De 3.5, le Bénin a enregistré un score de 3.6 en matière des progrès dans l’évaluation de la politique et des institutions nationales (Country Policy and Institutional Assessment-Cpia). Nathalie Picarelli, économiste à la Banque Mondiale dans un entretien accordé à La Nation, a expliqué ce résultat positif du pays.
Selon Nathalie Picarelli, l’évaluation Cpia de la Banque Mondiale consiste à établir un état des lieux sur les progrès réalisés par les pays, dans le cadre du renforcement de la qualité de leurs politiques et de leurs institutions afin de favoriser une croissance durable, et de réduire la pauvreté.
C’est une évaluation qui se fait tous les ans pour les pays éligibles aux fonds Ida (fonds à conditions concessionnelles pour les pays à faibles revenus) et se base sur 16 critères représentant les dimensions institutionnelles d’une stratégie efficace de réduction de la pauvreté.
Sur l’importance des scores Cia, Nathalie Picarelli a indiqué qu’ils jouent un rôle essentiel et constituent l’un des critères qui déterminent la répartition des prêts concessionnels et des dons Ida. « Les pays les plus performants sur la base de leur score Cpia pourraient s’attendre à avoir une enveloppe plus conséquente afin de stimuler la croissance et promouvoir une prospérité partagée.
Deuxièmement, l’évaluation annuelle Cpia permet de mettre en avant une idée directrice de la Banque Mondiale : le développement s’obtient à partir des réformes institutionnelles mises en œuvre et par la mise en place de politiques publiques solides », a-t-elle expliqué.
Selon l’économiste, il ne s’agit pas avec le Cpia d’évaluer la performance sur des critères qui peuvent être affectés par la conjoncture (comme la Covid-19 par exemple) mais les réformes structurelles.
« La publication annuelle des scores par la Banque Mondiale permet de faire un suivi et de reconnaître les efforts entrepris par les gouvernements des pays membres de l’Ida », a ajouté Nathalie Picarelli. Selon elle, les scores Cpia ne sont pas des acquis. Tous les ans, les équipes pays de la Banque Mondiale évaluent les progrès mais aussi les reculs, et proposent les arguments en faveur de la notation. Elle précise qu’il y a un processus interne d’harmonisation et de contrôle pour s’assurer que les notations sont cohérentes aux efforts réalisés par rapport aux autres pays membres de l’association.
Des progrès significatifs
Selon Nathalie Picarelli, le Bénin au cours de l’année écoulée a fait des progrès significatifs dans quatre domaines particuliers. La gestion économique du pays souligne-t-elle, a été améliorée grâce à la publication de statistiques régulières et complètes sur la gestion de la dette, ainsi qu’à l’introduction de budgets programmatiques, et les progrès soutenus en matière de consolidation fiscale.
Dans le domaine de la gestion économique, le Bénin a le deuxième score le plus élevé en Afrique, après l’Ouganda, a informé l’économiste.
Deuxièmement, le secteur financier a été rendu plus résilient en poursuivant les réformes sur les exigences des normes internationales des accords de Bâle II et de Bâle III. Troisièmement, le meilleur processus de planification du secteur de la santé a permis d’augmenter la note relative au capital humain.
Enfin, des progrès ont été réalisés en matière de droits de propriété avec une meilleure transparence du système d’administration foncière, la publication en ligne du cadastre et surtout l’adoption d’un décret facilitant la conversion des permis d’habiter en titres fonciers pouvant être reconnus comme des garanties par le régulateur bancaire (Commission bancaire de l’UEMOA).
Cette réforme devrait également améliorer la rentabilité des banques, a confié Nathalie Picarelli soulignant qu’à la fin du mois d’octobre, environ 600 garanties avaient été formalisées, correspondant à 72 milliards de francs CFA de garanties sous-jacentes.
Le Cpia de l’année 2020 a couvert 75 pays dont 39 en Afrique. Selon l’économiste de la Banque Mondiale, pour chaque critère, les performances des pays sont notées sur une échelle allant de 1 (faible) à 6 (fort).
Pour ce qui concerne le Bénin, un atelier a été organisé en novembre dernier avec les différents acteurs gouvernementaux et la Société civile, a rappelé Picarelli.
F. A. A.
Les critères d’évaluation
L’évaluation se base sur 16 critères représentant les dimensions institutionnelles d’une stratégie efficace de réduction de la pauvreté.
Les critères sont regroupés en quatre catégories :
Groupe A : la gestion économique
Groupe B : les politiques structurelles
Groupe C : les politiques de lutte contre l’exclusion sociale et en faveur de l’équité
Groupe D : la gestion et institutions du secteur public