Débat sur la centrale électrique de Maria Gléta à l’Assemblée nationale : Tôlé d’indignations de la part des députés (Ils adoptent la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire)
Publié le lundi 9 decembre 2013 | Le Confrère de la Matinée
Le dossier relatif à la centrale électrique de Maria Gléta était vendredi dernier 05 décembre 2013 au cœur des débats à l’assemblée nationale. Les explications du ministre n’ayant pas convaincu les députés, ces derniers ont opté pour la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur ce dossier.
Le gouvernement, à cette séance, devrait fournir des explications sur la mise en service de la centrale électrique à turbines à gaz (TAG) de Maria Gléta, l’explosion de la centrale électrique de Maria Gléta des dispositions prises par le gouvernement pour situer les responsabilités afin que des sanctions soient prises à l’encontre des mis en cause, les caractéristiques techniques de la centrale électrique de Maria Gléta et les raisons qui sous-tendent la non mise
en service de ladite centrale… Des explications du ministre de l’Energie, de l’eau et des mines, Barthélémy Kassa, il ressort que la centrale sera exploitée par la Société béninoise d’énergie électrique (SBEE) avant la fin de l’année 2014. D’un montant de 32 milliards au départ, le budget de ce projet est allé à 45 milliards grâce à un avenant. Il en ressort également la mise en service ce mercredi 04 décembre 2013. Mais les explications du ministre n’ont pas été du tout convaincant pour la plupart des députés qui ont dénoncé le peu de sérieux et la précipitation avec laquelle le gouvernement a conduit ce dossier. Ils ont donc opté pour la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire pour aller en profondeur de ce dossier.
Yves HOUETO
ENCADRE
Propos des députés sur la centrale électrique de Maria Gléta
Eric Houndeté : «…La question de Maria Gléta est devenue une question
nationale. On parle de 45 milliards de FCFA. Sur ce seul projet, c’est 47 milliards.
Il s’agit d’une question de choix qu’il faut faire. Au moment où l’on se
précipitait pour faire la centrale de Maria Gléta, nous avions des problèmes.
Nous n’avions pas une autonomie énergétique. On nous a promis une centrale qui va étendre notre capacité de production. On ne voulait pas une centrale qui va répondre aux pannes que nous avons. Comme le ministre nous l’a indiqué, la
centrale qui est là, c’est 4 heures par jour, pas plus et aux heures de pose.
Si c’est pour secourir les problèmes que nous avons, ce n’est pas possible.
Pourquoi la précipitation ? (…) Une centrale que nous construisons depuis 2007, il a fallu que le Parlement programme la question pour que par miracle, cette centrale commence par fonctionner. Il se pose le problème de responsabilité.
Le gouvernement nous a banalement dit qu’il n’y avait pas de responsabilité parce que le chantier n’est pas achevé. Vous connaissez les conséquences. D’abord, vous avez un avenant d’environ 1,5 milliards de FCFA. Pourquoi y a-t-il d’avenant ? Nous sommes dans l’improvisation totale. Qu’on me dise à moi Eric Houndété, qu’on construit une turbine à gaz et qu’on ne produise pas le chemin de canalisation du gaz. Est-ce que ça c’est possible ? C’est pour ça que j’ai posé la question de savoir les caractéristiques du projet. Est-ce qu’il y a eu appel d’offre ? Lorsque j’en viens aux questions institutionnelles, permettez-moi de rappeler que dans la norme dans la sous-région, nous avons un accord avec la Communauté électrique du Bénin (Ceb). Etait-il possible pour nous, de nous lever un matin et dire que nous construisons une centrale ?
Est-ce que cette opération a été chapotée par la Ceb ? Nous nous sommes liés
les mains. Nous nous sommes mis en position de distributeurs. C’est la Ceb qui
construit ; c’est la Ceb qui construit et nous, nous achetons… »
Justin Sagui Yotto : « …Je voudrais féliciter le ministre Kassa pour les efforts qui sont faits.
Vous savez, ce n’est pas facile de finir un projet entamé par quelqu’un d’autre. Il est heureux que la centrale électrique de Maria Gléta soit mise en service depuis hier. Il faut maintenant que nous allons vers des techniciens qui vont gérer cette centrale car c’est de là que proviennent les éléphants blancs. Je soutiens toutes les actions que vous avez menées et je voudrais que vous prenez toutes les dispositions sécuritaires pour éviter des ennuis aux populations surtout celles qui sont à Calavi car votre échec est le mien. ..»
André Biaou Okounlola : « …je suis très heureux d’être là et je voudrais dire que le ministre Kassa comprenne qu’aujourd’hui du fait du principe de la continuité de l’Etat qu’il doit endosser tout ce projet. S’il lui était donné de concevoir ce projet, cela ne se passera pas comme cela. Le projet en lui-même est une bonne chose mais malheureusement, le gouvernement commet quelques impairs. On ne peut pas penser régler les problèmes du pays en un laps de temps. C’est cela qui fait qu’on n’a pas le temps de prendre des options.
C’est vrai qu’ils ont démarré, mais il faut que cela dure. J’ai comme l’impression que c’est pour réduire la chaleur des députés de ce jour que les turbines ont démarré hier. Produire de l’énergie électrique, c’est bien mais est-ce qu’il y a des gens qui maîtrisent cette technologie chez vous ? Il faut également mettre plus d’accents sur les zones rurales dans la politique d’approvisionnement en l’énergie électrique…. »
Ahinnou Thomas : «… j’ai vraiment voulu ne pas intervenir parce qu’il y a des choses qui font mal. Il n’y a pas longtemps dans cet hémicycle que nous avons parlé des problèmes d’énergie électrique. On a appris que les groupes que le Ghana a achetés à 9 milliards, ont été achetés par le Bénin à 14 milliards ; pourtant cela n’a pas fonctionné. Aujourd’hui, on revient encore avec les mêmes questions. Nous avons la possibilité d’avoir des groupes chez nous à la maison, qu’en sera-t-il des populations ? On vient de nous dire que le projet est passé de 32 milliards à 45 milliards et qu’on dise qu’il y a des choses qui sont prévus. Ce n’est pas normal. Les cadres sont malades dans notre pays. Le Bénin est malade de ses fils … »
Gabriel Tchoccodo : « …Le délestage continue au Bénin. Le ministre Fagnon a dit l’essentiel. Je vous estime monsieur le ministre mais parfois vous dites et
vous faites un peu trop. Nous sommes en présence d’un éléphant blanc, d’une bombe et je plains les populations de Maria Gléta. Nous sommes en présence d’un dossier qui devrait susciter en nous certaines craintes. Il s’agit d’un contrat signé pour 18 mois avec une entreprise américaine. Ce n’est que le 03 avril 2013 que l’ouvrage est réceptionné et ce n’est qu’hier mercredi 04 décembre 2013 que l’ouvrage a été mis en service. Soit quatre ans de retard. Qu’est-ce qui ne va pas dans ce pays ? L’écart dans le budget actualisé est du à quoi ? Ce
gouvernement s’amuse avec les sous du contribuable béninois et ce
n’est pas normal. Je propose aux collègues qu’on mette en place une commission d’enquête parlementaire. ..»
Zéphérin Kindjanhoundé : « …je crois que comme dirait l’autre, l’heure n’est pas au petit sourire. Nous parlons ici de l’énergie électrique. C’est une denrée nécessaire aux populations et on ne doit pas cacher ce qui se passe. Il n’est pas concevable qu’on veuille cacher ce qu’on ne devrait pas cacher. Le délestage est criard. Que le ministre nous dise pourquoi c’est hier seulement que la centrale a été mise en service ? Et pourquoi le délestage continue-t-il ? Qu’il nous parle du dossier d’appel d’offre et également du document de l’avenant ? Je suis obligé d’exiger que la lumière soit faite sur ce qui s’est passé hier. Que le ministre me dise que c’est faux ; qu’il me dise qu’ils n’ont pu démarrer 3 sur 4 turbines. L’essai n’a duré que 2 heures 48 minutes.
Des gens proches du ministre Kassa ont refusé de signer le procès-verbal de mise en
service et pourquoi il veut nous faire croire que la centrale est mise en service ? On a eu 15 mégawatt au lieu de 30 mégawatt. Même lui-même n’a pas signé ce PV. On doit la vérité au peuple. Je suggère une commission d’enquête parlementaire pour contrôler ce qui se passe à Maria Gléta… »
Mathurin Nago : «…De 37 milliards, le truc est passé, grâce à un avenant à 45 milliards de FCFA. Il y a certains avenants qui sont allés au-delà du prix initial pour certaines composantes. On a dit que c’est une turbine à gaz et aujourd’hui on nous dit que c’est avec le jet A1 que ça devra fonctionner. Le jet A1, un combustible utilisé par les avions. On nous a dit que sur cette base-là, le prix de production de l’énergie va être élevé. Au lieu de 56 FCFA comme c’est cela au niveau de la Communauté électrique du Bénin (Ceb), ce sera de l’ordre de 297,320 FCFA le kilowattheure.
Il faut aussi noter qu’à travers les interventions de nos collègues députés que beaucoup de matériels utilisés sont des matériels reconditionnés (…) En gros, des informations que nous avons et celles apportées par le Ministre aux préoccupations des députés, au lieu de nous calmer et de nous sensibiliser, suscitent en nous encore plus d’inquiétudes. Et ce qui nous inquiète davantage, c’est que l’on se demande dans quel état se trouve la centrale électrique.
Est-ce qu’elle va enfin fonctionner ? On nous parle de 45 milliards de FCFA.
C’est quand même beaucoup. On aurait bien souhaité qu’elle fonctionne et le
plus rapidement possible. Il va falloir que, et le gouvernement, les autres
institutions, en l’occurrence le Parlement, se mettent ensemble pour pouvoir
creuser davantage le dossier et comprendre. Et ensemble, voir comment l’on peut faire trouver des solutions efficaces. Si nous sommes tous d’accord et il faudra bien qu’on valorise les 45 milliards de FCFA. Il faudra bien que le 45 milliards investis à Maria Gléta, puissent servir au peuple béninois. En ce moment, si ça servait, on aura moins de mal à savoir qu’on a dépensé 45 milliards de FCFA.
Si ça ne sert pas, ce serait trop grave. Les collègues ont parlé de la mise sur pied d’une commission d’enquête. Nous avons cette possibilité de mettre en place une Commission d’enquête sur le sujet. Les députés savent le chemin qu’il faut emprunter. Et l’Assemblée nationale sera là pour accueillir cette proposition de résolution et fera suivre cette proposition de résolution par la voie qui s’impose pour que le Parlement puisse faire ce que le peuple souhaiterait… »