L’usage des masques ne sont pas sans conséquences sur l’environnement lorsqu’ils sont jetés dans la nature. L’autodiscipline et la sensibilisation permanentes doivent être privilégiées pour ne pas en rajouter à la crise sanitaire de la Covid-19.
Des cache-nez jetés dans la nature après usage. Le phénomène prend de plus en plus d’ampleur dans certains quartiers de Cotonou et environs en ces temps de Covid-19 où le port de masque est devenu une obligation pour tous.
Si certaines personnes optent pour les dépotoirs, conscientes des risques sur l’environnement, d’autres préfèrent les jeter à même le sol, contribuant ainsi à la pollution de l’environnement.
« On observe plusieurs types de masques fabriqués avec différentes matières telles que le nylon, le coton, le polyester. Une fois souillés, les masques deviennent encombrants et représentent alors un objet dont il faut se débarasser au plus vite. Malheureusement, les poubelles ne sont pas toujours à portée de main et jeter son masque souillé dans la rue et les espaces publics devient une solution de facilité », constate Pierre Dossa Abamon, environnementaliste.
Un acte déplorable auquel s’adonnent de plus en plus certains citoyens. « Certaines personnes pensent que si les autres le font, cela ne doit pas être si grave. Elles se disent que, de toutes les façons, les agents de la Société de gestion des déchets solides ménagers et de salubrité sont là pour nettoyer », se désole l’environnementaliste.
Selon lui, cette manière de penser est non seulement dévastatrice pour l’environnement, mais nourrit également le cercle vicieux de la pollution, car plus un lieu est sale, moins les individus en prennent soin.
« Les usagers jettent de manière sauvage les masques pollués sur les trottoirs, chaussées, espaces publics et dans les caniveaux destinés à recevoir les eaux pluviales. Une fois dans la nature, ils se retrouvent soit emportés par le vent, soit par le biais du ruissellement des eaux pluviales dans les caniveaux, les cours d’eau et dans les maisons en zone de dépression », note-t-il.
Dégâts environnementaux
Ces masques sont cause de dégâts sur l’environnement. Une fois jetés dans la nature, ils sont susceptibles d’infecter le sol et d’obstruer les canalisations. Le risque de pollution de la nature par ces masques s’accroît donc tous les jours. « Chaque jour, cette pollution se fait ressentir dans les rues, sur les trottoirs », relève Pierre Dossa Abamon.
Les conséquences de ces actes ne sont pas à négliger. « On va assister à la pollution des ouvrages, la contamination des sols et des eaux, au développement de germes pathogènes, à l’émergence de maladies et aux risques d’épidémie », explique-t-il.
Ces cache-nez jetés dans la nature entraînent également des dégâts au niveau des ouvrages d’assainissement : insalubrité, pestilence, putréfaction. Autant d’effets négatifs sur l’environnement qui se répercutent par ailleurs sur les hommes et leur santé.
Pour Nice Hounkponou, ingénieuer en hydraulique et assainissement et secrétaire de l’Ong Femme pour le Climat et l’Assainissement, ce défi incombe aux pouvoirs publics. A l’en croire,
« les autorités n’ont pas pensé à la gestion des déchets engendrés par les masques jetables. Conséquence, les axes routiers et espaces publics sont jonchés de masques usagés, parfois contaminés, puisqu’il faut en changer toutes les 3 ou 4 heures après utilisation ».
Pour éviter des situations dommageables pour l’environnement, elle préconise les masques réutilisables. « Etant donné que nous sommes dans un pays où la gestion des déchets est un problème de tous les jours malgré les diverses politiques mises en œuvre, notre seule alternative pour réduire cette pollution environnementale est le recours aux masques réutilisables », recommande-t-elle.
Si le port de masque est capital pour se protéger contre le Covid-19 et éviter l’inhalation du monoxyde de carbone, (facteur de divers maux, tels que la nausée, le vomissement, la fatigue…), la pression que l’homme exerce sur la nature avec ces bavettes n’est pas à négliger. Des environnementalistes misent sur l’auto-discipline et la sensibilisation pour conscientiser les populations.