Voici donc la lettre que le Garde des sceaux, ministre de la justice, Valentin Djènontin a envoyée au président de la Cour d’appel de Paris le 25 novembre dernier.
Après connaissance de cette missive, elle appelle de notre part, quelques observations : sur le premier point, le ministre de la justice écrit que lorsqu’un magistrat béninois quitte l’Etat du Bénin, il doit justifier d’un ordre de mission ou d’une information qu’il a lui-même donnée aux autorités judiciaires sur le motif de son départ. Soit, mais le ministre de la justice a oublié de donner le texte de loi qui le dit dans la lettre qu’il a envoyé pour avoir la conviction du juge. Et pourquoi le ministre Djènontin ne le cite pas si ce texte existe ? Passons.
Poursuivant dans son argumentaire, le ministre dit qu’il est écrit dans le procès-verbal de l’interrogatoire de l’inculpée Zoubérath Kora en date du 22 octobre : « … d’avoir dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, ensemble et de concert avec les nommés Soumanou Moudjaïdou, Mama Cissé Ibrahim, Patrice Talon et Bocco Olivier, volontairement tenté de donner la mort au Président de la République, le Docteur Boni Yayi… »
Il suffit de cela pour que le ministre s’étonne que le même juge prenne une ordonnance de non lieu général. Seulement, il oublie que le procès verbal de l’interrogatoire d’un inculpé ne vaut pas forcément la conviction du juge. De plus, comment notre Garde des sceaux peut-il dans la recherche désespérée d’arguments, écrire cela et l’envoyer à des juges chevronnés et espérer qu’ils prennent notre pays au sérieux ? Pire, le ministre Valentin Djènontin écrit que Patrice Talon a toujours clamé qu’il s’en prendrait par tous les moyens à la vie du président Boni Yayi à qui il reproche à titre principal de l’empêcher de continuer à capter à son seul profit, les richesses du pays...Si le ridicule pouvait tuer.
Le ministre oublie-t-il que nous sommes dans une procédure judiciaire et qui parle de procédure judiciaire parle de preuves. Alors, où et quand Talon l’a-t-il dit pour que lui puisse le dire au juge français ?
Et ce n’est pas tout, le ministre Djènontin poursuit et signale qu’en 2008, Patrice Talon a récupéré la filière des intrants coton par la Sonapra ainsi que les usines d’égrenage. Mais le ministre semble volontairement vouloir taire la plus importante information. En effet, c’était sous quel régime et avec quel président de la République tout cela s’est passé ? On se surprend à voir un ministre de la République écrire de telles choses.
Et voulant coûte que coûte et même avec des arguments fallacieux obtenir l’extradition de Talon, il ne s’arrête pas là et soutient qu’en 2011, Patrice Talon évince, via la Société Bénin control dont il est le président du conseil d’administration, la société suisse Sgs qui a remporté l’appel d’offres lancé dans le cadre du Programme de vérification des importations (Pvi) au port de Cotonou ; le marché est pharaonique, puisqu’il représente une valeur de 2 milliards d’euros par an... Heureusement, tous les Béninois ne sont pas amnésiques. Sinon, qui a lancé l’avis d’appel d’offres et qui a attribué le marché ? Inutile de répondre.
Et nous ne sommes pas au bout de notre étonnement, le ministre Djènontin écrit que l’objectif initialement visé par Patrice Talon, parlant du juge Houssou, est d’abord de
l’éliminer et ensuite de faire porter la responsabilité aux autorités béninoises. Mais toujours, le ministre ne donne pas au juge français les preuves dont il dispose et espère que cela le fera fléchir.
Bref, il est clair que le procureur près la cour d’appel de Paris n’a pas tort lorsqu’il émet des réserves sur la justice béninoise, eu égard au document que notre Garde des sceaux transmet pour gagner la conviction du juge.
Et, lorsque de son côté, Me Bourdon évoque des documents raturés, incomplets, envoyés par le Bénin, il ne dit que la vérité. Mais au lieu d’en rire, il vaut mieux en pleurer car cette image ne reflète pas celle du Bénin, jadis quartier latin de l’Afrique et de ses cadres. Cela reflète juste l’image de ces personnes promues par le chef de l’Etat et dont on peut douter des compétences et de l’expérience.
Tôt ou tard, Boni Yayi n’aura que ses yeux pour pleurer. C’est lui qui a choisi de faire la promotion de ces genres de cadres. Aujourd’hui, il est servi et quand viendra l’heure où il voudra s’entourer de cadres compétents et intègres, qui n’ont pas pour seul mérite leur appartenance religieuse ou régionale, il fera de meilleurs choix et son honneur sera sauf !