La nouvelle de la disparition de Marcel Aimé de Souza le 17 juillet 2019 (à Paris en France) a surpris plus d’un. Et surtout choqué le personnel diplomatique mondial. D’autant plus que beaucoup l’ont vu en très bonne santé quelques heures ou jours avant l’annonce de sa subite disparition. Une perte qui laisse un grand vide dans le monde diplomatique ouest-africain.
Proposé par le Bénin au poste de Président de la Commission de la CEDEAO à l’issue de la 48è session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté régionale du 17 décembre 2015 (à Abuja, au Nigéria), Marcel Aimé de SOUZA n’aura dirigé l’organisation sous-régionale qu’en un peu plus de 1 an 10 mois (du 8 avril 2016 au 28 février 2018), mais aura marqué positivement beaucoup d’esprits. Essentiellement grâce à son entregent, sa vision pour la CEDEAO et son grand amour bon teint pour le développement de l’Afrique en général. Malheureusement, la lutte feutrée des Etats de la sous-région pour le poste de Président de la Commission de la CEDEAO stoppera l’audacieux et noble élan de Marcel Aimé de SOUZA à ce poste-clé du fonctionnement de la plus vieille des CER (Communautés économiques régionales) d’Afrique.
Ex Directeur de l’antenne nationale de la BCEAO au Bénin, Marcel de SOUZA (disparu à 67 ans) a sublimé en 2 ans le poste de Président de la Commission de la CEDEAO, au lieu des 4 ans réglementaires, comme le stipule la réforme de décembre 2007 de la CEDEAO qui a transformé le Secrétariat exécutif (lent à la détente) de l’organisation en Commission (avec un total de 9 Commissaires) chapeautée par un Président.
Sous Marcel de SOUZA, la Commission de la CEDEAO aura véritablement entame sa mue, tout particulièrement en matière d’orthodoxie financière, et aussi commencé à se débarrasser de ses oripeaux connus notoirement de tous : la trop grande dépendance de la CEDEAO des desideratas et de l’hégémonie du Nigeria (1ere puissance économique d’Afrique).
Le leadership de l’ex ministre du Développement, de l’Analyse économique et de la Perspective (de mai 2011 à juin 2015, durant le second mandat de Thomas Boni Yayi) s’est en outre affirmé à travers la régularité de la délocalisation de Sommets phares de l’organisation hors du Nigeria. Ou encore la permanente projection de la CEDEAO hors de ses limites territoriales, à travers sa participation à des rendez-vous internationaux-clés en matière financière et politique ! Pour y défendre singulièrement la place de l’Afrique dans l’économie mondiale et sa place dans les grandes instances de prise de décision.
On se souviendra dans ce sens, sous M. de SOUZA, de la relance de l’historique et visionnaire du projet de la SEALINK (compagnie maritime régionale) censée donner un efficace coup d’accélérateur au processus d’intégration régionale.
Ayant fait des 3 principaux piliers de la CEDEAO (paix, stabilité et intégration économique) la pierre de touche de ses actions managériales durant son court mais riche mandat, Marcel de SOUZA a aussi surpris agréablement plus d’un diplomate en adoptant une position médiane dans la crise togolaise qui venait d’émerger le 19 aout 2017 ! Beau-frère du Président Faure Kodjo Gnassingbé, Marcel de SOUZA fut l’une des grandes et premières voix à appeler ouvertement et courageusement le pouvoir togolais et ses opposants de l’époque à «privilégier l’intérêt supérieur du développement du Togo au détriment de leurs querelles politiques de l’heure».
Et avait joint aussitôt l’acte à la parole en conduisant diligemment lui-même une mission de prise de contact auprès des acteurs du différend togolais de 2017.
En plein vol diplomatique dans le dossier togolais, l’ex député et chef du département des Affaires Economiques et Financières à la présidence de la République béninoise quittera malheureusement ses fonctions, à la faveur de son ‘brusque’ remplacement par l’Ivoirien Jean-Claude Kassi Brou. Un élan diplomatique arrêté en plein vol qui n’a pas manqué de produire des effets sur la gestion des brulants dossiers régionaux dont étaient en charge l’ancien Conseiller spécial chargé des Affaires monétaires et bancaires du président Boni Yayi et ses 8 autres Commissaires à la tête de la CEDEAO…
Il urge désormais de graver dans le marbre l’héritage de feu Marcel Aimé de SOUZA au Bénin, au Togo et au truchement des dossiers régionaux auxquels il a su brillamment imprimer sa marque de pragmatiste patenté.