les traquenards et les pièges posés çà et là, il fallait franchir le pas, le plus décisif qui puisse bouleverser des habitudes.
L’intention était bonne mais le chemin est parsemé d’embuches. L’Administration publique qui, en principe devrait accompagner cette nouvelle vision, avait peine à se débarrasser du carcan bureaucratique lourd. Ses maux étaient multiples : lourdeur, corruption, concussion, méchanceté, mensonge, bref elle est caractéristique d’inefficacité. Le ton osé et haussé du Chef de l’Etat était à peine audible à ceux qui trainent le poids de ces faiblesses ; ils sont simplement des conservateurs.
La volonté affichée au plus haut niveau avait manqué du répondant dans la classe des acteurs. Il y eut beaucoup d’enchanteurs, de griots et même de malfaiteurs, c’est-à-dire, des marabouts qui ont le pouvoir de bouleverser tout ce qui ne les arrange pas. Les actions furent engagées quand même dans ce climat tendu.
Pour la première fois et selon les chiffres avancés par des voix les plus autorisées, le Bénin a atteint 5,4% de croissance dans un environnement particulièrement difficile. Faux ! rétorquent les opposants voire le Patronat.
Par ailleurs, faire le bilan conduit aussi à des comparaisons entre époques et entre hommes. Et nous devons reconnaitre à la vérité que l’ère de la Refondation reste confrontée au phénomène Homme. Le vrai problème qui se pose, l’obstacle à surmonter est l’Homme. Il faut à la Refondation une qualité d’homme que le Bénin s’il l’avait obtenue, ne serait plus à ce niveau de Développement depuis 1960. Lorsqu’on sera parvenu à inverser les tendances et obliger le Béninois à une sérieuse introversion, pour qu’il soit plus patriote avec une dose forte de morale, d’éthique et de civisme, il y aura une vraie amorce du Développement. La Refondation pour l’heure, paraît comme une main pure (Emmanuel Kant), une vraie morale qui se moque de la morale, un esprit saint dans un corps corrompu.