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Déclaration de Michel Adjaka, président de l’UNAMAB : « Tous les magistrats sont exposés au Bénin »
Publié le lundi 9 decembre 2013   |  L`événement Précis


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© Autre presse par DR
Le Magistrat Michel Adjaka président de l`Unamab


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Michel Adjaka, président de l’Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB) reste intraitable sur la poursuite de la grève dans les juridictions, si le gouvernement continue de faire la sourde oreille à leurs différentes revendications. « Nous n’allons pas lâcher le mouvement », a-t-il martelé hier sur l’émission spéciale « Zone Franche » de Canal 3. Il a également annoncé un soutien de taille avec le Syntra-Justice (Syndicat des travailleurs de la justice) qui sera à leurs côtés dès demain mardi où la nouvelle grève de 72 heures rentrera en vigueur. Michel Adjaka a rappelé, à cet effet, que si l’UNAMAB a dû reprendre l’arme de la grève, c’est qu’il a suffisamment donné du temps au gouvernement pour se corriger. Mais, rien n’aurait évolué de son côté en ce qui concerne notamment les mesures correctives qu’il a promises dans les dernières nominations et affectations de magistrats. L’autre point important, est relatif à la sécurité des magistrats. Et même si le cas du juge Angelo Houssou, actuellement en exil aux Etats-Unis, n’est plus à considérer dans son entièreté dans leur nouvelle plate forme revendicative, la question de la sécurité de la corporation demeure. Selon, Michel Adjaka, l’Union internationale des magistrats serait même déjà informée de la situation de leurs collègues du Bénin. « Tous les magistrats sont exposés au Bénin. Lorsque vous vous introduisez aujourd’hui dans le bureau d’un juge, il n’y a rien pour contrôler votre identité, et c’est suffisamment grave », dénonce-t-il. Le président de l’UNAMAB rappelle ici également que c’est depuis l’assassinat du juge Coovi en 2005 qu’une communication a été introduite au conseil des ministres pour une meilleure sécurisation de tous les magistrats du Bénin. Mais cette action est restée vaine. Et lorsque l’UNAMAB a récemment tenté de chercher le compte rendu au niveau du secrétaire général du gouvernement, aucune trace de ce document n’a été retrouvée. D’où la décision prise par elle, de faire réintroduire une nouvelle communication. « La sécurité des magistrats devrait devenir une préoccupation d’Etat », insiste Michel Adjaka.

Sur le cas du juge Angelo Houssou, il avouera que c’est «un magistrat psychologiquement atteint qui a été obligé de fuir le Bénin ». Mais, à ce jour, il affirme n’avoir aucun contact et ne peut rien jurer sur sa situation à l’heure actuelle. L’UNAMAB a été, entre temps, associée à une réunion visant à trouver la meilleure formule pour assurer convenablement la sécurité du juge en fuite. C’est ainsi qu’un garde lui a été attribué. Et Michel Adjaka de s’étonner par la suite que le même garde du corps, soit affecté à Porto-Novo pour une autre mission, abandonnant ainsi le juge Houssou à son sort. «Si j’étais ministre de la justice, je devrais plutôt rassurer la famille du juge avant de faire un lien entre son exil et le verdict de Paris. Cette façon de lire la situation ramène la vie du collègue à une banale affaire de sous», déplore-t-il par ailleurs, faisant allusion aux propos tenus par le ministre de la justice, Valentin Djènontin, au lendemain du verdict de Paris. Dans la même veine, Michel Adjaka s’indigne de la déclaration des avocats de Yayi qui sont allés dans le même sens. « Si j’étais avocat, je ferais mieux de me battre pour gagner des procès au lieu de me déployer à des conférences de presse pour faire des liaisons entre des décisions rendues et des faits parallèles », laisse-t-il entendre.

Pour ce qui est du verdict de la Cour d’appel de Paris, le président de l’UNAMAB précise que les collègues français n’ont pas, en réalité, fait des commentaires sur le juge béninois, mais plutôt l’arsenal juridique du pays pour connaître d’une telle affaire. Il relève aussi qu’en versant, entre autres, un projet de loi portant abolition de la peine de mort aux documents exigés, l’Etat béninois ne saurait convaincre la justice française, car cela ne constitue pas encore le droit positif. «Je ne me préoccupe pas souvent de la nature des décisions. Ce qui importe est la suite à donner. Les voies de recours peuvent être explorées jusqu’à leur épuisement par l’une partie ou l’autre, selon le verdict prononcé », affirme également l’invité. Quant aux nouvelles plaintes formulées par le président Yayi contre Patrice Talon à Bruxelles et à Genève, Michel Adjaka estime qu’il n’y a aucun mal en cela. « N’ayons pas peur des procès, ni des procédures où qu’ils se déroulent. Laissons les juges faire leur travail », soutient-il.

Christian TCHANOU

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