Le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin, était sur les plateaux de télé dimanche 5 juillet dernier. Face aux journalistes Koudous Abdoulaye de la Télévision nationale et Zakiath Latoundji de Canal 3 Bénin, il a fait le point de la situation épidémiologique liée à la Covid-19 dans le pays. Portant sur le thème « Covid-19 au Bénin: où en sommes-nous!», aucun aspect de la gestion de cette crise sanitaire n’a été occulté à l’occasion.
Journaliste : Depuis quelques semaines, le Bénin a franchi la barre des 1000 cas de contamination. Monsieur le ministre, faut-il craindre le pire?
Il n’y a pas lieu de craindre le pire. Effectivement, nous avons franchi la barre des 1000 cas depuis bientôt deux semaines. Aujourd’hui, nous sommes autour de 1300 cas avec 21 décès. Faut-il craindre le pire? Je l’avais dit tantôt, c’est non. Il ne faut pas craindre le pire parce que les dispositions ont été prises pour faire face à cette montée. Dans toute épidémie de ce genre, il y a toujours cette phase de croissance qui est attendue et à laquelle il faut faire face avant d’arriver au pic et de connaître la décroissance jusqu’à arriver à zéro cas. Donc, c’est une prévision naturelle.
Vous avez parlé de pic, mais pourquoi avoir levé le cordon sanitaire et assoupli certaines mesures de restriction en mai alors qu’on sait que le pic est attendu pour juin ou juillet ?
Lorsque vous regardez la distribution épidémiologique aujourd’hui, vous vous rendez compte que la majorité des cas est concentrée dans l’ancienne zone du cordon sanitaire. Et quand vous regardez depuis le début du mois de juin, la zone qui va jusqu’au septentrion, malgré la levée du cordon sanitaire, vous constatez qu’il n’y a pas eu plus de cas. Donc, vous allez vous rendre compte que le cordon sanitaire a été pertinent à un moment donné, parce qu’il y avait des données qui allaient dans ce sens, aujourd’hui ce n’est plus opportun forcément d’avoir ce cordon sanitaire parce que d’autres conditions favorisent grandement la propagation de cette épidémie, qui nous amène tout droit vers le pic.
Qu’en est-il des autres mesures à savoir l’ouverture des lieux de culte et autres?
L’ouverture des lieux de culte que nous avons eu à opérer, comme vous pouvez vous en rendre compte, le gouvernement a entrepris depuis quelques jours des concertations avec différents acteurs. Nous avons mis en place un certain nombre de mesures à un moment donné et graduellement, nous avons commencé à diminuer ces mesures. Et nous réévaluons de façon régulière ces mesures avec les acteurs pour apprécier si celles qui restent en vigueur sont strictement respectées. Si ces mesures, c’est-à-dire les gestes barrières, sont respectées tout en favorisant l’ouverture par exemple des lieux de culte, je pense qu’il n’y a pas de raisons de lier forcément la recrudescence des cas à cette levée des restrictions. Donc, l’évaluation de ces mesures est faite de façon régulière, les mesures idoines sont prescrites par le gouvernement et les responsables de ces lieux de culte, de commun accord avec le gouvernement, mettent en place tout ce qu’il faut pour s’assurer que cela ne favorise pas encore d’autant plus la propagation de l’épidémie. Donc, il n’y a pas de raisons de s’inquiéter par rapport à certaines dispositions qui ont été prises par le gouvernement.
Faisons l’état des lieux. Quelle est la situation épidémiologique à ce jour avec le coronavirus au Bénin?
Nous sommes aujourd’hui autour de 1300 cas avec 21 décès et plus du tiers de ces cas sont déjà guéris. Les deux tiers sont encore en cours de traitement soit à domicile soit sur les sites de prise en charge. Les plus de 75 % des cas sont concentrés dans la zone de l’ancien cordon sanitaire dans les départements du Littoral avec près de 50 % des cas, de l’Atlantique et de l’Ouémé. Le reste est un peu disséminé un peu partout dans le pays. Il faut dire que si la plupart des cas, il est vrai, sont sans signes ou présentent des signes mineurs, nous avons de plus en plus de cas graves. Ce sont ces cas graves qui peuvent malheureusement aboutir à des décès malgré la prise en charge qui est mise en place par le gouvernement.
Quelle est la tendance de la courbe. Est-ce que ces cas testés positifs sont tous des cas communautaires ou ce sont des cas importés ?
Nous avons de plus en plus de la contamination communautaire. A un moment donné, nous avions eu plus de cas importés mais maintenant, nous avons véritablement affaire à une transmission communautaire. C’est au sein de la communauté que s’opère la transmission, et le dispositif qui est mis en place pour contrôler l’arrivée des voyageurs sur le terrain nous permet de nous assurer effectivement de l’état de santé de ceux qui arrivent. C’est cela qui nous permet aujourd’hui d’apprécier que la transmission se fait surtout au niveau communautaire.
S’il y a transmission au niveau communautaire, est-ce que ce n’est pas parce que le dispositif à un niveau n’a pas marché?
Je vais vous expliquer ce qui se passe au niveau communautaire. Vous avez un patient X et on évalue quelle est la potentialité ou le risque que ce patient puisse transmettre la maladie à d’autres personnes. Pour transmettre la maladie à d’autres personnes, il faudrait d’abord que le patient ne respecte pas les gestes barrières ou que ceux qui sont autour de lui ne respectent pas les gestes barrières. Et plus on ne respecte pas les gestes barrières, plus vous avez de chance ou de malchance d’avoir cette transmission au niveau local. On parle habituellement du R0, c’est-à-dire le nombre de sujets qu’un autre sujet positif peut contaminer. Aujourd’hui, nous sommes à deux. C’est à dire que si vous avez un cas positif, il a cette malchance de pouvoir contaminer deux autres personnes.
Certains pensent que ce sont les élections qui ont renforcé les cas de contamination. Est-ce que vous avez la même lecture?
Je n’ai aucunement la même lecture. Au moment des élections, c’est une campagne médiatique qui a été préconisée par le gouvernement. Il y a eu par moments un certain nombre de regroupements. Mais ce n’est pas vraiment cela qui explique la flambée des cas qui est là actuellement. Si c’était vraiment cela qui explique la flambée des cas, ce n’est pas maintenant que nous allons avoir la flambée mais depuis bien longtemps, depuis la période des élections. Donc ce n’est pas de cela qu’il s’agit.
De quoi s’agit-il concrètement, monsieur le ministre?
Aujourd’hui, il y a des hypothèses. Le rôle de la fraicheur, de l’humidité est largement évoqué. En occident, c’est au cours de la période d’hiver que nous avions assisté vraiment au pic de l’épidémie. Aujourd’hui, nous avons quitté la saison sèche et nous sommes entrés dans la saison pluvieuse, et cela coïncide effectivement avec la recrudescence des cas au niveau de toute la zone côtière. Ce n’est pas du Bénin seul qu’il s’agit. Quand vous regardez bien toute la zone côtière au niveau des autres pays de la sous-région, c’est la même situation qui se produit. Nous avons une augmentation du nombre de cas. Et quand on regarde l’évolution à l’intérieur du pays, on se rend compte que les autres régions qui aujourd’hui sont au chaud, c’est à dire toute la zone septentrionale, il n’y a pas beaucoup de cas. Les pays qui sont au niveau sahélien sont aujourd’hui pratiquement à zéro cas. Donc, il faut intégrer cette notion de l’hibernation qui entre en ligne de compte dans la propagation des cas.
Est-ce qu’il ne faut pas craindre le pire?
Il ne faut pas craindre le pire lorsqu’on essaie de se faire à l’idée que le mal est là et qu’il faut impérativement respecter les mesures barrières, parce que c’est de cela qu’il s’agit. Lorsqu’on respecte les mesures barrières comme je l’ai dit tantôt, le R0 c’est à dire la faculté de transmettre le mal à d’autres personnes devient de plus en plus faible. Et, plus il s’affaiblit, plus nous allons avoir moins de cas, nous allons finir avec le pic, commencer avec la recrudescence et en finir. Mais moins les populations vont respecter les gestes barrières, plus nous allons avoir des problèmes, surtout avec la réalité actuelle des pluies. C’est pour cela qu’il est important d’intégrer dans les éléments de riposte qui sont en train d’être activés, l’obéissance aux prescriptions qui sont faites en matière de gestes barrières, le respect de la distanciation, le port systématique de masque qui est un élément majeur, fondamental. Parce que vous pouvez avoir le germe autour de vous. Cela tourne autour de nous certes, mais tant que vous n’avez pas touché à ce germe et l’avez envoyé au niveau de vos voies aériennes c’est-à-dire dans votre nez ou dans votre bouche, vous ne pouvez pas développer la maladie. Et si vous avez votre masque en place, vous ne pouvez pas l’envoyer. Et si vous êtes malades, vous avez votre masque, vous ne pouvez pas non plus transmettre le germe. Donc, il est fondamental que vous respectiez ces gestes édictés. Et au-delà de cela, on parle du lavage des mains. On parle de la désinfection des mains à la solution hydroalcoolique, parce que tout simplement même si le germe évolue dans notre environnement parce qu’il a trouvé un environnement favorable, il suffit de respecter ces gestes pour que vraiment on puisse éviter la propagation.
C’est vrai que vous nous invitez à la sérénité mais quelles sont les projections qu’on peut faire? A quoi doit-on s’attendre les prochains jours? A quand doit-on s’attendre à un véritable pic ?
Nous avons fait des projections suivant les scénarios que j’ai évoqués tout à l’heure. Nous sommes en train d’évaluer par rapport à ce R0 qui est le nombre de sujets auxquels un patient positif peut transmettre le virus. Et par rapport à ces deux points, nous avons fait des projections pour voir si nous maintenons le rythme à un R0 qui est inférieur ou supérieur à 2. Si chaque individu potentiellement malade ou malade est en mesure de transmettre à moins de deux autres personnes le virus, nous pouvons connaître selon les projections qui ont été faites par les biomathématiciens, le pic de cette épidémie au cours des mois de juillet-août.
Par rapport aux cas que nous avons actuellement, quelle est la tranche d’âge? Est-ce que les jeunes sont aussi concernés? Parce qu’on entend dire qu’ils ont une immunité qui les expose moins au virus.
C’est vrai que la jeunesse de la population est un élément qui va en faveur d’une meilleure maitrise de la situation mais il faut faire très attention. Ce n’est pas parce qu‘on est jeune qu’on ne contracte pas le virus. Nous avons beaucoup de jeunes qui ont contracté le virus et également des jeunes qui peuvent en mourir. Il y a des jeunes qui sont déjà morts parmi les 21 qui sont décédés. Donc, il faut faire très attention.
Pour l’instant, la situation est donc sous contrôle, monsieur le ministre ?
Pour l’instant, la situation est sous contrôle.
Mais comment vous expliquez que dans certains pays, ils sont arrivés au reconfinement après le confinement au regard des chiffres. Ici, il n’y a pas eu de confinement mais la mise en place du cordon sanitaire. Après, on a levé le cordon mais le nombre de personnes contaminées augmente de jour en jour.
Il faut comprendre quelque chose. Par rapport au confinement, je crois qu’on s’est bien entendu là-dessus. Le confinement total, pur n’est pas pour nos pays. Ce n’est pas réaliste et cela ne peut pas être réalisé. Par contre, la stratégie du cordon sanitaire, il faut l’évaluer aujourd’hui pour voir. Est-ce opportun? Et vous avez bien vu la démonstration. Malgré la levée du cordon sanitaire aujourd’hui, à cause d’autres paramètres qui se sont ajoutés notamment climatiques, c’est la situation que nous avons. Mais nous avons une concentration qui est bien limitée. Donc, cette situation sera réévaluée comme je l’ai dit tantôt avec tous les éléments épidémiologiques autour avec le comité des experts pour que les décisions les plus appropriées soient prises. Mais chaque fois, ce sera pesé au cas par cas pour apprécier. Si demain on se rend compte que c’est au niveau des lieux de culte que nous avons le plus de contaminations ou des transporteurs que nous avons rencontrés dernièrement que nous avons plus de contaminations, il n’y a pas de raisons que le gouvernement n’examine à sa juste valeur cette nouvelle donnée et prenne des décisions appropriées par rapport à cela.
Est-ce que vous arrivez à catégoriser les personnes dépistées positives?
Nous arrivons à les catégoriser. Nous arrivons à voir la tranche d’âge, le sexe, la provenance, la commune,etc.
Aujourd’hui, quelles sont les catégories les plus touchées?
C’est vraiment disséminé un peu partout. Que ce soit les intellectuels ou non, dans les villages ou dans les villes, c’est disséminé un peu partout dans la zone de l’ex-cordon sanitaire. Pour le moment, il n’y a pas à stigmatiser ou à catégoriser une population ciblée pour dire que c’est eux qui sont les vecteurs de transmission du virus.
Dans l’opinion, il y a beaucoup qui disent que pour une maladie aussi grave, qui tue à ce point, comment on peut dire que c’est le lavage de mains, le respect de la distanciation physique et le port de masque qui peuvent permettre de l’éviter. Cela paraît banal pour certains.
Cela paraît banal, certes, mais c’est vital. Parce qu’il faut qu’ils comprennent comment est-ce que le virus peut rentrer dans l’organisme. Le principe de base est que le virus rentre dans l’organisme. Et il faut éviter que le virus rentre dans l’organisme. Et pour que le virus ne rentre dans l’organisme, il est impératif qu’il ne soit pas en contact avec les voies aériennes. Et pour cela, même s’il est dans les mains, s’il est sur une surface qu’on a touchée, il suffit de se laver les mains à l’eau et au savon et on l’élimine. De ce fait, même si on amène sa main au visage, on ne risque pas de l’envoyer dans les narines ou dans la bouche. L’autre chose est que lorsqu’on porte des masques même si on touche son visage il n’y a pas de possibilité d’envoyer quelque chose à l’intérieur parce qu’il y a une barrière qui est là. Et lorsqu’on est malade et qu’on est en train de tousser, ou qu’on éternue, il n’y a pas de moyen de projeter ces secrétions pour souiller les surfaces ou projeter cela sur les individus. Et au cas où la personne ne porterait même pas de masque et qu’on respecterait une distance d’au moins un mètre avec cette personne, même si elle tousse, la sécrétion ne pourra jamais venir au niveau de la personne. C’est cela le principe de base. Il faudrait éviter d’être en contact avec le virus ou alors lorsqu’on est en contact, de le nettoyer immédiatement et l’éliminer. C’est cela le principe de base. Donc, que les populations se disent que ce sont des mesures trop simples, trop simplistes, cela a fait ses preuves partout ailleurs. En Asie du sud-est, le port de masque est devenu quasiment systématique. Même en dehors de la crise, les gens sont habitués à porter le masque parce qu’ils ont eu à traverser d’autres épidémies de maladie respiratoire par le passé et c’est peut-être le futur qui nous attend. Je ne sais pas.
Il y a une action qui se mène sur le terrain. Le dépistage qui se fait de manière discrète. Décrivez-nous un peu le processus. Comment cela se fait concrètement?
Par rapport au dépistage, le gouvernement a mis en place dans chaque commune, au minimum un site de dépistage. Nous avons aujourd’hui 89 sites de dépistage totalement dédiés en dehors du fait qu’au niveau de certains hôpitaux aussi bien publics que privés, nous avons mis en place des kits pour dépister les cas. Parce que si un malade vient et présente des signes, il faut pouvoir rapidement le prélever et avoir la certitude que ce n’est pas la Covid. Donc sur tous ces sites, on peut procéder au dépistage. Dès le départ et c’est tout à fait naturel, la priorité a été accordée aux personnes qui sont symptomatiques. Lorsque quelqu’un présente un signe et se présente sur un site, automatiquement on le dépiste, on fait les prélèvements nécessaires et le résultat est donné. En dehors de cela, lorsqu’on a un seul patient qui est positif, automatiquement on recherche les cas contacts. Comme je vous l’ai dit, un cas qui est positif a la faculté de donner ce virus à environ deux personnes aujourd’hui. Ces deux personnes si elles l’attrapent vont le donner à deux autres personnes. Les deux autres qui l’attrapent vont le donner à deux autres et cela va s’étendre. Il est très important lorsqu’on trouve un cas, qu’on recherche immédiatement ses contacts et qu’on les dépiste. Donc la priorité est qu’on dépiste les cas qui sont symptomatiques. Deuxièmement, on dépiste les cas qui sont les sujets contacts de ces cas positifs et au-delà il y a des corps qui sont fortement exposés. Quand je prends le corps de la santé, vous pouvez respecter le port de masque, vous pouvez respecter le lavage des mains ou la désinfection à l’eau ou à la solution hydroalcoolique, mais vous ne pouvez pas respecter la distanciation avec un malade puisque vous devez l’examiner. Donc pour ces corps qui sont exposés, nous procédons également à un dépistage systématique pour nous assurer qu’ils sont bien portants et qu’ils n’ont pas le germe parce que la transmission peut être très forte. Un médecin qui est malade a la faculté de transmettre le virus à beaucoup de malades puisqu’il est en contact physique avec les autres. Donc, il y a ces corps qui sont dépistés et nous ouvrons de plus en plus pour que lorsque les sujets se présentent, on puisse également les dépister. Parce que nous avons aujourd’hui la clé pour contrôler les cas graves, pour contrôler les décès, c’est que lorsqu’un sujet présente ne serait-ce qu’un demi signe, il doit se présenter immédiatement dans une structure de dépistage, que ce soit dans un centre de santé ou au niveau des sites dédiés pour qu’on puisse le prélever et s’assurer que ce n’est pas la Covid-19. Devant un signe évocateur aujourd’hui, jusqu’à preuve du contraire, il faut se dire qu’on a la Covid 19 d’abord et agir comme tel.
Comme vous parlez de signes c’est bien qu’on revienne sur ces signes. Quels sont les signes de cette maladie ?
Les signes de cette maladie, ce sont les signes habituels qu’on a lorsqu’on a la grippe ou le paludisme. La fièvre, la toux, le rhume, l’éternuement, les maux de gorge, et des signes clés qui sont apparus dernièrement et qui sont de plus en plus fréquents, c’est qu’on ne sent plus les odeurs ou on ne sent plus le goût des aliments.
Ce sont tous les symptômes à la fois ou bien dès qu’on remarque un symptôme il faut commencer à s’inquiéter.
Dès qu’on a un seul de ces symptômes, attention, il faut automatiquement avoir le réflexe de se porter vers un site de dépistage. C’est le message le plus fort que le gouvernement lance aujourd’hui. C’est vrai qu’on a beaucoup de sujets qui sont asymptomatiques, mais en fait, à un moment donné, ils ont eu ces petits signes qui ne leur ont absolument rien dit, ne serait-ce que quelques douleurs à la gorge, très légères ou un éternuement une fois sur deux comme cela qui ne dit rien ou alors ce qui attire le plus l’attention, c’est le goût ou l’odeur. C’est cela qui les inquiète aujourd’hui le plus. Nous sommes en période de paludisme, la fièvre sera au rendez-vous parce que le paludisme est là. C’est pour cela que systématiquement, dans notre stratégie de dépistage, lorsque quelqu’un vient et présente des signes, notamment la fièvre, on lui fait non seulement le test pour la Covid, mais le test du paludisme pour ne pas confondre et l’association n’est pas exclue. C’est cette stratégie que nous mettons en place pour essayer de contrôler au mieux parce que pris en charge très tôt, on évite les complications.
Et le personnel soignant au front, comment ce personnel est-il traité ?
Il faut vraiment rendre hommage à ces acteurs qui de jour comme de nuit, sont sur le terrain en train de se battre vaillamment contre ce virus. En effet, au niveau de chaque zone sanitaire, de chaque commune, nous avons des agents de santé qui sont organisés en équipes d’intervention rapide. Et sur les sites de prise en charge, nous avons d’autres qui sont totalement dédiés et qui ne rentrent plus chez eux depuis qu’ils sont là, ils sont en quarantaine. Quand vous êtes sur un site de prise en charge, vous ne rentrez plus dans votre famille au risque de contaminer votre famille au cas où vous serez contaminés. Donc, ils sont totalement sur les sites de prise en charge et de jour comme de nuit, ils officient pour essayer de contenir la pandémie.
Nous avons le centre d’écoute, le call center qui reçoit beaucoup d’appels. C’est au minimum 1000 appels par jour. Lorsque les appels viennent, il faut pouvoir les adresser. Lorsque la personne appelle et dit qu’elle présente ces signes, le médecin coordonnateur de la zone sanitaire prend l’appel et lance une équipe d’intervention pour aller investiguer le cas au besoin à domicile.Lorsqu’on se rend compte que la personne présente des signes qui font qu’elle ne peut plus bouger, si elle est en détresse respiratoire, on envoie une ambulance pour aller régler le problème à domicile ou la transporter vers le site de prise en charge ou alors, c’est pour un besoin de diagnostic et on l’oriente pour qu’elle puisse aller vers le site de dépistage. Et de fait, ces équipes travaillent de jour comme de nuit, 24 heures sur 24. Ce sont des agents de santé qui sont identifiés parmi ceux qui travaillaient déjà dans les zones sanitaires, mais c’est également des volontaires. Qu’il vous souvienne que le gouvernement a eu à lancer entre-temps un recrutement de volontaires. Nous en avons recruté, nous avons une liste d’attente encore et nous allons en recruter parce que plus le nombre de cas augmente plus le travail augmente et nous avons besoin de plus d’équipes d’intervention. Ce sont ces agents qui sont sur le terrain et qui font le travail pour que nous puissions identifier les cas, les prendre en charge, identifier les contacts également, les prendre en charge et assurer le suivi de tous ces cas.
Est-ce que le personnel est en nombre suffisant au regard des projections que vous avez faites tout à l’heure ?
Nous évaluons la situation au cas par cas et on réajuste les effectifs en fonction de la localisation du foyer. Nous avons des équipes étendues sur le territoire. Quand nous avons vu la tendance de l’épidémie, nous avons pu concentrer l’équipe au niveau de l’ancien cordon sanitaire. Et plus est encore nous sommes en train d’augmenter les effectifs parce que quand on voit l’évolution, l’augmentation du nombre de cas, forcément le nombre de cas contacts augmente et il faut déployer plus d’équipes, plus d’énergie pour les retrouver. Chaque fois, nous réévaluons et nous augmentons ces équipes parce que si ces équipes ne sont pas en quantité suffisante, elles vont s’épuiser à la tâche. Cette appréciation est faite de façon continue avec les Directeurs départementaux de la Santé, avec les partenaires, les médecins coordonnateurs des zones sanitaires. Nous analysons chaque fois la situation et nous réajustons les effectifs pour faire face à ces demandes croissantes.
Est-ce à dire que ces équipes arrivent vraiment à répondre à ces besoins ? Prenons un exemple pratique. Lorsqu’un appel arrive là tout de suite, au niveau du centre, est-ce que systématiquement, il y a une équipe qui est disposée à aller sur le terrain, faire les prélèvements et dans combien de temps on peut avoir les résultats ?
Lorsqu’un appel arrive au niveau du call center, les messages viennent automatiquement pour dire que telle personne a appelé et que c’est telle équipe qui va adresser la question. Automatiquement, le médecin coordonnateur réagit aussitôt pour dire ; « nous avons reçu le message, et nous adressons cela ». En fonction du cas comme je l’ai dit, soit on déploie une ambulance pour aller vers le domicile et c’est assez rapide ou alors on appelle la personne puisque chaque requérant a son numéro qui s’affiche. On appelle la personne pour dire:
« présentez-vous à tel endroit pour pouvoir faire le test» ou alors on l’oriente, au mieux on lui donne des conseils. C’est en fonction de ce qu’il exprime parce que des fois, les gens n’appellent pas forcément pour des plaintes de maladies mais pour des renseignements. Donc, on l’oriente automatiquement mais chaque appel est traité. Et les équipes d’intervention se déploient automatiquement pour intervenir. Lorsqu’il y a plusieurs appels qui sont dans la même zone sanitaire, qui sont disséminés partout, vous comprenez que parfois il peut avoir des soucis pour joindre. C’est pour cela qu’il est important d’avoir un dispositif pour que les cas les plus graves puissent être traités à domicile ou que les cas qui ne le nécessitent pas puissent être orientés pour se déplacer vers les soignants. C’est ce que nous faisons.
Si les cas sont traités à domicile, est-ce que ce n’est pas un danger pour les personnes avec qui ce malade partage son environnement ?
Absolument pas. Tous les pays, même les pays occidentaux, c’est ce qui est fait. Une partie des cas est traitée à domicile et les cas les plus graves dans les structures hospitalières. Parce qu’un cas qui n’a pas de symptômes ou qui a très peu de symptômes, il s’agit de quoi exactement pour sa prise en charge. Il s’agit de prendre ses médicaments, de respecter les gestes barrières, d’aménager dans la maison son espace et le reste de la famille respecte strictement les mesures barrières vis-à-vis de ce cas et également reste en quarantaine. Si un cas vit dans un domicile avec deux ou trois personnes, cela signifie que les autres sont en quarantaine. Il y a des habitations qui sont encore plus favorables à la gestion des cas à domicile. Je prends l’exemple des maisons à étage où parfois on dédie un étage aux cas positifs et le reste de la famille reste en bas. Il y a plusieurs scénarios. En fait, on s’adapte chaque fois à ce qui se présente. C’est l’équipe d’intervention qui va sur place qui apprécie et accompagne pour pouvoir mettre en place le plan qui permette d’assurer une prise en charge à domicile correcte.
Une fois que ce plan est mis en place, est-ce que vos équipes font le suivi pour apprécier le respect de toutes ces mesures?
Le suivi aujourd’hui se fait par téléphone. Lorsque vous avez un paludisme, que vous allez à l’hôpital, qu’on vous fait une prescription, quand vous allez à la maison, personne ne vient vous voir pour vous obliger à prendre vos médicaments ou à prendre votre température. C’est exactement la même chose. Les équipes d’intervention les accompagnent pour mettre en place le plan de suivi à domicile. C’est cela qui est important et il faut que les populations comprennent. Elles exigent parfois que le soignant vienne matin, midi et soir pour les voir, non.
Le risque ici est que nous sommes en face d’une maladie très dangereuse et cela ne concerne plus seulement cette famille mais toutes les autres familles autour sont exposées.
Justement. Chaque individu y compris le malade, y compris ceux qui sont autour de ce malade, ils doivent avoir un certain sens de responsabilité. Est-ce qu’un individu peut accepter d’avoir sur la conscience la mort de ses prochains ? C’est-à-dire lorsqu’on prend délibérément la décision, se sachant malade, de violer les prescriptions et de sortir, d’aller exposer les autres, c’est extrêmement grave. Est-ce que les gens sont prêts à assumer cette responsabilité ? Je pense que c’est suffisamment gave. Quand on est malade, on reste à la maison, on met en place le dispositif qu’il faut pour faire la dizaine de jours de traitement, s’assurer de sa guérison et de sortir après.
Il y a aussi une préoccupation. L’utilisation des centres de jeunes comme centres de dépistage. Certains s’interrogent. Pourquoi cette option?
Lorsqu’on érige les sites de dépistage, nous élaborons un certain nombre de critères pour les sélectionner. Il faut que l’endroit soit assez spacieux pour que les règles de distanciation soient respectées scrupuleusement. Parce que vous imaginez que sur un site de dépistage, il y a des patients positifs qui viennent là. C’est pour cela qu’il est important d’attirer l’attention des populations que lorsqu’elles viennent sur les sites de dépistage, il ne faudrait pas qu’elles se mélangent et créent la promiscuité. Il faut faire très attention.
Le dépistage est-il gratuit ?
Même si tout le dispositif a un coût, le dépistage est gratuit. Je vous donne un exemple simple. Le kit qui sert à faire le dépistage, seul, a un coût d’environ 20 dollars. Cela tourne autour de 12.000 F Cfa, rien que le kit sans compter tout ce qu’il y a autour. Quand vous allez loin, vous allez voir que ce diagnostic va coûter en moyenne 25 à 35 mille, rien que pour la Pcr à l’Etat. Et l’Etat investit avec les partenaires pour s’assurer que chaque acteur, chaque population qui vient au niveau d’un site puisse l’avoir gratuitement. Au niveau de l’aéroport, nous avons mis en place un forfait, vraiment un forfait qui ne couvre même pas ce que nous sommes en train de faire, pour nous assurer que c’est pérenne parce qu’il faut sécuriser au niveau du cordon pour que nous n’importions pas plus que cela les germes.
Vous voulez parler des 100.000 F Cfa que les passagers à destination de Cotonou paient?
Exactement.
Ce montant représente concrètement quoi?
Comme je vous l’ai dit, c’est pour amortir le coût. Vous êtes allés à l’aéroport et vous avez vu le dispositif qui a été mis en place par le gouvernement pour s’assurer du dépistage. Les 100.000 F Cfa couvrent deux tests rapides et deux Pcr. Et quand vous faites la balance, vous vous rendez compte que cela ne couvre même pas les 4 tests. C’est un forfait qui est fait. Vous avez des pays en Europe qui ont un seul test à 152 Euros. Le Bénin fait les 4 tests à ce coût-là. Je pense qu’il n’y a même pas à discuter de cela. C’est vraiment un prix forfaitaire qui a été fixé.
Comment se fait la prise en charge des cas graves?
Nous avons dès le départ,au niveau du gouvernement,mis en place un certain nombre de dispositifs pour que les cas graves soient pris en charge au niveau des sites dédiés. Ainsi donc, nous avons identifié le site de l’ex-école de police, le site de l’hôpital de zone d’Allada, le site de l’hôpital d’instruction des armées de Parakou pour les trois premiers sites et le site de l’hôpital de zone d’Abomey-Calavi qui est en cours de montage puis le site du Chd de Natitingou pour s’assurer de la prise en charge des cas graves. Et au niveau de ces sites, il y a tout le personnel qui est dédié pour pouvoir assurer la prise en charge des cas graves, aussi bien les médecins, des infirmiers anesthésistes-réanimateurs, des médecins anesthésistes réanimateurs, des cardiologues, qui sont là sur place. Et au niveau de ces sites, il y a tout le dispositif, tout l’équipement qu’il faut pour prendre en charge les cas graves. Les cas graves sont les cas de détresse respiratoire. Donc, il faut pouvoir assurer une prise en charge optimum. C’est le cas des patients qui ont des tares. Que ce soit le diabète, l’hypertension, la drépanocytose ou autres. Tout est mis en place pour qu’on puisse assurer la prise en charge aussi bien des pathologies qui font que les cas deviennent graves, que la détresse respiratoire qui s’installe. Nous avons mis en place un dispositif assez efficace qui nous permet de tenir et des protocoles faits d’un certain nombre de médicaments que nous avons eu à mettre en place pour pouvoir nous assurer qu’il y a une prise en charge optimum afin de limiter au grand maximum le nombre de décès.
Avec ces centres dont dispose aujourd’hui le Bénin, est-ce que le pays est doté de ce qu’il faut pour une bonne prise en charge, surtout qu’on craint les chiffres pour les tout prochains jours ?
Nous avons mis en place ce dispositif. Il y a suffisamment de lits qui sont dédiés à cela. C’est pour cela d’ailleurs qu’il ne faut pas remplir les centres de prise en charge des malades qui sont asymptomatiques ou ont peu de signes. Il faut dédier ces lits pour la prise en charge des cas graves. Et de fait, avec la stratégie qui est mise en place d’assurer la prise en charge des cas qui ne sont pas graves à domicile et des cas graves au niveau des sites dédiés, nous avons mis en place le nécessaire pour nous assurer que tous les cas graves qui peuvent venir au niveau de ces structures soient correctement pris en charge, de manière efficiente.
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Le Bénin a fait l’option de la chloroquine pour traiter ou prévenir la Covid-19. Est-ce que délibérément, les populations peuvent se rendre à la pharmacie pour se procurer la chloroquine ?
La stratégie mise en place par le gouvernement, le principe de base est que si le traitement commence tôt, il est plus efficace. Et de fait, nous avons mis en place cette molécule au niveau de toutes les zones sanitaires et au niveau des structures de prise en charge. Mais au-delà de cela, les pharmaciens ont le devoir de conseil, c’est-à-dire qu’ils peuvent délivrer des médicaments. Quand vous allez acheter le paracétamol, est-ce que vous montrez une ordonnance? Rien du tout. Donc, il y a ce devoir des pharmaciens et le gouvernement leur a rétrocédé cela par rapport à la chloroquine. Donc, le citoyen peut aller à la pharmacie, avoir ce conseil, avoir la chloroquine qui est conseillée par le pharmacien avec la bonne indication et la bonne posologie et qu’il puisse prendre cela.
En cas de symptômes ou simplement pour raison de prévention est-ce qu’on peut aller en officine et prendre de la chloroquine parce qu’on veut prévenir une éventuelle contamination au coronavirus?
Je précise que nous n’avons pas mis en place un protocole de prévention du coronavirus au Bénin. Nous avons mis en place un protocole de traitement et un protocole de prophylaxie chez les sujets qui sont fortement exposés, notamment les agents de santé.
Mais dans quel cas je peux aller en officine me procurer de la chloroquine même si je prends les conseils du pharmacien ?
Je donne un exemple simple. Vous commencez par éternuer. Vous sentez les premiers signes, vous portez votre masque, vous allez à la pharmacie à côté et vous dites à la pharmacienne: «Il parait qu’il faut commencer le traitement tôt et je sens des signes». Le conseil qu’elle a à vous donner est ceci: «Prenez et rendez-vous sur le site de dépistage». Parce que la suite du traitement, il ne s’agit pas seulement de la chloroquine. La suite du traitement dépend du diagnostic qui sera posé. Donc, c’est juste une étape pour vous assurer que vous avez commencé tôt le traitement, mais la suite, c’est se rendre obligatoirement dans une structure où le diagnostic va être posé et le traitement adapté va être mis en place. Il ne s’agit pas seulement de la chloroquine par rapport à la prise en charge.
Les examens de fin d’année sont là. Quels conseils avez-vous à l’endroit des parents, des candidats et le personnel enseignant ?
Les examens de fin d’année sont là. Le gouvernement, dès l’entame, a fait une distribution de masques au niveau des écoles pour s’assurer que tous les enfants aient de masques. Le message aujourd’hui est que les enfants en venant au niveau des centres d’examen portent systématiquement leurs masques. Je voudrais préciser pour nos apprenants que le masque, ce n’est pas seulement à l’intérieur de la salle de classe. Le masque, c’est partout. C’est dans la rue. C’est à la maison en y allant. C’est lorsqu’on est avec d’autres personnes qui sont potentiellement contaminées. Il faut considérer tous ceux avec qui vous êtes que vous ne connaissez pas comme potentiellement contaminés. Parce que j’ai constaté que les élèves pensent que c’est à l’intérieur de la classe seulement que le masque est obligatoire, mais c’est partout. Quand on sort de l’école on le porte. Donc, en allant dans vos centres d’examen, il faut le porter.
Mais avant même, il faut éviter de se faire contaminer avant les examens. Lorsqu’on a la Covid, on a des maux de tête atroces, on a des courbatures intenses, on a de la fièvre et cet état ne permet pas d’apprendre. Chers parents, évitez à vos enfants d’attraper la Covid en cette période qui précède les examens, en respectant les gestes barrières. C’est fondamental. Un enfant qui attrape la Covid en cette période-ci n’aura pas les capacités pour faire face à un examen. Donc, il est fondamental que les parents prennent les dispositions pour éviter que leurs enfants attrapent la Covid. Le jour de l’examen, il faudrait qu’ils aillent avec leurs bavettes. Le gouvernement a mis en place des dispositions et chaque salle d’examen sera pourvue de gel hydroalcoolique en dehors des dispositions de lavage de mains pour que les candidats et les surveillants puissent se désinfecter systématiquement les mains. Les salles sont organisées et c’était d’ailleurs le cas avant, pour que le respect de la distance sanitaire soit effectif. Donc, tout est mis en place pour que les examens se déroulent de la meilleure des manières dans les meilleures conditions en vue d’éviter la propagation du virus au cours de cette organisation.
Mais ces conseils sont valables pour tout le monde, car on constate dans la rue qu’il y a des personnes qui ne comprennent toujours pas. C’est important que vous vous adressiez à tout ce beau monde.
Absolument. C’est d’une importance majeure. Lorsqu’on mène des activités, lorsqu’on va et qu’on vient, lorsqu’on a la santé, on ne se rend pas compte du prix, de l’importance de cette santé. Lorsqu’on attrape la Covid, l’organisme est diminué. On ne peut plus mener ses activités. Son entourage est confiné. Est-ce que ce n’est pas une raison suffisante et majeure pour éviter de contracter la maladie mais également d’être une source de dissémination ? Et le seul moyen pour y arriver, c’est de respecter ces mesures barrières, de porter systématiquement le masque en tous lieux. Le masque n’est pas fait pour le cou. Il doit être bien porté pour couvrir le nez et la bouche en tous lieux. Il n’y a pas à dire, je connais cette personne depuis longtemps, pas du tout. Les mains doivent être lavées régulièrement et on doit respecter la distance de sécurité. Si vous êtes à un endroit où les gens sont attroupés, de grâce éloignez-vous, restez à distance parce que vous ne savez pas qui est la personne qui est là. Vous ne savez pas qui est malade, vous ne savez pas qui a déjà touché l’autre dont les habits sont souillés et vous allez vous frotter à cela et attraper les germes, parce que vous ne portez pas correctement votre masque, et c’est suffisamment grave.
Expliquez-nous un peu le processus d’inhumation des victimes de la Covid 19
Malheureusement, nous avons des victimes de cette maladie. Lorsqu’en période d’épidémie, vous avez des cadavres, on les traite différemment. En effet, ces corps sont des sources potentielles de dissémination. C’est pour cela qu’il est formellement interdit la manipulation de ces corps. Donc, ce sont les agents de santé qui s’occupent exclusivement de l’inhumation. De fait, nous avons ce que nous appelons des sacs mortuaires qui sont fabriqués pour cela et qui servent à envelopper les corps après un traitement avec des solutions adaptées. Ces sacs sont également traités par deux fois et doublés, et les familles peuvent effectuer les rites en fonction de leur religion mais à distance. Sur chacun des sites, vous allez voir qu’il y a une cabine mortuaire, avec une baie vitrée et les parents voient tout ce qui se passe à l’intérieur pour s’assurer que le corps de leur parent est traité avec tout le sérieux qu’il faut. Ils font les rites religieux à distance et après, le corps est amené vers le cimetière, le lieu d’enterrement adapté en fonction de sa religion. Là-bas également, ils sont à distance et le corps est inhumé. Ils ne s’approchent pas du tout du corps. Les agents de santé qui s’occupent de l’inhumation et qui sont appuyés par les éléments de la croix rouge sont habillés de manière spéciale pour pouvoir le faire sans se contaminer. Les parents, souvent, amènent les cercueils et le sac mortuaire déjà totalement traité est mis à l’intérieur pour assurer l’inhumation.
Est-ce qu’il y a une participation financière des parents de la victime ?
Il n’y a aucune participation financière. C’est l’Etat qui assure tout ce qu’il faut. Vous savez que les sites d’inhumation appartiennent à la mairie. L’Etat a un protocole d’accord avec la mairie et c’est l’Etat qui paie tout ce qu’il y a autour de cette inhumation.
Donc les familles ne dépensent absolument rien ?
Les familles ne dépensent absolument rien.
Pour le transport, on entend aussi dire dans l’opinion que vous utilisez des véhicules banalisés pour transporter les dépouilles.
Nous n’utilisons pas des véhicules banalisés pour transporter les dépouilles. Nous utilisons des ambulances dédiées pour transporter les dépouilles parce que chaque véhicule qui est utilisé pour transporter les dépouilles est traité après.
Qu’en est-il de l’implication des médias ?
Vous savez très bien, pour y avoir pris part, qu’avec les médias le travail se fait tous les jours. C’est au quotidien que le travail se fait avec les médias. Aussi bien avec les agents du ministère de la Santé qu’avec d’autres personnes. C’est un travail continu qui se fait avec les acteurs des médias.
Monsieur le ministre, on vous retourne la première question. Faut-il craindre le pire par rapport à la Covid-19 ?
Il n’y a pas lieu de craindre le pire. Le pire n’est pas à craindre si les populations observent scrupuleusement les prescriptions du gouvernement en matière de respect des gestes barrières c’est-à-dire le port systématique de masque en tous lieux, le respect de la distance de sécurité sanitaire et le lavage systématique des mains à l’eau et au savon. Deuxièmement, il n’y a pas lieu de craindre le pire si chaque personne, au moindre petit signe, se présente ou appelle pour être prise en charge immédiatement. C’est la clé de voûte pour éviter les cas graves. Si nous arrivons à faire ces deux choses, je vous assure, il n’y a pas de pire à craindre dans notre pays. Mais si les prescriptions sont violées par les populations, si les populations ne croient pas à l’existence de la maladie et continuent de faire comme d’habitude en ne respectant pas les gestes barrières, alors on pourrait avoir du souci à se faire. C’est pourquoi, encore une fois, je les appelle à un sens de responsabilité aiguë aussi bien individuelle que collective pour nous éviter d’arriver à matérialiser cette crainte que vous exprimez si tant.