PARIS- Le Sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique s’est conclu samedi soir à Paris, par la publication d’une déclaration commune de la France et des délégations de 53 pays africains, évoquant notamment les moyens envisagés pour permettre au continent d’assurer elle-même sa sécurité, comme a pu le souligner le président français François Hollande.
"Il a été convenu que l’Afrique devait assurer elle-même sa sécurité, que c’était un principe fondamental. Il n’y a pas de continent qui ne puisse assurer par lui-même son destin, a affirmé le chef d’Etat français, lors de la conférence de presse de clôture du sommet.
"Mais, face aux crises, face au terrorisme, face à la piraterie, face aux trafics de toutes sortes, l’Afrique doit s’organiser et pouvoir intervenir de manière rapide et efficace, a estimé M. Hollande, énumérant les multiples défis auxquels sont confrontés les pays africains.
"C’est donc le sens de cette force d’action rapide qui doit être mise en place dans les prochains mois, que la France soutiendra par une action de formation et d’encadrement", a-t-il ajouté, faisant référence à l’une des conclusions majeures de ce sommet franco-africain.
Il s’agit de la constitution d’une force militaire africaine disponible, qui serait en mesure de répondre aux crises touchant le continent. Ce projet doit être opérationnel d’ici 2015, ont prévu les participants à cette réunion au sommet, y compris la quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains présents.
L’enjeu est de taille, puisqu’il permettrait à Paris d’arrêter de jouer au "gendarme de l’Afrique", un rôle endossé en raison de son passé colonial dans la région, comme ont pu lui reprocher certains observateurs. C’est d’ailleurs un rôle que la France semble continuer de jouer, puisqu’elle a lancé deux opérations sur le continent africain, l’une au Mali en janvier dernier et l’autre en Centrafrique à la veille de l’ouverture du sommet.
Ce sommet franco-africain présente la singularité de réunir l’ensemble des pays du continent, aussi bien francophones qu’anglophones et lusophones, et non plus seulement les pays membres du pré carré traditionnel des anciennes colonies françaises que sont le Gabon, le Mali ou encore le Togo.
Par contre, le Zimbabwe a refusé de participer à ce sommet. Les chefs de l’Etat du Soudan, de la Guinée-Bissau, de la République centrafricaine, de Madagascar et de l’Egypte n’ont pas été invités à ce sommet.
Cette volonté d’évolution vers un nouveau partenariat entre la France et les Etats africains, y compris au niveau économique, est illustrée par le dialogue noué avec l’Union africaine (UA), notamment sur le dossier malien. Il faut, en outre, souligner que M. Hollande avait justement annoncé l’organisation de ce Sommet lors du 50e anniversaire de l’UA en mai dernier à Addis-Abeba, en Ethiopie, où il était le seul dirigeant occidental convié.
Une plus grande implication de l’Union européenne dans les relations nouées avec l’Afrique pourrait sans doute contribuer à changer la donne. Le Président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, n’a pas manqué d’insister samedi sur l’existence d’un partage entre les deux continents.
"Il y a aujourd’hui un partage de valeur avec l’Afrique. Pas seulement un partage de valeurs économiques. Un partage sur la sécurité également," a souligné le haut responsable européen, lors de la conférence de presse de clôture du sommet élyséen.
La France, ancienne puissance coloniale, est de plus en plus marginalisée en Afrique face à la concurrence des Etat-Unis, qui ont montré un plus grand intérêt sur le continent noir, ainsi que de la Chine, de l’Inde et du Brésil. La part de marché de la France en Afrique subsaharienne a diminué depuis quelques années.
Les perspectives positives de développement de l’Afrique et l’immense potentiel de son marché attirent le monde entier. La France a voulu profiter de ce sommet France-Afrique pour renforcer ses liens sécuritaires et économiques avec le continent,dans le but de préserver son influence traditionnelle sur cette partie du monde, et également pour contribuer à la croissance économique et à l’amélioration de l’emploi en France.