Aujourd'hui, 08 mars 2013, les femmes béninoises à l'instar des femmes du monde entier célèbrent la journée internationale de la femme. La commémoration de cette fête intervient dans un contexte marqué par le report sine die par les députés de la proposition de loi portant égalité d'accès aux fonctions électives et nominatives hommes/femmes. Ce qui donne à dire que cette fête va laisser un arrière-goût amer aux femmes béninoises. Et ce serait l'occasion pour elles de faire le procès des hommes.
Ce jour, les femmes, toutes catégories confondues sont à l'honneur. A l'instar des nations du monde entier, le Bénin va célébrer la journée internationale de la femme. Cette année, le thème choisi par l'Organisation des nations unies(Onu) est " Une promesse est une promesse : il est temps de passer à l'action pour mettre fin à la violence à l'égard de la femme ". Comme les années antérieures, les femmes béninoises ne manqueront pas de faire la fête. Habillées pour la circonstance d'uniformes choisis de commun accord, ces femmes, avec à leur tête les " intellectuelles " vont parcourir les différents programmes qui sont généralement faits de conférences-débats et de réjouissances. A partir donc d'aujourd'hui et probablement pendant plusieurs jours, les différentes organisations de la société civile qui ont pour centre d'intérêt la femme, vont rivaliser de programmes pour mettre à
l'honneur la femme béninoise. Cependant il faut reconnaître que, la plupart du temps, le programme est le même : on réunit les femmes, on échange puis on partage un repas et rendez-vous l'année prochaine. Pendant ce temps, les conditions de vie des femmes se dégradent.
Ainsi donc, le gouvernement et d'autres structures s'impliquant dans le bien-être de la femme ne vont pas manquer à l'appel.
Le rêve de la parité
Seulement, les femmes béninoises vont fêter l'événement avec un arrière-goût amer. Cette journée internationale de la femme intervient en effet dans un contexte lourd et chargé. Et pour cause ! Les députés de la sixième législature viennent de reporter sine die l'examen de la proposition de la loi portant égalité d'accès aux fonctions électives et nominatives homme/femme. C'était le 19 février 2013 à l'Assemblée nationale. Ce jour-là, les députés de sexe masculin qui sont intervenus, en dehors de l'honorable Eric Houndété, n'ont pas fait de cadeau aux femmes. Même l'intervention musclée des députés Rosine Soglo et Hélène Aholou Kêkê qui s'en sont pris au masochisme des hommes députés n'a malheureusement pas permis d'amorcer ni l'étude ni le vote de cette loi.
Certains députés n'ont pas hésité à dire aux femmes de se battre pour mériter leurs places dans toutes les sphères de décisions, au lieu d'attendre tout bonnement qu'une loi vienne consacrer cela. Conséquence, la parité entre hommes et femmes n'est pas pour demain au Bénin. Pourtant, à la fin de son mandat à la tête de l'Union Africaine, en janvier dernier, le Chef de l'Etat, Boni Yayi a annoncé que dans son prochain gouvernement, les femmes seront en parité avec les hommes. Si au niveau de l'Exécutif, la volonté y est et qu'elle n'est pas accompagnée par le Législatif, c'est presque sûr que la parité dont rêve les femmes et pour laquelle elles ont fait un plaidoyer ne sera qu'un vain mot sans contenu réel.
Seconds rôles
Lorsqu'on fait l'état des lieux dans notre pays, la situation n'est guère reluisante. Tenez, aucune institution de la République n'est dirigée par une femme. A l'Assemblée nationale, six(06) femmes seulement siègent sur les 83 députés. Au gouvernement, la promesse électorale de Boni Yayi d'octroyer 30% aux femmes a permis d'avoir sept(07) femmes ministres. Pendant ce temps, une seule femme est maire sur les 77 communes que compte le Bénin. Dans ces conditions, on est bien tenté de se demander quel sens revêt cette fameuse journée internationale de la femme dans un pays où les représentants du peuple composés en majorité d'hommes, ont dicté leur loi en renvoyant aux calendes grecques la loi qui stipule l'égalité sur tous les plans entre l'homme et la femme. Malheureusement, c'est dans cette triste réalité que les femmes béninoises vont sacrifier à la tradition. Et, c'est presque certain qu'elles ne rateront pas l'occasion de faire le procès de leurs maris, de leurs pères et de leurs frères. En attendant, souhaitons quand même bonne fête à la gente féminine!!
