Le délestage revient en force et pour longtemps car la centrale de Maria-Gléta, n'est toujours pas fonctionnelle; après un financement de 45 milliards englouti dans sa construction. Alors que le délestage soumet les Béninois à d'énormes difficultés énergétiques, le ministre de l'Energie est allé présenter à l'Assemblée nationale, un tableau peu convainquant sur l'éléphant blanc de Maria-Gléta. Ce qui a suscité la colère des députés qui ont pris la résolution de mettre sur place une commission d'enquêtesur ce dossier brûlant.
Le ministre de l'Energie et de l'Eau était le jeudi 5 décembre 2013 face aux honorables députés pour justifier les nombreux dysfonctionnements qui entachent le projet de construction de la centrale électrique de Maria-Gléta. Mais la rencontre s'est trop tôt transformée en une séance de vérités et de déballages qui aura eu le mérite de révéler le grand scandale financier que constitue ledit projet de la centrale de Maria-Gléta.
Les arguments du ministre Kassa
Difficile exercice pour le ministre Barthélémy Kassa qui se retrouvait pourtant au milieu de ses anciens collègues députés. D'ailleurs, le ministre de l'Energie s'est sentit obligé de solliciter la clémence des députés dans leurs interventions, alors qu'il venait de présenter son exposé qu'il lui a peut-être paru peu convainquant. En effet, le ministre devrait répondre à trois questions d'actualité et deux questions orales avec débats adressées au gouvernement sur le même sujet. Selon les explications du ministre, la centrale utilisera le Jet A1 qui est un combustible utilisé par les avions et dont le coût est très élevé. Ce qui selon lui, pourrait faire passer le coût de l'énergie vendue par la CEB de 105 francs à 275 francs voire 320 francs. Après être revenu sur le long processus de construction de l'infrastructure, Barthélémy Kassa, comme pour tromper la vigilance de la représentation nationale, fait savoir que la centrale de Maria-Gléta a déjà été mise en service officiellement, le mercredi dernier, donc à la veille de son passage au parlement. Mieux Il estime que la coïncidence de la mise en service et la séance plénière serait que le fait d'un simple hasard de calendrier.
Critiques
Les explications du ministre de l'Energie ont révolté les députés, toutes tendances confondues. Zéphirin Kindjanhoundé (député Fcbe) ne comprend pas pourquoi l'on veut cacher ce que ne peut l'être. A l'en croire, lors de la cérémonie de mise en service, seulement trois des huit turbines ont pu être démarrés et au bout de 2h45 minutes, chacune des turbines qui devrait tourner 10 Mégawatts, a fini par chuter à 5 Mégawatts. Sur 30 Mégawatts, attendus, 15 Mégawatts ont donc été produits… Mettant le ministre au défi, le député Fcbe a fait savoir que beaucoup ont refusé de signer le Procès verbal (Pv) de mise en service, mêmes des proches du ministre. Mieux, il dénonce le refus des maisons d'assurance de signer le contrat de police, surtout les maisons d'assurances étrangères. Eric Houndété de l'Union fait la nation s'intéressera quant à lui aux détails du projet. Partant de l'option de 4heures par jour aux heures de pointe, au lieu des 80 Mégawatts promis par le gouvernement, en passant par le coût de l'avenant du bureau de contrôle qui est de 1 milliard 700 millions, ce qui dépasserait même le montant prévisionnel du projet, le député a cherché à savoir comment les canalisations de gaz n'ont pas été prévues dans le projet et il faudrait dépenser 2 milliards supplémentaires. Aussi, insistait-il sur la gravité dans le fait de ne pas associer la CEB au projet. Après avoir relevé que le coût de ce projet de la centrale de Maria-Gléta, serait passé de 37 milliards 900 millions à 45 milliards de francs CFA le président du groupe parlementaire Un a déclaré que c'est le moteur d'un avion qui a servi pour la 2è guerre mondiale qui servirait à tourner les turbines. Mieux, ce serait un combustible du nom de JET A1 et très couteux, qui sera utilisé pour les turbines à gaz. Plus grave encore, pour les essais, le combustible a couté plus d'un milliard de francs CFA. L'énergie produite par la JET A1 est estimée à environ 268 francs CFA au moment où l'énergie est achetée par la CEB à 58 francs CFA et revendue à la Sbee à 105 francs voire 110 francs CFA.
L'autre scandale
En un mot, la centrale de Maria -Gléta, est certainement un nouveau scandale qui vient compléter la longue liste des scandales sous le régime Yayi (après les affaires Cen-Sad, Icc-services, machines agricoles, chantier du parlement etc.). Les déballages du Députés Eric Houndété sur les conditions dans lesquelles la centrale de Maria-Gléta a explosé, et le fait que le gouvernement n'a pas fait un appel d'offres amènent bien à le croire. C'est dire donc que l'épilogue du délestage ambiant dans le pays n'est pas pour maintenant. En attendant, les députés veulent installer une commission d'enquête qui se penchera sur la question.